Dressée au cœur de Toulouse, capitale de l’Occitanie, la basilique Saint-Sernin se définit souvent comme « le joyau de l’art roman ». Connue et reconnue pour ses lignes généreuses et sa finesse, la basilique est sans conteste le site le plus visité de la Ville Rose. Laissons-nous guider et tâchons d’en savoir plus sur ce monument au rayonnement exceptionnel.
Origine tragique
Le nom de la basilique est tiré d’une déformation de Saturnin devenu en occitan Sernin. Selon la légende, l’édifice a été bâti en hommage à Saint Saturnin, premier évêque de Toulouse, mort en martyr. L’épisode mythique de la ville de Toulouse est évoqué dans la Passio sancti Saturnini, la Passion de Saint Saturnin écrite au Ve siècle ap. J.-C. « Il y a de cela bien des années, sous le consulat de Decius et de Gratus, comme le souvenir s’en conserve en un récit fidèle, la cité de Toulouse avait pour la première fois un grand prêtre du Christ, Saint Saturnin ».
Ayant refusé de se prosterner et d’adorer des statues païennes du culte romain, Saint Saturnin se vit attaché par la foule déchaînée à un taureau furieux destiné au sacrifice. L’animal dévala la rue du Taur, ainsi nommée probablement en souvenir de ce fait tragique survenu en l’an 250. Le corps fracassé du malheureux évêque fut recueilli par deux jeunes filles, les Saintes Puelles qui l’auraient inhumé sur place. Puis au Ve siècle les deux évêques Sylve et Exupère ont érigé une petite église en l’honneur du Saint. Au fil du temps, la petite église s’est muée en basilique dont la construction débute vers 1080. Il fallait bâtir la plus belle des églises à la gloire de Dieu et en l’honneur du courageux évêque.
La basilique Saint-Sernin devient par ailleurs le centre de pèlerinage le plus important de l’époque médiévale et attire une foule de pèlerins venus se recueillir sur le lieu des reliques de Saint Jacques, l’apôtre du Christ surnommé Saint Jacques de Compostelle. D’après la légende, il aurait évangélisé l’Espagne…En 1096 le pape Urbain II en route pour sa première croisade bénit la basilique en plein essor. La nef principale et le transept c’est-à-dire la nef transversale qui coupe la nef principale sont achevés en 1180. Les travaux principaux se terminent en 1258.
Construction ambitieuse et dimensions démesurées
Vue de l’extérieur, la basilique est en forme de croix. Elle impressionne par ses dimensions titanesques : large de 64 mètres et longue de 110 mètres, elle constitue la plus grande église romane de France et l’une des plus grandes d’Europe. La nef composée de 12 travées s’étend sur 115 mètres tandis que la voûte s’élève à plus de 21 mètres.
Dotée d’une allure majestueuse qui lui valut d’être classée monument historique dès 1840, la basilique Saint-Sernin se caractérise par un nombre exceptionnel de chapiteaux et de reliques, soit 200 chapiteaux et 128 reliques dont 6 reliques d’apôtres. Seule l’église du Vatican en dénombre davantage ! La sculpture tout autant que l’architecture du site constitue un chef-d’œuvre artistique. On pourrait évoquer les formes de la porte Miègeville tournée vers le milieu de la ville et ses éléments décoratifs remarquables. En 1998, reconnue comme patrimoine de l’UNESCO, l’imposante basilique fait rayonner l’Occitanie toute entière et surtout sa capitale Toulouse dont elle reste l’emblème.
« Il y a de l’orage dans l’air et pourtant l’église Saint-Sernin illumine le soir
D’une fleur de corail que le soleil arrose » avait écrit le chanteur toulousain Claude Nougaro dans sa chanson Ô Toulouse.
Haut lieu du christianisme
Pour les Toulousains de l’époque médiévale, édifier un tel monument favorisait la culture religieuse qui reposait essentiellement sur la prière et les sacrements. L’hommage rendu aux Saints, considérés comme des intermédiaires entre Dieu et les hommes, avait gagné en importance. Se recueillir sur les reliques d’un Saint prédisposait au pardon des péchés. Or, le nombre impressionnant des reliques, évoqué plus haut, explique l’influence majeure de la cathédrale toulousaine. Un abbé contemporain, présentant le monument, se plaisait à dire que l’église de Saint-Sernin « raconte la foi ».
En effet, divers symboles auraient enrichi la conception de l’édifice étape par étape. À ce titre, le plan en croix représenterait le sacrifice du Christ tandis que le clocher octogonal, caractéristique de l’art toulousain, rappellerait les huit béatitudes. Les 12 travées pourraient représenter soit les 12 tribus d’Israël ou les 12 apôtres, ce qui suppose l’universalité de l’Église, voire son ouverture sur le monde. En outre la basilique Saint-Sernin est tournée vers l’Est, en d’autres termes vers le soleil levant, assimilé au Christ qui, par la résurrection, apporte la lumière, donc la vie.
La basilique Saint-Sernin, monument emblématique de Toulouse, fascine toujours le public. La Saint- Saturnin est fêtée le 29 novembre. C’est un jour de procession solennelle, le seul jour de l’année où les visiteurs peuvent s’approcher du tombeau de Saint Saturnin qui date du XVIIIe siècle. Le sarcophage datant du IIIe siècle est toujours conservé dans un coffre en bois doré.
Maintes fois restaurée et réaménagée ces dernières années, la basilique Saint-Sernin a fièrement bravé les injures du temps. Elle poursuit son évolution dans le respect de l’histoire et de la tradition.
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