La Chine est l’un des plus anciens pays au monde avec 5000 ans de civilisation. Le Nouvel An représente la fête traditionnelle la plus importante pour les Chinois.
Le Nouvel An chinois et son lien étroit avec le Ciel
Le Nouvel An chinois traditionnel commence le huitième jour du douzième mois de l’année lunaire chinoise et se poursuit jusqu’au quinzième jour du premier mois lunaire.
Les coutumes traditionnelles du Nouvel An chinois incluent : boire du porridge Laba le huitième jour du douzième mois lunaire (Jour de la fête de Laba), offrir du porridge Laba aux Divinités et aux Bouddhas en signe d’adoration et de respect, honorer les Ancêtres et remercier les Divinités pour ne pas avoir manqué de nourritures et de vêtements. La bouillie Laba à base de riz mélangé avec des fruits de différentes couleurs représente la gratitude et l’espoir pour une bonne récolte dans l’année à venir. Dans le temple des Lamas à Pékin se trouve un grand chaudron en bronze pesant plusieurs tonnes. Cet ustensile royal était utilisé pour la cuisson de la bouillie Laba.
Le bain rituel de Bouddha
Ce jour-là, les monastères bouddhistes du nord de la Chine organisent le bain rituel de Bouddha au cours duquel les croyants versent de l’eau sur une petite figurine de bouddha, afin de célébrer l’éveil de bouddha Shakyamuni, accompagné du chant rituel et de l’offrande rituelle de porridge. Ensuite, le 23ème jour du douzième mois lunaire ( Petite Année ), on honore le Dieu des fourneaux (Dieu de la cuisine). Les anciens croyaient que toute chose est contrôlée, arrangée et surveillée par des Divinités : en plus du Dieu de la cuisine, il y a le Dieu du puits, le Dieu de la porte de la maison et le Dieu des champs. Ces Divinités sont chargées de superviser le bien et le mal dans le monde, on les honore et on les salue chaque jour durant la période située entre le 23éme jour du douzième mois lunaire et le réveillon du Nouvel An.
Du vingt-quatrième jour au vingt-huitième jour du douzième mois lunaire, une fois que les Divinités sont retournées à leurs mondes célestes, on entreprend un grand ménage dans toute la maison, l’agitation et le balayage ne dérangeant pas les Divinités à ce moment-là.
Les anciens croyaient que toutes les choses du monde étaient contrôlées, arrangées et surveillées par des Divinités. (Image : Li Zhi / Vision Times France)
Le réveillon du Nouvel An est le point culminant de la nouvelle année
La chose la plus importante est de témoigner aux Divinités et aux Ancêtres la volonté de dire adieu au passé et de faire place à ce qui est neuf et nouveau. En plus du dîner de réunion de famille, suivi d’une veillée qui se poursuit jusqu’au petit matin, des offrandes sont déposées dans la salle au Bouddha ce jour-là à midi, et de l’encens est mis à brûler sur les autels d’offrandes et de prières.
L’encens doit brûler sans interruption jusqu'au cinquième jour de la nouvelle année. En outre, une table du ciel et de la terre (table d’offrandes) est installée et des affiches son collées pour accueillir les Dieux dans le monde humain : l’affiche du Dieu de la Porte, l’affiche du Dieu de la cuisine (Dieu des fourneaux). On colle aussi de chaque côté de la porte d’entrée des bandes de papier avec des phrases porte-bonheur appelées Chuanlian.
Cet ensemble de rites forment la tradition du Nouvel An chinois, une tradition de respect et de révérence envers les Divinités et les ancêtres. Ce n’est pas seulement l’expression de la piété filiale envers les ancêtres, c’est plus globalement l’expression de l’héritage d’une morale traditionnelle.
Le réveillon du Nouvel An est le point de départ d’une nouvelle année. (Image : Li Zhi /Vision Times France)
Le premier jour du premier mois, petits et grands se lèvent à l’aube, ajustent leurs vêtements, se lavent le visage et les mains, allument de l’encens, des bougies et des pétards. Laisser les fenêtres et portes ouvertes ce jour-là apporte la chance et la fortune dans la maison. Ensuite, ils déposent des fruits, de l’alcool et du thé aux fruits dans la cour en offrande, et vénèrent le ciel, la terre et les ancêtres.
Les activités durant le festival du Nouvel An
Les activités durant le festival du Nouvel An incluent la visite des foires au sein des temples, les chants de l’opéra chinois, les danses du dragon, les danses du lion, les arts martiaux, des spectacles de jongleurs et diverses autres activités. Cette ambiance de célébrations dure jusqu’après la Fête des Lanternes, le 15 du premier mois lunaire. Selon la légende, le quinzième jour du premier mois lunaire correspond à la date d’anniversaire du « Vénérable Céleste du Commencement originel » la divinité suprême de la triade taoïste. Ce jour-là, Le peuple célèbre son anniversaire et prie pour obtenir « la Bénédiction de l’Empereur Céleste».
Le premier jour du premier mois, petits et grands se lèvent à l’aube, nettoient leurs vêtements, allument de l’encens et des bougies et font exploser des pétards. (Image : Li Zhi /Vision Times France)
Ces coutumes traditionnelles populaires du Nouvel An témoignent de la noble culture ancestrale des anciens Chinois qui respectaient et craignaient les dieux et le Ciel. Elles sont aussi au cœur de la culture orthodoxe chinoise. Cette culture a amené les anciens à traiter la vie avec une attitude humble : par exemple, les gens étaient convaincus qu’une bonne récolte était obtenue grâce à la bénédiction des Divinités et que c’était la rétribution bienveillante de leurs bonnes actions ou du bon karma accumulé par les ancêtres tout au long de leur vie.
Ainsi, ils se sentaient observés par les Divinités, ce qui les incitait à accomplir davantage de bonnes actions et à faire preuve d’humilité et de reconnaissance. Dans la Chine ancienne, les rituels les plus populaires consistaient principalement à exprimer du respect et de la gratitude, à réfléchir sur soi-même et à émettre des vœux, en promettant de faire plus de bonnes actions, avec l’espoir d’obtenir des bénédictions et de réaliser de nobles souhaits, plutôt que de rechercher la richesse et le renom.
Dans la Chine ancienne, les rituels les plus populaires consistaient
principalement à exprimer du respect et de la gratitude, à réfléchir
sur soi-même et à émettre des vœux, en promettant d’accomplir
davantage de bonnes actions dans l’espoir d’obtenir des bénédictions
et de réaliser de nobles souhaits, plutôt que de rechercher la richesse
et le renom. (Image : Li Zhi / Vision Times France)
Le Parti communiste a détruit les traditions du Nouvel An chinois
Cependant, dans les années 1960, le Nouvel An chinois traditionnel a été désigné par les autorités communistes comme faisant partie des « quatre vieilleries » (les vieilles idées, la vieille culture, les vieilles coutumes, les vieilles habitudes). Le 25 janvier 1967, le Jiefang Daily le journal du comité central du Parti communiste chinois à Shanghaï, publiait une « lettre des rebelles révolutionnaires » exhortant la population à ne pas rentrer chez eux pendant la Fête du Nouvel An. La même année, le Quotidien du Peuple, l’organe officiel de presse du Comité central du Parti communiste chinois, a publié une proposition visant à « abolir les vieilles coutumes et ne jamais prendre de vacances pendant la Fête du Printemps du Nouvel An ».
Le Nouvel An change de nom
Le nom traditionnel du Nouvel An a été ainsi modifié, passant de l’appellation « premier jour du premier mois » à celle de « fête du printemps », comme si le Nouvel An n’était qu’une fête ordinaire célébrant « le printemps ». Ainsi, non seulement la célébration du « Nouvel An » a été réduite à une « célébration du printemps », mais elle a aussi perdu sa connotation culturelle, riche des croyances et des pratiques traditionnelles chinoises.
Gala du festival de printemps pour glorifier le Parti
Depuis une vingtaine d’années, le Parti communiste chinois (PCC) organise chaque année, à la veille du Nouvel An, le « Gala du festival de printemps », qui fait intervenir des artistes chinois, ainsi que des artistes pro-communistes de Hong Kong, Macao et Taiwan, dans des programmes très ciblés, visant à glorifiant le Parti. Ces dernières années, le PCC a même exporté cette culture peu authentique à l’étranger, auprès des Occidentaux épris de culture chinoise, par le biais des Instituts Confucius ou des chaînes CGTN -filiale de CCTV- à l’étranger.
Promotion de la « Semaine d’or du Nouvel An chinois »
Les médias officiels du Parti communiste chinois encouragent fortement les Chinois à sortir du pays pendant le Nouvel An chinois, pour faire du shopping et voyager, les poussant à quitter leur domicile et à voyager loin de chez eux, alors que cette période est censée être destinée au retour à la maison et aux retrouvailles. En 2020, en raison de la pandémie, beaucoup de Chinois de Wuhan ont ainsi été bloqués à l’étranger sans pouvoir rentrer chez eux pendant une très longue période.
Aujourd’hui, les coutumes du Nouvel An Chinois sont toujours là, mais les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent pas en comprendre les connotations particulières d’unité, de porte-bonheur et de respect. Lorsque nous célébrons le Nouvel An chinois, nous devons nous souvenir de la vraie signification et de la connotation de cette culture traditionnelle afin que cette grande fête ancestrale puisse être transmise à nouveau de génération en génération.
Rédacteur François René
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