Tradition. Une histoire du Kung Fu

Une des plus grandes exportations culturelles de la Chine est le Kung Fu. L’art martial s’est développé au cours de milliers d’années et signifie littéralement « l’accomplissement par l’effort ». Les gens supposent à tort que le Kung Fu provient du temple Shaolin. Cela n’est pas vrai. L’histoire du Kung Fu remonte à bien plus loin.

Histoire du Kung Fu

Vers le deuxième millénaire avant J.-C., une première version du Kung Fu était déjà en développement en Chine. Le grand Empereur Jaune, Huangdi, aurait inventé à cette époque une forme de lutte axée sur le port du casque à cornes. Vers le IIe siècle av. J.-C., des techniques comme les coups et les blocages ont été ajoutées.

Au deuxième siècle de notre ère, un médecin nommé Hua Tuo développa une série d’exercices basés sur les mouvements des animaux pour améliorer la santé de ses patients. Les mouvements ont été inspirés par des animaux comme les singes, les tigres, les cigognes, les ours et les cerfs. Cela a finalement influencé la culture des arts martiaux de la région et c’est la principale raison pour laquelle le Kung Fu intègre de nombreux mouvements d’animaux dans ses pratiques.

Le temple Shaolin a été construit vers le IIIe siècle ap. J.-C. en tant que centre du bouddhisme. Au 5ème siècle après J.C., un moine bouddhiste nommé Bodhidharma, connu par les Chinois comme « Da Mo », arriva au temple. Et avec son arrivée, le Kung Fu a pris un tout nouveau chemin. Initialement, Bodhidharma a été refusé l’entrée par les moines au temple puisqu’il était un étranger. Il se rendit dans une grotte voisine et commença à méditer. Au bout de neuf ans, les moines du temple Shaolin comprirent que Bodhidharma était un maître spirituel et l’invitèrent dans leur temple.

Au temple, Bodhidharma découvrit que les moines étaient physiquement trop faibles pour pratiquer une méditation intensive. Pour corriger ce problème, il a enseigné des exercices et des techniques de respiration, qui plus tard ont évolué vers ce que l’on appelle communément le Kung Fu Shaolin. Bien qu’il ait d’abord été utilisé à des fins spirituelles, le Kung Fu Shaolin a tellement influencé la culture des arts martiaux en Chine que plusieurs styles de cette forme d’art se sont développés au fil du temps et sont devenus une composante importante pour les militaires.

Après l’arrivée au pouvoir du Parti communiste chinois (PCC), il y a eu une attaque intense contre la culture Kung Fu. « Lorsque Mao Zedong a fini par s’emparer de la Chine, il a tenté de détruire presque tout ce qui était traditionnel afin de développer son style particulier de communisme. Les livres de Kung Fu et l’histoire chinoise, y compris une grande partie de la littérature sur l’art au temple Shaolin, ont été attaqués et dans de nombreux cas détruits à cette époque. En même temps, plusieurs maîtres de Kung Fu ont fui le pays », selon Thought Co.

Cependant, les communistes semblent avoir réalisé plus tard que le Kung Fu pouvait être utilisé pour renforcer l’identité nationale. En tant que tel, le PCC a mis fin à son attaque contre la tradition des arts martiaux et a commencé à promouvoir le Kung Fu.

Les valeurs du Kung Fu

Bien que le Kung Fu soit considéré comme une technique de combat, il faut se rappeler qu’il a été développé comme un moyen de permettre aux pratiquants de se concentrer sur des activités spirituelles. Ce concept de base est encore répandu dans de nombreuses écoles de Kung Fu. Les grands maîtres forment souvent les élèves à contrôler leur esprit puis leur corps. Sans un esprit bien entraîné capable de rester immobile au milieu du chaos, aucune aptitude physique au Kung Fu ne peut donner les résultats escomptés.

Le Kung Fu ne se concentre pas excessivement sur le développement de muscles puissants et volumineux. Au lieu de cela, il vise à rendre les muscles flexibles. On dit en fait que les personnes qui ont des muscles souples et détendus peuvent bouger leurs poings plus rapidement que celles qui ont des muscles rigides. Les pratiquants qui se concentrent sur l’entraînement interne sont habituellement capables de faire de l’entraînement physique pendant de plus longues périodes. Un esprit calme réduit essentiellement les mouvements inutiles, ce qui aide le pratiquant à économiser son énergie et à combattre plus longtemps.

Les pratiques de méditation en Kung Fu sont conçues pour aider les gens à développer la maîtrise de leur force vitale, souvent appelée qi (ou chi). Plus on a de contrôle sur le qi, mieux et plus leurs mouvements seront bien contrôlés. Une telle personne sera en mesure de mieux évaluer les forces et les faiblesses de l’adversaire.

Le Kung Fu a également influencé la danse classique chinoise. En fait, ceux qui voient des spectacles de danse classique chinoise comme Shen Yun auront de la difficulté à identifier les différences dans les mouvements de base. Les deux ont une histoire commune de plus de 5 000 ans. La seule différence entre eux est l’application de techniques - alors que le Kung Fu utilise ses mouvements pour enseigner aux gens comment se battre et se défendre, la danse classique utilise exactement les mêmes mouvements pour divertir.

Ceux qui voient des spectacles de danse classique chinoise comme Shen Yun auront du mal à identifier les différences entre leurs mouvements de base et ceux du Kung Fu. (Image : Capture d'écran / Youtube)

Les grands maîtres du Kung Fu

Tout au long de l’histoire, la Chine a produit de nombreux maîtres de Kung Fu qui ont laissé leur marque dans l’histoire. Parmi eux, le nom de Yue Fei, qui vivait au 12e siècle, est bien connu. Yue Fei est souvent considéré comme l’un des plus grands généraux de l’histoire de la Chine et est populaire pour diriger les forces de la Song du Sud contre les Jin dans le Nord de la Chine. On dit qu’il a inventé le style kung-fu du « Xin Yi Quan » dans lequel des mouvements linéaires agressifs combinés à une puissance explosive sont utilisés contre un ennemi à courte portée. On pense aussi qu’il a développé le style de griffe d’aigle du kung-fu.

Zhang Sanfeng, qui a vécu autour du 12ème siècle, est un autre maître de Kung Fu célèbre. Il est crédité de la création du Tai Chi. Selon la légende, il mesurait 2,10 mètres et a vécu pendant plus de 200 ans. Certains croient même qu’il a atteint l’immortalité. Zhang a développé le Tai Chi après avoir observé un combat entre une grue et un serpent dans les montagnes de Wu Dang. Aujourd'hui, le Tai Chi est un exercice spirituel largement pratiqué.

Zhang Sanfeng a développé le Tai Chi après avoir observé un combat entre une grue et un serpent dans les montagnes de Wu Dang. (Image : Capture d'écran / YouTube)

Parmi les maîtres modernes, le nom de Yip Man est vénéré chez les Chinois. Né en 1893, il est célèbre pour avoir été la première personne à fonder une école du Wing Chun pour les masses. Grâce à ses efforts, le Wing Chun est devenu un style de Kung Fu populaire dans le monde entier. Connu sous le nom de « Grand Maître » parmi ses disciples, Yip Man fut le mentor du légendaire Bruce Lee.

Les écoles populaires de Kung Fu

Des centaines de styles de Kung Fu ont été développés par des maîtres chinois au fil des siècles. De ce nombre, seulement quelques-uns ont acquis un immense respect parmi les pratiquants du Kung Fu. Le Kung Fu de Shaolin prend la première place comme la tradition la plus vénérée du Kung Fu. Les styles célèbres qui sont sortis de cette école comprennent Beitui, Nanquan, Wing Chun, et Shaolin Boxing.

L’art martial Wudang reçoit presque le même niveau de respect que Shaolin. L’école est basée au Mont Wudang et est influencée par les traditions taoïstes. Les styles populaires de l’école de Wudang incluent le Baguazhang et la boxe intention/forme.

L’art martial Emei est campé au Mont Emei dans le Sichuan et a son propre grand groupe de disciples. L’école mélange les styles de Wudang et Shaolin, créant un style de combat modéré. Dianyi, Tiefo et Qingcheng sont quelques-unes des succursales populaires de l’école.

Rédacteur Clément

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