Le cycle sexagésimal (干支, pinyin : gānzhī) est un système chinois de numérotation des unités de temps basé sur la combinaison de deux séries de signes, les dix tiges célestes (天干, tiāngān) et les douze branches terrestres (地支, dìzhī), permettant d’obtenir soixante combinaisons différentes. Cette numérotation est le plus souvent utilisée pour marquer le déroulement des années, mais peut également s’appliquer aux mois, jours ou heures. A chaque tige céleste sont associés : un caractère yin /yang et un des cinq éléments (bois, feu, terre, métal, eau). A chaque branche terrestre sont associés : un caractère yin /yang, un des cinq éléments, un animal, une direction, une saison, une heure du jour, une couleur…
Les anciens astronomes chinois ont associé les cinq planètes principales aux cinq éléments, d’où elles tirent leur nom actuel : Jupiter est le Bois, Mars est le Feu, Saturne est la Terre, Vénus est le Métal, Mercure est l’Eau. Les couleurs des tiges et branches sont reliées à la couleur de leur élément. Ces données sont utilisées en astrologie.
Pour créer le cycle on fait dérouler les 10 tiges célestes, auxquelles on ajoute successivement une branche terrestre. Par exemple Tige 1, Branche 1 puis Tige 2, Branche 2, …. Tige 10, Branche 10, Tige 1, Branche 11, Tige 1, Branche 12 etc…
Comme le calendrier chinois est soli-lunaire, la date de changement de signe est celle du Nouvel An chinois qui se situe le jour de la nouvelle Lune (à la date de Pékin) comprise entre le 21 janvier et le 20 février.
Ce 12 février, les Chinois ont accueilli l’année du buffle dans la tradition. Les célébrations et les festivités observées certains jours précis font de cette fête chinoise une grande fête, plaisante à regarder ou à laquelle participer, même si vous n’êtes pas chinois de naissance.
Comme de nombreux pays asiatiques, la Chine suit le calendrier lunaire, qui fixe les dates d’une manière différente du calendrier solaire tel que le calendrier grégorien utilisé en Occident. Mais saviez-vous qu’un calendrier luni-solaire joue également un rôle crucial dans la culture chinoise ? Un calendrier luni-solaire représente à la fois les jours du cycle lunaire et les jours solaires correspondants afin que la culture et le lien mondial soient tous deux maintenus.
L’importance des divisions solaires
Une ellipse ou un cercle est connu pour avoir 360 degrés. Cette connaissance de la nature elliptique de l’orbite terrestre a conduit au développement du calendrier luni-solaire. Chaque décalage de 15 degrés donne lieu à l’une des 24 divisions solaires qui garde le temps aligné aux phénomènes naturels des changements saisonniers. Lorsqu’une culture est principalement basée sur la lune, ce calendrier solaire les aide à trouver les jours correspondants et le début de saisons spécifiques, tout en prédisant les jours les plus froids ou les plus chauds.
Selon la tradition, le premier système calendaire (cycle sexagésimal) fut créé par l’Empereur jaune en 2637 avant notre ère et appliqué à partir de son année de naissance, 2697 ou de conception, 2698.
D’autres sources le datent de la dynastie Shang sous l’empereur Di Yi (1191 – 1154 av. J.-C.), le calendrier des divisions solaires a été d’abord ébauché et utilisé avec parcimonie et progressivement élaboré et amélioré. Ce n’est qu’à la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 AD) que le calendrier luni-solaire et les 24 divisions solaires ont été clairement définis et utilisés notamment pour l’élevage, l’agriculture et la divination.
Le calendrier luni-solaire sexagésimal essaye d’aligner les périodes de rotation de la terre autour du soleil (année tropique) et la période synodique (les phases de la lune). La période de soixante ans a été définie comme étant la plus proche pour les associer.
Définition du cycle de Méton
La période synodique d’une planète est le temps mis par cette planète pour revenir à la même configuration Terre-planète-Soleil, c’est-à-dire à la même place dans le ciel par rapport au Soleil, vu de la Terre. Cette durée diffère de la période de révolution sidérale de la planète car la Terre elle-même se déplace autour du Soleil. En conséquence, il s’agit de la période de révolution apparente, la durée entre deux conjonctions planète-Soleil, telle qu’observée depuis la Terre. Cette période est de 19 ans.
Décalage entre mois et années
L’origine du décalage vient de la différence entre l’année tropique de 365,242 189 8 jours, qui rythme les saisons, et la période synodique de 29,530 588 853 jours, qui rythme les phases de la lune. Le rapport entre ces deux nombres est de 12,368 266 4 mois par an, si bien que l’année a douze mois et un peu plus d’un tiers.
Le développement en fractions donne 235⁄19 au troisième ordre : il faut donc ajouter sept mois complémentaires tous les 19 ans. Avec cette approximation, qui est celle du cycle de Méton, la différence est de un jour complet après 312,5 années tropiques.
Dans les calendriers traditionnels chinois ou de type chinois, on ajoute un mois intercalaire 7 fois en 19 ans. Les années n’ont donc pas toutes le même nombre de jours, ni même le même nombre de mois. Il faut noter qu’il existe peu de références fiables qui décrivent ces insertions.
Les 24 divisions solaires
Comme mentionné, les divisions solaires ont chacune 15 degrés, mais le calendrier luni-solaire ne commence pas avec le mois de janvier. Février est considéré comme le premier mois. Vous pouvez regrouper collectivement les divisions solaires avec les saisons et vous aurez les éléments suivants.
Printemps
C’est le début du printemps et va jusqu’au début de l’été. Les conditions incluses dans la saison de printemps sont Lichun (4 février), Yushui (19 février), Jingzhe (6 mars), Chunfen (21 mars), Qingming (5 avril) et Guyu (20 avril). Chunfen tombe également le jour de l’équinoxe de printemps. Jingzhe marque le moment où les insectes sortent de l’hibernation. Guyu est le jour marqué comme « pluie de céréales », un moment où la température augmente rapidement et des pluies se produisent dans le nord de la Chine.
Été
Il commence par Lixia (5 mai), qui marque le début de l’été, et englobe les divisions Xiaoman (21 mai), Mangzhong (6 juin), Xiazhi (21 juin), Xiaoshu (7 juillet) et Dashu (23 juillet). Xiazhi marque également le solstice d’été. Xiaoman indique la reconstitution des céréales et marque le moment où les cultures d’été commencent à pousser. Dashu est le moment le plus étouffant.
L’automne
Liqiu (8 août) représente le début de l’automne. Cette saison comprend également les divisions de Chushu (23 août), Bailu (8 septembre), Qiufen (23 septembre), Hanlu (8 octobre) et Shuangjiang (23 octobre). Qiufen marque également l’équinoxe d’automne. Ici, les jours sont souvent décrits comme « la chaleur recule » ou « le début de la rosée froide ». Shuangjiang est appelé la « descente du gel » car il marque l’approche de l’hiver.
Hiver
Cette saison comprend les divisions restantes de Lidong (7 novembre), Xiaoxue (22 novembre), Daxue (7 décembre), Dongzhi (22 décembre), Xiaohan (6 janvier) et Dahan (22 janvier). Dongzhi marque également le solstice d’hiver et est également appelé le maximum d’hiver. Daxue marque de fortes chutes de neige. Après le solstice, les jours sont qualifiés de « glaciaux » ou de « très froids ».
Il est intéressant de noter que le début de l’année n’est ni à zéro ni à 360 degrés. Les divisions solaires commencent à 315 degrés.
Les divisions solaires sont également célébrées dans une chanson traditionnelle appelée le Jieqige ou « Song of the Solar Terms », qui aide les gens à mémoriser chaque division avec facilité. La nature scientifique des divisions solaires a conduit ce calendrier à être reconnu comme une grande invention. L’UNESCO qualifie ce calendrier solaire comme l’une des plus grandes inventions de la Chine et il est inscrit comme l’un des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité.
Emma Lu est une auteure spécialisée dans les mythes et histoires culturels et historiques.
Rédacteur Nello Tinazzo
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