Tradition. Tuan shan : éventail chinois traditionnel

L’éventail traditionnel chinois porté autrefois par les dames, parfois par les érudits, porte le nom de Tuan shan (團扇). C’est un éventail rond, ovale, carré ou hexagonal, doté d’un manche court. Ces éventails ont des styles très variés, souvent faits de soie ou de papier mâché, ils représentent généralement des dames, des fleurs, des paysages … ajoutant de l’élégance et de la grâce aux dames qui les portaient.

Les éventails traditionnels chinois : un savoir-faire ancestral

La Chine est connue comme le pays des éventails. Ces derniers trouvent leur origine dans l’Antiquité, lorsque les ancêtres cueillaient des feuilles ou ramassaient des plumes d’oiseaux en été pour fabriquer des outils simples afin de se protéger du soleil ou de s’éventer, de sorte que l’éventail porte également le nom de « Cache-soleil » (障日,zhang ri).

Ces éventails revêtant toutes sortes de formes sont faits de matériaux courants ou précieux, tels que le bambou, le bois, le papier, l’ivoire, l’écaille de tortue, le jade, les plumes d’oiseaux etc. Ils ont une belle forme et une structure délicate et bénéficient d’un savoir-faire exceptionnel. Ils sont soigneusement gravés, sculptés, pyrogravés, percés par les artisans talentueux et décorés par des calligraphes ou artistes célèbres, se transformant ainsi en œuvres d’art exquises.

Le développement du Tuan shan

Tuan shan porte d’abord le nom d’éventail de soie fine (紈扇, Zhi shan) ou éventail de palais (宮扇, Gong shan). L’éventail de soie fine est un éventail tapissé de fine soie unie, apparu sous les dynasties Qin (221-206 av. J.-C.) et dynastie des Han occidentaux (206 av. J.-C. – 9 ap. J.-C). Il était également connu sous le nom d’éventail de palais car il était utilisé le plus souvent dans le palais impérial. Parmi eux, l’éventail avec une poignée comme axe central et une forme symétrique rappelant la lune brillante était appelé « éventail rond » (Tuan shan). Comme sa forme évoquait à la fois l’union et le rassemblement, il était appelé « éventail des retrouvailles » dans la dynastie des Han occidentaux.

En raison de sa forme simple et de sa facilité de production, le Tuan shan rond s’est progressivement imposé comme modèle principal. Plus tard, la connotation de Tuan shan s’est élargie pour désigner toutes sortes d’éventails faits de soie ou de papier mâché et tenus à la main. Avant la dynastie Song (960-1279), lorsqu’on parlait d’éventails, il s’agissait principalement d’éventails Tuan shan.

La peinture sur éventail s’est épanouie sous la dynastie Song

L’éventail évoqué dans la poésie et la prose des générations passées a prévalu entre la dynastie des Han occidentaux et la dynastie des Song pendant plus de mille ans. Après la dynastie des Song, l’éventail rond et l’éventail plié ont connu le même succès auprès des concubines et des dames, des écrivains et des universitaires élégants.

De la dynastie Qin à la dynastie Han occidentale, les Tuan shan étaient simples et la peinture n’était pas encore présente. Sous la dynastie Jin (265 - 420), la peinture sur éventail est apparue. Les activités de peinture sur l’éventail avant la dynastie Song se réfèrent essentiellement à la peinture sur Tuan shan.

Selon Yao Zui (姚最, 536-602) , l’auteur d’un ancien ouvrage d’appréciation des peintures classiques Xu hua pin (續畫品) : « Le peintre Xiao Ben (蕭賁)* s’est essayé à peindre sur un éventail la meilleure représentation de montagnes et de rivières. Sous nos yeux, on peut voir des paysages à des kilomètres, dans un centimètre carré, on peut discerner une pente de 2 kilomètres de long… »

Au cours de la période des Trois Royaumes (220 - 265), de la dynastie Jin (265 - 420) et des dynasties du Nord et du Sud (420 - 589), la peinture sur éventail était répandue parmi la classe supérieure et les sujets peints étaient des chevaux, des paysages, des oiseaux, des fleurs et des personnages, ce qui englobe presque tous les sujets peints à des époques ultérieures.

Cela montre que la peinture sur éventail avant la dynastie Song avait des sujets très riches et avait une longue histoire en Chine. La peinture traditionnelle chinoise avait déjà des contenus riches et diversifiés dès les dynasties Wei, Jin, du Nord et du Sud (220 - 581) et elle avait atteint un niveau considérable. C’est au palais Tang que la peinture d’éventails est devenue populaire.

La promotion et le développement de la peinture sur éventail a connu ses heures de gloire pendant la dynastie Song (960 - 1279). À cette époque, l’art de la peinture sur éventail s’est progressivement étendu du palais au peuple et ses sujets comprenaient des oiseaux et des fleurs, des paysages, des personnages et d’autres thèmes, qui ont été développés sur la base de l’héritage de la dynastie précédente.

En raison de la taille relativement petite de l’éventail, la technique de peinture était également très fine. Cette méthode est devenue le précurseur de la peinture sur l’éventail pliant qui était non moins populaire par la suite, et l’une des merveilles de la peinture chinoise.

L’éventail Tuan shan a été introduit au Japon sous la dynastie Tang (618 - 907) pendant la période Nara (710 - 794). Les premières personnes qui ont utilisé des éventails au Japon étaient les nobles de la cour. Ce n’est qu’à la fin de la période Heian (794 -1185) qu’ils ont été accessibles aux gens du peuple. Aujourd’hui, l’éventail est devenu un élément de mode.

*Xiao Ben: membre de la famille impériale du dynastie Liang ( 502-557)

Rédacteur Tchen Sixuan

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