Premier port de pêche de la Méditerranée, deuxième port de commerce, la ville de Sète est réputée pour son patrimoine riche et ses multiples atouts. Le respect de la culture et des traditions auraient eu un impact significatif sur le rayonnement de cette cité portuaire.
La ville de Sète : une appellation récente
Oui, il y a moins de 100 ans, la ville de Sète ne s’appelait pas « Sète » mais « Cette ». Il faudrait remonter le cours de l’histoire pour en savoir davantage sur l’aventure orthographique de la cité méditerranéenne. Le nom « Cette » proviendrait du latin cetus qui signifie « gros poisson, baleine ». Ceci pourrait expliquer la présence d’une baleine sur les armoiries de la ville. Au XVIIIe siècle, le nom officiel devint alors « Cette », mais la confusion avec l’homonyme du démonstratif féminin s’avéra trop gênante. La ville s’appela Sète, mais les habitudes bien ancrées ne parvinrent pas à détrôner l’ancien nom, « Cette ».
En 1927, bien plus tard, le maire Honoré Cluzet parvient à obtenir gain de cause. À sa demande, la ville est rebaptisée Sète. Une décision entérinée en janvier 1928, donc relativement récente. Des expressions telles que : « À la Cettoise » prennent ainsi tout leur sens.
Le port de Sète surnommé « la Venise du Languedoc »
Dressée entre la Méditerranée et l’Étang de Thau, la ville de Sète occupe une situation privilégiée. Son centre, quadrillé par de somptueux canaux qu’on peut traverser en bateau, lui vaut une touche vénitienne, d’où le surnom de « Venise du Languedoc ». La ville de Sète fut fondée par Louis XIV qui voulait relier le Canal du Midi à la Méditerranée. « La construction du port de Sète se place dans la continuité du plus grand chantier entrepris au XVIIe siècle : le Canal Royal du Languedoc rebaptisé Canal du Midi », peut-on lire sur la bibliothèque numérique BnF Gallica.
À propos du choix de « Cette » suggéré par un ingénieur du roi, nous apprenons quelques lignes plus loin : « Ce débouché permettait d’exporter les produits du Languedoc tout en concurrençant l’Espagne. Louis XIV était aussi à la recherche d’un site où abriter ses galères des tempêtes du Golfe du Lion. Louis XIV et Colbert font ainsi coup double. » Selon les mêmes sources, les nombreux privilèges accordés aux habitants après la fondation de la ville de Sète ont contribué à la prospérité de cette dernière.
La ville de Sète, berceau d’artistes renommés
Sète est la ville qui a vu naître Paul Valéry, Georges Brassens, ou Jean Vilar. D’ascendance corse et génoise, Paul Valéry représente l’âme de la ville de Sète où il prit naissance en 1871. Il l’appelait « l’île singulière ». Profondément inspiré par sa terre natale, le poète, écrivain, philosophe et académicien reconnaît : « Je dois à ma terre natale les sensations premières de mon esprit, l’amour de la mer latine et des civilisations incomparables qui se fondèrent sur ses bords. Il me semble que toute mon œuvre se ressent de mes origines ».
Artiste complet, Paul Valéry était aussi dessinateur, peintre et sculpteur de talent. Ses œuvres, ainsi que le manuscrit de son œuvre phare Le Cimetière marin, dédié à sa ville, sont exposés au Musée Paul Valéry. L’éminent homme de lettres au regard incisif sur son époque a tiré sa révérence en 1945 et fut inhumé dans la ville tant admirée. Il repose au cimetière de Sète, rebaptisé en son honneur Cimetière marin.
Georges Brassens, autre enfant du pays, est né à Sète en 1921, d’une mère italienne et d’un père ouvrier maçon. Il incarne la ville de Sète qu’il chérira toute sa vie. En tant que poète, auteur-compositeur interprète, avec un esprit réfractaire et libertaire, il brosse un portrait sans complaisance de la société. Ses chansons, d’une extrême popularité, ont conquis le cœur des Français : La chanson pour l’Auvergnat, Les copains d’abord, Les amoureux des bancs publics pour ne citer que celles-là.
Amoureux de la langue française, d’une grande exigence envers lui-même, il se plaisait à dire : « La seule révolution possible est d’essayer de s’améliorer soi-même en espérant que les autres fassent la même démarche ». Un espace lui est dédié au cœur de la ville de Sète, l’espace Georges Brassens qui, grâce aux nouvelles technologies, a l’art de plonger le visiteur dans l’intimité de l’artiste, disparu en 1981. D’autres grands noms complètent la liste des célébrités sétoises telles que Jean Vilar, l’homme de théâtre ou le guitariste Manitas de Plata, eux aussi nés à Sète.
Une ville de caractère riche en traditions
Les joutes nautiques constituent l’une des traditions maritimes les plus emblématiques de l’identité sétoise, une tradition née après le 29 juillet 1666, date de la fondation du port. La transmission familiale se charge de perpétuer les codes, les langages et rituels de cette pratique sportive haute en couleur. Comment définir les joutes nautiques ? Il s’agit de la confrontation de deux adversaires montés sur des barques propulsées par des rames ou des moteurs. Lorsqu’ils se croisent, ils cherchent à se faire tomber à l’eau à l’aide d’une sorte de lance.
Lors du premier week-end du mois de juillet, si vous visitez la ville de Sète, vous ne pourrez manquer les célébrations de la fête des pêcheurs, la fête de la Saint-Pierre, avec ses défilés, ses réjouissances et surtout ses tournois de joutes traditionnelles. Saint Pierre, rappelons-le, est le patron des pêcheurs.
Par ailleurs, Saint Louis est le patron de la ville de Sète, et aux alentours du 25 août, fête de la Saint-Louis, les Sétois et les Sétoises vivent le moment clé de l’année. Concerts, expositions et animations de toutes les sortes, attirent des milliers de visiteurs. Les joutes nautiques de poids lourds atteignent leur apogée dans une ambiance surchauffée qui mobilise la ville entière.
Une autre célébration, appelée Escale à Sète existe depuis 2010. Elle vient tous les deux ans renforcer la sauvegarde du patrimoine maritime et fluvial de la ville de Sète. Les plus grands voiliers du monde côtoient les embarcations traditionnelles, sous l’œil ébahi des visiteurs, chaque fois plus nombreux.
Vous l’aurez compris, la ville de Sète a pris résolument le parti de la culture et de la tradition sans ignorer la modernité. C’est peut-être le secret de son attractivité.
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