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Culture. Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur (2/3)

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Annecy jadis, Annecy aujourd’hui

Pourquoi et comment est-il crucial, de nos jours, que toutes les villes du monde conservent, comme le plus précieux des cadeaux, leur passé, leurs traditions et leur patrimoine, afin que puisse fleurir et s’épanouir sereinement leur futur ? Des hommes, des femmes, des personnalités, de tous temps, de toutes époques, de tous niveaux de la société ont forgé des villes, des régions, des pays. La ville d’Annecy semble avoir réussi à conjuguer sa tradition, son patrimoine et son chemin vers le futur.

Naissance de la ville d’Annecy

Éliane Masset, notre guide et gardienne des clés historiques, ouvre alors les portes de la ville pour nous permettre de mieux comprendre sa naissance.

Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur
Le Thiou, déversoir des eaux du Lac, traversant toute la ville d’Annecy, au pied de la montagne du Semnoz (Massif des Bauges). (Image : Laurence Lefebvre / VisionTimes)

Sur notre chemin, notre guide nous incite à poser notre regard sur Le Thiou depuis le premier pont qui l’enjambe.

« Ce que vous voyez-là, c’est le déversoir du Lac d’Annecy. On l’appelle Le Thiou et il traverse toute la vieille ville. Long à peu près de 3,6 km, il se jette dans le Fier qui est un affluent du Rhône. La ville d’Annecy va ainsi se développer grâce aux conditions géographiques. Ce Thiou, on va s’en servir pour sa force motrice au Moyen-âge. La ville d’Annecy va s’établir de chaque côté du Thiou. »

« On pense que la ville d’Annecy serait née ici au XIIIe siècle au pied de cette montagne, sur cet éperon rocheux. La ville d’origine serait en bois et les toits en chaume. Seuls la prison, le château et les églises sont en pierres à cette époque-là. Il ne se passe pas une année sans qu’il y ait un incendie. Viendront s’établir deux familles. Les comtes de Genève sont restés jusqu’à la fin du XIVe siècle. Le dernier est mort sans enfant. Et c’est seulement au XVe siècle que le duc de Savoie a acheté ce territoire, simplement, sans l’envahir. »

En 1412 et 1460, il y eut de grands incendies, c’est pourquoi le duc de Savoie imposa la construction en dur. À partir du XVIe siècle, apparurent donc les fameuses arcades d’Annecy qui avaient pour fonction de porter les bâtiments, et puis, ces arcades ont servi aux commerçants, aux artisans. Ils travaillaient ainsi à l’extérieur, dehors, là où il y a les bars, les restaurants tels qu’on les voit aujourd’hui. Sous les arcades, il y avait des ateliers, les familles habitaient alors dans les étages des bâtiments, continue notre guide.

Elle nous explique que les matériaux utilisés pour les bâtiments en dur sont locaux, car tout autour de la ville d’Annecy, il y a des carrières de pierres, de calcaire blanc, de calcaire jaune, et la molasse. C’est une pierre qui est très présente dans la ville d’Annecy, car elle est malléable, les artisans peuvent la scier pour ceintrer les bâtiments. C’est une pierre parfaite pour les encadrements des fenêtres par exemple. Par contre, elle résiste mal au gel et à la pluie, elle s’effrite. Éliane Masset nous précise qu’à l’époque lorsqu’il fallait la protéger cela coûtait trop cher, alors par-dessus vont être disposés des enduits à la chaux colorée. La chaux, quant à elle, laisse respirer le mur mais ne laisse pas pénétrer l’eau. C’est ainsi que les murs d’Annecy se parent de couleurs qui égaient un peu la ville au fil du temps.

Éliane Masset connaît bien la ville d’Annecy, son histoire si riche, passionnante et son cœur qui bat, au fil du temps, au rythme de ses grands hommes.

« Le Duché de Savoie est devenu ce que l’on appelle le Royaume de Piémont-Sardaigne, dans lequel il n’y avait pas que notre Savoie actuelle. Il y avait aussi : le Comté de Nice, le Piémont, le Val d’Aoste et l’île de la Sardaigne. Après 1860, au moment de l’unité italienne, la Savoie devient française et l’autre partie, composée du Piémont, du Val d’Aoste et de la Sardaigne- devient italienne. En fait Camillo Cavour (au pouvoir depuis 1852) veut unifier l’Italie et pour cela, il demande donc de l’aide à Napoléon III, afin de chasser les Autrichiens du Nord, en échange Napoléon III recevra le Comté de Nice et de Savoie ».

« La culture en Savoie a toujours été française, on y parlait le patois, le vieux français. À l’époque Annecy dans cette histoire-là, n’était qu’une toute petite ville, ce n’était pas la Capitale de la région, c’était plutôt Chambéry jusqu’au XVIe siècle. La visite de Napoléon III a été une vraie publicité pour Annecy. Car avant, on ne venait pas à Annecy. Les Anglais, la Reine Victoria, sa fille, Lamartine et d’autres grandes personnalités allaient plutôt à Aix-les-Bains », continue notre guide.

Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur
Le 15 août 1861 eut lieu le lancement de La Couronne de Savoie, un bateau à vapeur qui pouvait accueillir 400 passagers. Collection Jean Robert. (Vue d’autrefois du Fonds de la photothèque du musée-château). (Image : Capture d’écran / ledauphine.com)

En 1860, une somptueuse fête vénitienne fut donnée en l’honneur de Napoléon III et de l’Impératrice. Le couple émerveillé par la beauté des lieux, du lac et par la population venue les acclamer sur les rives, offrit à la ville d’Annecy, un bateau à vapeur du nom de La Couronne de Savoie. C’est ainsi que de ces festivités, et de la curiosité, naquit un tourisme grandissant pour la ville d’Annecy et son lac.

Napoléon III aurait dit, selon Éliane Masset, que de son voyage en Savoie, il aurait préféré Annecy !
D’ailleurs, chaque premier samedi d’août vous pourrez assister à la célèbre Fête du Lac : un spectacle alliant la pyrotechnie, la musique, la lumière et les jets d’eau.

Mais remontons un peu plus dans le passé, avec notre guide.

« Annecy avait deux gros problèmes à l’époque : les inondations et les incendies. C’est en 1711, que Annecy subit la plus grande inondation. L’eau était rentrée dans l’actuelle église italienne, des maisons se sont effondrées. (…) Les quais n’ont été construits qu’en 1854. L’eau arrivait au pied des maisons. »

On en voit encore les preuves le long du Thiou. En effet, tout du long du Thiou, on retrouve aussi des portes d’eau pour décharger les bateaux.

Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur
Canal traversant la ville d’Annecy. (Image : Laurence Lefebvre / VisionTimes)

« Tous les ponts datent pour la plupart du XIXe siècle. Les ponts en bois ont été emportés par les inondations. »

« Au XIXe siècle, le lac n’était pas apprécié comme il l’est maintenant. Il y avait des roseaux partout, on ne le regardait même pas. Là, où se trouve l’actuelle statue de Saint François De Sales se trouvait le port de déchargement, c’était la place au bois ». En effet, le Lac d’Annecy servait à transporter des marchandises, comme du charbon, des pierres du bout du Lac, le raisin de Veyrier du Lac. C’était également un endroit de pêche, mais en aucun cas un lieu « agréable », pour les loisirs, tel qu’on le connaît aujourd’hui .

Les points névralgiques d’Annecy

Quelques grands bâtiments historiques viennent donner du corps et du caractère à la ville d’Annecy. Nous ne les décrirons pas tous en détail dans cet article : il faut bien laisser un peu de mystère… Aussi, Éliane Masset nous mène, tout d’abord au Château d’Annecy, perché dans les hauteurs, aussi est-il plus raisonnable lorsque le soleil est ardent d’y grimper au début de la visite guidée.

Le Château d’Annecy

Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur
Entrée du Musée-Château d’Annecy, juillet 2023. (Image : Laurence Lefebvre / VisionTimes)

Éliane Masset explique que officiellement, les comtes de Genève s’installèrent au Château d’Annecy au XIIe siècle, car ils étaient en conflit avec l’évêque de Genève. Ce dernier avait énormément de pouvoir, mais les comtes de Genève de leur côté ne souhaitaient pas partager leur pouvoir, c’est pour cela qu’ils choisirent alors le Château d’Annecy comme résidence principale. Le dernier comte fut Robert de Genève. Voici encore une personnalité d’Annecy au destin intéressant, puisqu’il devint l’un des Papes d’Avignon. Les Français le connaissent mieux sous le nom de Clément VII.

Ainsi, ce fut l’extinction de la famille des comtes de Genève. Ils laissèrent derrière eux la partie la plus ancienne du Château, appelée aujourd’hui : la Tour de la Reine. Celle-ci, d’une hauteur d’environ 40 mètres, possède des murs de plus de 4 mètres d’épaisseur. Et oui, c’était l’époque des châteaux-forts, ne l’oubliez pas! Bien qu’elle porte le joli nom de Tour de la Reine, sachez qu’il n’y a jamais eu de reine au Château d’Annecy ! En effet, le XIXe siècle avait la nostalgie du Moyen-Âge et des légendes de reines enfermées dans les tours. Voilà pourquoi, elle se nomme encore ainsi, aujourd’hui. En réfléchissant un peu plus profondément, peut-être était-ce un signe annonciateur pour un certain Festival d’Annecy et une certaine Reine des Neiges qui trouverait sa place ici en 2022 ?

Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur
Cour intérieure du Château d’Annecy & Vue du Château sur le Lac et la ville d’Annecy. (Image : Laurence Lefebvre / VisionTimes)

Il faut savoir que la ville d’Annecy a acheté le Château en 1952 à l’armée pour 1 franc symbolique de l’époque et qu’elle l’a restauré.

Rapidement, dès les années 1950, des événements culturels prirent naissance au château comme les Nuits culturelles d’Annecy, on y trouve également en son sein un musée d’art contemporain, du mobilier, des Beaux-Arts et des peintures du XIXe siècle, des expositions sur le lac, l’archéologie, la faune et la flore. Des concerts de musique classique ont également lieu chaque année de l’automne au début du printemps. Ainsi, si vous passez par-là, du 2 juin au 2 octobre 2023, vous découvrirez une exposition à caractère international sur Théodore Ushev, cinéaste d’animation canadien d’origine bulgare par exemple.

Notez que depuis 1960, Annecy est devenue la capitale internationale du cinéma d’animation. C’est un vrai marché du film d’animation, un peu comme le Festival de Cannes souligne Éliane Masset, lors de nos échanges. Son festival est le plus important au monde, et d’ailleurs pour cette année 2023, des records ont été battus en termes de fréquentation : plus de 15 000 professionnels, étudiants, mais également de grands noms du milieu seraient venus !

Jennifer Lee, réalisatrice de La Reine des Neiges était présente. « Libérée, délivrée, je ne mentirai plus jamais ! ». Vous vous rappelez ? En 2022, elle venait pour la première fois et recevait un Cristal d’honneur, aux côtés de Michel Ocelot, à Annecy même. Elle estime énormément ce festival notamment, parce qu’elle a été touchée par la reconnaissance des gens du métier, pour son travail, car elle ne se sentait pas légitime dans la profession, mais également par la capacité du festival à dénicher de jeunes talents. Notez dans vos agendas que le prochain Festival International du film d’animation d’Annecy aura lieu du 9 au 15 juin 2024. Peut-être y rencontrerez-vous des célébrités ?

Le Palais de l’Isle ou les vieilles prisons d’Annecy

Comment Annecy réussit à conjuguer le passé, le présent et le futur
Pris du Pont Perrière,Palais de l’Isle situé sur un îlot formé par le Thiou (Ce bâtiment est connu également sous le nom des « vieilles prisons » d’Annecy). (Image : Laurence Lefebvre / VisionTimes)

Notre guide nous entraîne maintenant vers cette petite île naturelle au milieu du Thiou en forme de bateau. Il s’agit de ce que les annéciens appellent les « vieilles prisons » ou le Palais de l’Isle. Ce bâtiment n’a pas servi uniquement de prison. La partie avant ayant une forme triangulaire n’est autre que la petite chapelle de la prison. Au départ, il s’agit d’une forteresse du XIIe siècle, ce n’est seulement qu’au XIVe siècle qu’elle sera transformée en prison et le restera jusqu’en 1860. On l’appelait « Palais de l’Isle » ce qui signifiait le « Palais de Justice ou tribunal ». En effet, au premier étage se tenait le tribunal et la prison se situait juste… en dessous.

Avec Éliane Masset, nous entrons dans le logement du gardien de la prison qui était celui qui préparait les repas des prisonniers. Ceux-ci mangeaient essentiellement de la soupe et du pain.

Mais le Palais de l’Isle, comme nous le rappelle Éliane, n’a pas toujours été une prison. Il fut un temps au XIVe siècle où il fut l’atelier monétaire des comtes de Genève, qui avaient le très grand privilège de « battre monnaie », c’est-à-dire de fabriquer eux-mêmes leur propre monnaie.

Au XVIIIe siècle, les révolutionnaires arrivent en Savoie et de nombreuses personnes expriment leur désaccord. Par voie de conséquence, de nombreuses personnes seront alors emprisonnées. Les conditions de détention sont très difficiles. Les quatre cachots sont trop petits. Un cachot commun peut contenir jusqu’à dix personnes. Il n’y a pas de plancher, c’est à même la terre battue, avec un peu de paille, la compagnie des rats, du froid, de l’humidité, du manque d’hygiène que les prisonniers y séjournent. L’eau du Thiou pouvait également, en cas d’inondation, monter et envahir les cachots. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’un grand lit sommaire, collectif, en bois brut, sera utilisé. On pense que ce type de lits a même servi pendant la Seconde Guerre mondiale.

Avant 1860, pourquoi mettait-on les gens en prison ?

Éliane Masset liste ainsi les délits :

« - Le vol est une raison assez courante
- Le meurtre
- La contrebande de sel ou de tabac
- Le manque de respect à un châtelain
- Le vagabondage un peu gênant
- Les hommes et les femmes soupçonnés de sorcellerie, il y avait pas mal de sorcellerie en Savoie à cette époque
- Les femmes coupables d’infanticide

Beaucoup de gens ne paient pas leurs taxes à l’époque, c’est le plus courant, comme la gabelle, par exemple : l’impôt sur le sel ».

Éliane Masset poursuit son récit.

« Attention, sous l’Ancien Régime, le système judiciaire est différent de celui d’aujourd’hui. Alors qu’à l’heure actuelle, un prisonnier peut être condamné à 20 ou 30 ans de prison pour quelque chose de très grave, jadis, cela n’existait quasiment pas. Il y avait d’autres méthodes beaucoup plus radicales. En effet, entretenir un prisonnier coûtait cher.

Le prisonnier restait en prison soit :

- Le temps de régler sa dette en cas de taxes non payées
- Ou en attendant son procès.

Ensuite, il était :

- Soit libéré
- Soit il avait une amende à payer
- Soit il était banni et envoyé aux travaux forcés
- Ou il était exécuté.

Les exécutions se déroulaient le jour du marché lorsqu’il y a foule pour voir ! Mais avant, on montrait le détenu dans toute la ville. Ensuite, il était exécuté sur le Pâquier, cet espace qui sépare la ville du lac d’Annecy. Et c’était là, en dehors des murs, qu’avaient lieu les exécutions publiques. Les exécutions les plus courantes étaient simples : fusillé ou pendu, ce qui dépendait des sentences rendues par le Tribunal. Le privilège de la tête coupée restait celui des nobles. Les révolutionnaires français ont amené la guillotine à Annecy, elle a été installée sur le Pâquier. Elle effrayait beaucoup les gens. On sait qu’elle n’a pas servi à Annecy. Pourquoi ? On ne le sait pas. »

Quelle différence entre fusillé ou pendu ? À cet instant Éliane ne le sait pas. Une enquête à mener pour vous, chers amis lecteurs.

« Nous voilà maintenant dans la cour de la prison où les détenus passaient le plus clair de leur temps. Des barreaux sont à toutes les fenêtres. La salle du Tribunal se trouvait là, au premier étage, et tout là-haut se tenait la Cour des Comptes. L’entrée de la Chapelle est là dans la cour, mais les prisonniers ne pouvaient y entrer. Construite, sans doute, au XVIe siècle pour que les prisonniers écoutent la messe, depuis la cour ou les cachots.

Puis, au XIXe siècle, des cellules un peu particulières seront installées dans les étages. Ce sont des cellules individuelles que l’on appelle des " pistoles ", du nom de la monnaie. Ce sont des prisons pour des personnalités de distinction et qui paient pour être mieux traitées. Le fait de payer donne des privilèges comme, avoir du lait chaud, du bouillon, commander du vin dans une auberge et puis, dans ces cellules à l’étage, ces prisonniers privilégiés sont plus au chaud. Il y a de la lumière et les prisonniers sont à l’abri des inondations. »

Poursuivant notre visite, Éliane évoque que malheureusement pendant la Seconde Guerre mondiale, le Palais de l’Isle redevient une prison. En effet, c’est la milice qui l’utilise pour enfermer les résistants d’Annecy. Certains ont été torturés et assassinés dans ces cachots, cela fait froid dans le dos. On y trouve un petit poème d’un résistant inconnu rappelant aux visiteurs privilégiés d’aujourd’hui, qu’en toute situation, qu’en toutes circonstances, il y a toujours de l’espoir.

Un résistant que vous méritez de connaître : Pierre Lamy

L’un d’eux, Pierre Lamy, une autre grande personnalité d’Annecy, fut le Jean Moulin de la Haute Savoie. D’après le site Tourisme-Annecy, il aurait répondu au nom de guerre Larousse . Voici son histoire.

L’ironie du sort aurait voulu que cet ancien instituteur ne soit pas torturé au Palais de l’Isle d’Annecy mais dans le sous-sol d’une « école ». Il ne parlera pas. Lui qui avait dit clairement à ses compagnons de résistance de se cacher, s’il venait à être arrêté, car il n’était pas sûr de tenir bon sous la torture. Il venait d’être trahi par un ancien résistant « transformé » par la Gestapo. Il fut arrêté le 28 juin 1944 et vite rejoint par sa femme.

Après avoir été, en Charentes, durant sept années un excellent instituteur, juste et bon. Il arrive en Haute Savoie après avoir passé un concours pour devenir inspecteur du travail à Annecy. C’est un homme bon, juste que tous estiment et qui souhaite harmoniser les rapports entre les patrons et les ouvriers. Il deviendra très vite résistant, sous l’Allemagne nazie, et profitera de sa position d’Inspecteur du travail et de ses déplacements dans la région pour fournir des informations, documents au réseau des résistants. Il fera tout pour établir des dérogations, afin que les jeunes hommes de la région échappent aux STO (Services de Travail Obligatoire) et rejoignent le maquis. Il prendra rapidement la tête de « l’Armée Secrète » pour la région d’Annecy.

Empli de bonté jusqu’à la fin, et d’une grande force d’esprit, il ne nourrissait aucune haine à l’égard de ses geôliers. Il dit, peu de temps, avant de mourir, à sa femme : « Il faudra savoir pardonner ».

Cet homme fit preuve d’une grande noblesse d’âme durant toute son incarcération malgré tout ce que les nazis lui firent endurer. Ces geôliers éprouvèrent même pour lui de la sympathie. Empreint d’une extrême compassion, il persévéra à penser aux autres avant lui-même dans les pires instants de sa vie, allant, ainsi, même jusqu’à cacher une pêche dans un coin des toilettes pour un autre prisonnier, privé de nourriture depuis plusieurs jours. C’est en le croisant dans les couloirs avant la torture qu’il lui souffla où elle était cachée. Jusqu’à la fin, il illumina, ainsi, la vie des autres d’un rayon d’humanité. Quelle personnalité ! Respect et dignité.

Il fut emmené au-dessus de Saint Jorioz. Il ne reviendra pas. Il avait 35 ans. Chaque année des hommages lui sont rendus.

En mémoire de Pierre Lamy, résistant d’Annecy assassiné à 35 ans. (Image : Capture d’écran / ajpn.org)

Le 10 août 1944, ce sera la Libération d’Annecy. Les résistants sont libres. Et cette fois-ci, ce seront les Nazis qui prendront leurs places dans les cachots du Palais de L’Isle. Les Nazis seront alors les derniers prisonniers du Palais de l’Isle d’Annecy. Aujourd’hui, le Palais de l’Isle est un musée qui peut se visiter gratuitement, chaque premier dimanche du mois.

Nous refermons ici les lourdes portes en bois des cachots du Palais de l’Isle mais nous n’oublierons pas dans nos cœurs ces hommes du passé qui ont œuvré, en silence, à la liberté du pays, et de la région de Haute-Savoie.

Nous continuons, donc nos pérégrinations dans les rues d’Annecy, guidés par Éliane Masset vers l’une des Églises les plus connues d’Annecy.

À suivre...

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