Dans la Chine ancienne, les guerriers donnaient leur vie à leur maître qui savaient les apprécier et les traiter avec respect. Cet acte est un gage de gratitude et accorde plus d’importance à la loyauté et à l’honneur qu’à la vie elle-même.
Pendant la période des Printemps et Automnes, dans l’état du Jin, Yu Rang était l’un des quatre assassins les plus célèbres de l’Histoire. Il était au service des clans Fan Shi, Zhongxing, et Zhi Shi. Quand il était à la solde des clans Fan Shi et Zhougxing Shi, il n’était guère valorisé. Lorsqu’il décida de rejoindre le clan Zhi Shi, il fut tenu en haute estime par le Patriarche Zhibo, et fut particulièrement acclamé.
Les clans de l’état du Jin se battirent. Zhibo fut tué par Zhao Xiang Zi du clan Zhao. Zhao coupa la tête de Zhibo et transforma le crâne en récipient à vin. Yu Rang jura alors de venger la mort de Zhibo afin de montrer sa reconnaissance. Yu Rang s'enfuit dans les montagnes et promit : « Un homme est prêt à mourir pour son maître, une femme est prête à se parer pour son homme, je suis prêt à mourir pour mon maître, sans regret. »
Yu Rang se peignit le corps et avala du charbon de bois. Même sa femme ne put le reconnaître. En revanche, alors qu’il allait être assassiné, Zhao le reconnut. Il lui demanda alors : « Vous avez servi Fan Shi et Zhongxing Shi. Quand je leur ai ôté la vie, vous n’avez pas cherché à venger leur mort, tandis que maintenant, vous souhaitez vous venger de Zhibo à tout prix. » Yu Rang répondit : « Lorsqu’on me traite comme une personne ordinaire, je me comporte comme une personne ordinaire à l’heure de rembourser mes dettes. Zhibo m’a traité en héros. Je lui dois, en retour, d’adopter un comportement héroïque pour honorer ma dette. »
Fin de la période des Printemps et Automnes, Ve siècle av. J.-C. (Image : Yug / wikimedia)
Yu Rang savait qu’il était incapable de prendre sa revanche sur Zhibo. Il demanda alors à Zhao la permission de Yu Rang de transpercer la robe de Zhao avec son épée, afin de l’assassiner de manière symbolique. Zhao lui accorda la permission. Yu Rang trancha à trois reprises la robe de Zhao, puis leva les yeux au ciel et s’écria : « Je peux honorer Zhibo ! » Puis, il se donna la mort. Tous ceux qui avaient des principes élevés le pleurèrent.
Les anciens prenaient très au sérieux la morale et l’honneur. Ils n’auraient pas hésité à donner leur vie pour leur maître. Ils étaient très respectés par les générations suivantes, ce qui encourage également les générations actuelles à continuer à croire en la justice.
Rédacteur Lia Suzuran
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