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Tradition. Les douze ornements traditionnels brodés sur les vêtements des empereurs et des ministres

CHINE ANCIENNE > Tradition

Les douze ornements (章, zhang) sont douze motifs brodés sur les vêtements des empereurs et des ministres de la Chine ancienne, chacun s’inspirant des mythes chinois traditionnels et symbolisant la belle vertu de l’empereur.

Quels sont les douze ornements traditionnels

Les vêtements brodés des ornements sont appelés Zhangfu (章服, vêtements avec ornements) et ils constituent la partie principale de l’étiquette des vêtements au palais impérial en Chine ancienne. Sous la dynastie Ming, on parle aussi de vêtements brodés de carré mandarin, ces carrés portent des animaux de couleur vive indiquant le rang du dignitaire qui le portait.

Les douze ornements traditionnels brodés sur les vêtements des empereurs et des ministres
Les douze ornements. (Image : wikimedia / Bibliothèque nationale de France / Domaine public)

Ces douze ornements sont respectivement soleil, lune, étoiles, chaîne de montagne, dragon chinois, faisan, une paire de vases rituels, algues, feu, graines de riz, hache et figure symétrique.

Le soleil (日), à l’intérieur duquel est souvent peint un corbeau doré, un motif courant dans l’ornementation du soleil depuis la dynastie Han, basé sur des mythes du corbeau à trois pattes et du Houyi qui tire sur neuf Soleils et ainsi d’autres mythes et légendes.

La lune (月), souvent peinte avec un lapin blanc à l’intérieur, un motif courant dans l’ornementation de la lune depuis la dynastie Han, basé sur des mythes tels que Chang’e qui s’envole à la lune et d’autres mythes et légendes.

Les étoiles (星辰), qui représentent les loges lunaires de l’astronomie chinoise. Cet ornement est généralement représenté par plusieurs petits cercles reliés par des lignes pour former une loge lunaire. Le soleil, la lune et les étoiles sont considérés comme des lumières rayonnantes, symbolisant la grâce impériale de l’empereur, qui brille dans les quatre coins du monde.

La chaîne de montagne (山) porte le sens du gardien, représentant la stabilité du caractère de l’empereur, symbolisant la gouvernance de ce dernier sur tout son territoire ainsi que son admiration par son peuple.

Le dragon (龍) prend la forme d’un dragon chinois, qui symbolise la réactivité et implique que l’empereur savait juger les conjonctures et gérer les affaires de l’État correctement.

Le faisan (華蟲), qui a été choisi en raison de son magnifique plumage, qui symbolisait les grandes qualités littéraires de l’empereur chinois.

La paire de vases rituels (宗彝), un type de vase chinois ancien en bronze à section ronde ou carrée pour contenir du liquide fermenté pour les rituels, symbolisant la piété filiale. Cette paire de vases est décorée respectivement d’un tigre et d’un cercopithecus. Le tigre symbolise la loyauté et la force, tandis que le cercopithecus symbolise les vertus de loyauté et de piété filiale de l’empereur.

L’algue (藻) représentant les herbes aquatiques est un symbole de la pureté, symbolisant le caractère noble et l’esprit pure de l’empereur.

Le feu (火), en forme de flamme, symbolise la lumière, il est symbole de la transparence et de la droiture de l’empereur, ainsi que la capacité de ce dernier à guider le monde et tous les êtres à retourner vers le Ciel selon le Mandat du Ciel.

Les graines de riz (粉米), est le symbole du riz blanc, qui prend le sens de nourriture, symbolisant la façon dont l’empereur nourrit son peuple, la stabilité de son empire ainsi que l’importance qu’il accorde à l’agriculture.

La hache (黼) est un motif sous forme d’une hache avec la lame blanche et le corps noir, qui prend le sens de la détermination, symbolisant la détermination et la compétence de l’Empereur.

La figure symétrique (黻) formée par deux caractères « 己 » dos à dos, qui prend le sens de la distinction, qui signifie que l’Empereur a de la vertu pour savoir distinguer le bien et le mal afin de corriger ses erreurs et de revenir à la bonté.

L’histoire des douze ornements au fil des dynasties chinoises

Le motif à douze ornements a une longue histoire et s’est formé à une époque préhistorique avant d’être institutionnalisée durant la dynastie Zhou. Les robes de l’empereur de la dynastie Zhou ont commencé à adopter des couleurs : du jaune pour la veste et le pantalon noir, et étaient brodées de douze ornements. Les ducs utilisaient neuf ornements, et les marquis et les comtes utilisaient respectivement sept et cinq ornements pour indiquer leur rang.

Les douze ornements traditionnels brodés sur les vêtements des empereurs et des ministres
L’empereur Wendi de Han et ses ministres sont tous vêtus de tenues aux ornements. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)

Le système de vêtements à ornements a été réellement établi dans les premières années de la dynastie des Han orientaux lorsqu’il était stipulé que « le Fils du Ciel, les Trois Ducs et les Neuf Ministres, lors de la vénération du Ciel et de la Terre dans le Temple du Ciel, portaient tous une couronne décorée de perles enfilées, vêtus de noir en haut et de jaune en bas, montés sur des chariots, et portaient des vêtements à douze ornements, y compris du soleil, de la lune et des étoiles. Les Trois Ducs et Marquis, les neuf ornements en dessous du dragon et de la montagne. Les Neuf Ministres sont décorés de sept ornements en dessous du faisan, tous avec les cinq couleurs. » (Livre des Han postérieurs, Annales XXX, Carrosses et Vêtements II).

Au cours de la quatrième année sous le règne de l’empereur Gaozu de la dynastie Tang, soit en 621, la cour impériale a publié un édit stipulant que seul l’Empereur pouvait utiliser les douze ornements, le prince héritier et les ministres du premier rang pouvaient utiliser neuf ornements, les fonctionnaire du deuxième rang sept ornements, le troisième rang cinq ornements, le quatrième rang trois ornements et le cinquième rang un seul ornement. Les contrevenants étaient punis.

Les douze ornements traditionnels brodés sur les vêtements des empereurs et des ministres
Tenues des fonctionnaires civils et militaires de la dynastie Ming. (Image : wikimedia / 故宮博物院藏《甲申十同年圖》 / Domaine public
& www.jcscene.net/1/2006-2-24/4@3147.htm / Domaine public)

Sous les dynasties Ming et Qing, les fonctionnaires civils et militaires ont changé leurs uniformes aux ornements pour des uniformes brodés de carrés mandarins. La cour stipulait que les carrés mandarins des fonctionnaires civils étaient brodés d’oiseaux volants et ceux des fonctionnaires militaires de bêtes, et que différents animaux étaient brodés en fonction du rang des fonctionnaires.

Dans la Chine ancienne, le système des douze ornements s’est perpétué pendant près de deux mille ans, avec de nombreux documents, mais très peu d’objets physiques ont été transmis. Depuis leur apparition dans les motifs chinois, les douze ornements ont été la décoration réservée exclusivement aux plus hauts dirigeants, appliquée aux costumes des empereurs et des impératrices, ainsi qu’à ceux de quelques princes et hauts fonctionnaires, et ne sont jamais apparus dans la société ordinaire.

Les douze ornements traditionnels brodés sur les vêtements des empereurs et des ministres
Disque en jade de la dynastie Ming, sculpté de douze ornements. (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)

Ces douze ornements impliquent la bonté et la vertu suprêmes de l’Empereur, symbolisant le fait que l’empereur est le maître de la terre et que son pouvoir est « aussi grand que le ciel et la terre, englobant tout et représentant tout, aussi brillant que le soleil et la lune, illuminant les huit directions ».

Depuis l’apparition de ces douze ornements, bien qu’ils aient traversé plus de 2 000 ans de changements dynastiques, ils sont restés dans leur forme originale sans presque aucune modification en raison de leur signification profonde, qui est incomparable avec d’autres motifs décoratifs chinois ordinaires.

Rédacteur Jessica Wang

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