Tradition. Randonnée et observation des chrysanthèmes : passer une élégante fête du double neuf

Dans l’Antiquité, les gens n’avaient pas de téléphones portables, d’ordinateurs ou de jeux en ligne. Leur vie était-elle donc ennuyante ? Non, nos ancêtres avaient une façon bien plus élégante, saine et amusante de se détendre qu’à l’ère électronique actuelle ! Alors, comment les anciens Chinois passaient-ils le neuvième jour du neuvième mois lunaire, la fête du chrysanthème, de manière élégante ?

À l’approche de l’automne doré, l’observation des chrysanthèmes est une tradition intemporelle pour les Chinois depuis la nuit des temps. Les peuples anciens ont longtemps profité des chrysanthèmes avec leurs séniors et leurs jeunes, gravi les hauteurs pour maintenir la santé et obtenir la longévité. Cette année, la fête du double neuf tombe le 11 octobre.

Manger des chrysanthèmes, grimper dans les hauteurs et porter des feuilles de cornouiller

Boire du thé au chrysanthème ou du vin de chrysanthème, ou encore manger du chrysanthème, était un moyen pour les Chinois de l’Antiquité de rester en bonne santé et de prolonger leur vie. Dès les dynasties Wei et Jin (220 - 589), les taoïstes étaient déjà conscients de la nécessité de manger des chrysanthèmes pour vivre longtemps et devenir immortel.

Le Shennong bencao jing ou le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste cite le chrysanthème comme une herbe de qualité supérieure dont la consommation est « bonne pour la circulation du sang et de l’énergie vitale, allégeant le corps et prolongeant la vie ». La Prose rimée du chrysanthème de la période des Trois Royaumes dit : « Ceux qui en boivent vivent longtemps, et ceux qui en mangent seront connectés aux immortels. »

Concernant l’origine de la fête du double neuf, bien qu’elle ne puisse être vérifiée concrètement, pourrait être liée à l’histoire d’un taoïste éliminant le démon et sauvant la famille de son disciple, d’après le roman Xu Qi Xie Ji ou La suite des histoires fantastiques de la dynastie Qi écrit sous les dynasties du Sud (420 - 589).

Sous la dynastie des Han de l’Est (25 - 220), un jeune homme du nom de Huan Jing devint le disciple de l’immortel Fei Changfang.

Un jour, Fei Changfang dit à Huan Jing : « Le neuvième jour du neuvième mois lunaire, il y aura un désastre chez toi. Retourne chez toi et sauve ta famille. » Il donna un paquet de feuilles de cornouiller à Huan Jing.

Il lui demanda d’apprendre à sa famille à coudre des sachets de tissu rouge, une fois rentré chez lui. Ils devaient ensuite les remplir de feuilles de cornouiller et les attacher à leurs bras. Fei Changfang lui donna également un pot de vin de chrysanthème, lui demanda de s’abriter ce jour-là avec sa famille dans un endroit surélevé et de boire ce vin ensemble. Il précisa qu’ainsi, Huan Jing et sa famille pourraient échapper au désastre. Sur les recommandations de son maître, Huan Jing rentra chez lui avec les feuilles de cornouiller et le vin de chrysanthème.

Huan Jing fit ce que le maître avait dit et la famille gravit la montagne. Lorsqu’ils rentrèrent chez eux le soir, ils constatèrent que toutes les volailles et tous les animaux domestiques étaient morts.

C’est ainsi que s’est transmise de génération en génération la coutume de porter des feuilles de cornouiller, de boire du vin de chrysanthème et d’escalader la montagne pour éviter les catastrophes.

Il semble que la coutume de gravir les hauteurs lors de la fête du double neuf est également associée à l’Empereur Jaune, l’ancêtre des Chinois.

L’Empereur Jaune a coulé un pot pour faire un élixir. Le neuvième jour du neuvième mois, son élixir était achevé. À ce moment-là, des couronnes, des chaussures de perles et des gourdes de jade tombèrent du ciel, suivies de la descente du dragon céleste, et l’Empereur Jaune s’envola sur le dragon avec 70 de ses ministres, voire plus.

Les coutumes et traditions liées au chrysanthème

Le festival du chrysanthème a lieu en automne, à l’époque où les chrysanthèmes sont en pleine floraison.

Un tableau de l’Académie de peinture de la dynastie Qing (1644 - 1912) présente une scène où les anciens Chinois appréciaient les chrysanthèmes en automne. Comme on peut le voir sur le tableau, le jardin est décoré d’une variété de chrysanthèmes en pleine floraison, aux formes et parfums variés.

Hommes, femmes et enfants sont habillés de manière élégante, discutent tranquillement avec leur famille et leurs amis et profitent des chrysanthèmes. Les hommes recevaient leurs amis et parents masculins dans le hall extérieur, tandis que les femmes, avec leurs enfants, saluaient leurs amies et parents féminins de l’autre côté de la maison.

En plus d’apprécier les chrysanthèmes, les anciens improvisaient souvent des poèmes basés sur les paysages devant leurs yeux.

Lorsqu’il est question de poésie sur le chrysanthème, on se souvient naturellement des vers écrits par Tao Yuanming (365 - 427), une figure littéraire de la dynastie Jin (265 - 420) : « En cueillant des chrysanthèmes sous la haie orientale, j’aperçois les lointaines montagnes du sud. »

Une fois ce poème unique écrit, le chrysanthème a pris une connotation poétique, devenant synonyme d’élégance et de tranquillité, transmettant l’image d’un ermite paisible, loin de la vie citadine.

Les traditions de la fête du double neuf se perpétuent depuis plus de 2 000 ans. Aujourd’hui, vous avez peut-être envie de poser votre téléphone portable et d’accompagner votre famille pour randonner dans une montagne, profiter des fleurs, boire une tasse de thé ou un verre de vin au chrysanthème. Vous aurez peut-être vécu quelques expériences différentes cette année lors de cette fête !

Rédacteur Yi Ming

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