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Tradition. Proverbe chinois : Tenir le plateau à hauteur des sourcils

CHINE ANCIENNE > Tradition

Voici l’histoire de Liang Hong et de son épouse, de la dynastie Han de l’Est (西汉,25-220 ap. J.-C.)

Proverbe chinois : Tenir le plateau à hauteur des sourcils. (Les aristocrates se réunissent au West Garden, peint par Ding Guanpeng, Dynastie Qing (清朝,1644 - 1912) (Image : Musée National du Palais de Taiwan / @CC BY 4.0)

Elle, à trente ans passés, voulait absolument épouser l’homme de sa vie : un savant doté d’une grande qualité morale, elle ne voulait que cela. Lui, avait refusé l’une après l’autre les filles des familles aisées et puissantes, espérant trouver celle qui pourrait vivre en ermite avec lui. 

Le proverbe « tenir le plateau à hauteur des sourcils » (举案齐眉, pinyin:jǔ àn qí méi) raconte la façon dont Madame Liang servait les plats à Monsieur Liang pour exprimer son grand respect envers lui.

Liang Hong était un homme érudit et talentueux, issu d’une famille noble dont le père mourut très tôt. Il finit par vivre avec très peu de moyens mais préserva toujours sa qualité morale irréprochable. Quand il eut terminé ses études à Taixue (l’une des premières universités au monde), un jour, par inadvertance, le jeune Liang Hong provoqua un incendie qui occasionna des dégâts aux maisons de ses voisins. Pour compenser les dommages, non seulement il donna tous ses biens aux voisins, mais il proposa aussi de travailler gratuitement pour ceux qui avaient subi beaucoup de dégâts. Son attitude lui permit de gagner le respect des gens du quartier. De nombreux gentilshommes riches et puissants voulurent alors marier leur fille à Liang Hong, mais celui-ci refusa, car son rêve était d’épouser une dame simple, avec qui il pourrait vivre en ermite.

Dans la même ville, vivait la famille Meng dont la fille était aussi très connue pour sa bonne vertu. Beaucoup de jeunes hommes voulaient l’épouser, bien qu’elle ne soit pas très belle et qu’on la dise aussi forte qu’un homme et capable de soulever facilement un mortier en pierre. A trente ans passés, la demoiselle avait toujours refusé de se marier. Elle dit à ses parents : « Je ne veux rien d’autre qu’épouser un homme aussi vertueux que Liang Hong » Quand Liang Hong entendit la déclaration de la jeune fille, il décida immédiatement de l’épouser.

Ravie, Mademoiselle Meng se prépara pour son mariage. Pour vérifier si son fiancé était véritablement un homme d’une grande vertu, le jour de leur mariage, Meng se fit très belle et choisitexprès une tenue en soie luxueuse toute en couleur. Liang Hong eut l’air mécontent et ne lui parla pas pendant une semaine, lorsque Meng l’interrogea sur son attitude, il lui fit part de sa déception: il voulait épouser une demoiselle simple,capable de vivre en ermite avec lui, mais une épouse trop sophistiquée ne pourrait pas supporter une telle vie. Satisfaite de la réponse de Liang Hong, Meng dévoila aussitôt sa vraie intention à son mari, puis elle se changea et se mit au travail. Agréablement surpris, Liang Hong lui dit : « Ah, vous êtes vraiment la femme de ma vie ! " Puis il la nomma De Yao (德曜), ce qui signifie " la bonne vertu brille comme la lumière ».

(Image : 该图片由 / Wolfgang Vogt / 在 / Pixabay /上发布) 
Un couple de canards mandarin, symbole d’un couple qui s’aime et qui montre un profond respect mutuel dans la culture chinoise traditionnelle. (Image : 该图片由 / Wolfgang Vogt / 在 / Pixabay /上发布)


Peu après leur mariage, ils s’installèrent dans les montagnes et menèrent une vie paisible. Elle tissait à la maison, Lui travaillait dans les champs. A la fin de la journée, ils récitaient des poèmes ou jouaient de la musique en admirant le coucher du soleil.

Plus tard, Liang Hong écrivit un poème qui déplut à l’Empereur. Il fut obligé de changer de nom et de quitter la région de Qi Lu (aujourd’hui la province du Shandong) pour s’installer avec son épouse dans la région de Wu (aujourd’hui la province du Jiangsu) à l’est de la Chine.

Ils louèrent une petite annexe de la famille Gao Botong, et vécurent grâce au petit salaire de Liang Hong qui décortiquait du riz pour les autres. Tous les soirs, quand Liang Hong rentrait du travail, sa femme avait déjà préparé le repas. Tête baissée, elle lui servait le repas dans un plateau qu’elle tenait à la hauteur de ses sourcils. Un soir, leur propriétaire Gao Botong fut témoin de cette scène et fut grandement surpris : « Comment un simple employé peut-il se faire respecter ainsi par sa femme? Il devrait être un grand personnage exceptionnel ! » Sans hésitation, il proposa à la famille de Liang Hong d’aller habiter dans son hôtel particulier et leur offrit de quoi vivre dignement.

Ce geste quotidien entre Liang Hong et son épouse a non seulement donné naissance à un proverbe que les Chinois utilisent encore aujourd’hui pour décrire le profond respect mutuel au sein d’un couple, mais symbolise aussi le rêve de tous ceux qui suivent toujours les valeurs traditionnelles.

Rédacteur Caroline Daix

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