La guitare est un des instruments les plus en vogue aujourd’hui. Elle a beaucoup de qualités. Elle est capable de s’adapter à toutes les cultures et toutes les musiques. Elle sait se faire humble et réconfortante pour accompagner le chant, mais aussi généreuse ou profonde pour interpréter elle-même sa propre mélodie. D’où nous vient cette amie fidèle, habituée aux fêtes et aux châteaux autant qu’aux intérieurs paisibles et intimistes ?
Luths, théorbes et vihuelas, précurseurs de la guitare
Un lointain ancêtre de la guitare est représenté sur un bas-relief de la tombe du roi de Thèbes en Grèce, qui régna de 3762 à 3703 av. J.-C. Un homme à genoux tient dans ses mains un instrument à cordes et à manche. Le nom même de guitare viendrait probablement du vieux persan ki-tar (ki signifiant « trois », et tār, « cordes »). Les instruments à cordes pincées comme les cithares et les luths ont évolué à travers les âges et les cultures, en Orient comme en Occident.
Dans toute l’Europe au XVIe siècle, le luth occidental, aux magnifiques sonorités, connut un franc succès. Il devint polyphonique grâce à l’ajout de barrettes sur le manche et de cordes graves. C’était l’instrument favori de l’aristocratie. Il était cependant désavantagé par un faible volume sonore. L’Espagne lui préférait la vihuela, superbe instrument qui ressemblait beaucoup, dans sa forme, à la guitare. Selon diverses sources, à cette époque-là, guitares et vihuelas avaient de quatre à six cordes doublées ou chœurs.
La musique pour ces guitares à quatre ou cinq chœurs s’écrivait, à cette époque, en tablatures. Chaque ligne de la tablature représentait une corde de l’instrument, et la position du doigt sur une corde jouée était indiquée. Ce n’était pas pour éviter l’étude du solfège aux instrumentistes. Cela permettait de transcrire de manière intelligente et pratique les nombreuses voix jouées ensemble et dont le nombre variait constamment sur ces instruments polyphoniques.
Un engouement pour la guitare à partir du XVIIe siècle
Ces instruments de musique du XVIe siècle étaient fragiles et très peu ont pu résister à l’usure du temps. Au siècle suivant, la guitare séduit toute l'Europe. Elle fut alors appelée guitare baroque. En France, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le luth s’inclina devant l’apogée de la guitare. Dans cette période, de nombreux luthiers excellaient dans la facture française de guitare. La famille Voboam était très réputée pour la perfection de ses guitares richement ornementées.
Louis XIV lui-même jouait de la guitare, qui était son instrument favori. Son professeur, Robert de Visée, était un des plus importants guitaristes du moment, et il laissa de nombreuses œuvres musicales pour la guitare. Louis XIV appréciait le talent de Robert de Visée et le faisait jouer le soir à son chevet. Le maître de musique de la famille royale, Jean-Baptiste Lully, grand compositeur et figure majeure de la musique baroque française, s’initia d’abord à la guitare et conserva toute sa vie un penchant pour cet instrument.
En France, la guitare atteignit le statut d’instrument de musique pour la noblesse. Elle était associée à l’élégance. Les guitares françaises du XVIIe siècle étaient souvent de véritables œuvres d’art.
Chaque guitare a son histoire et sa sonorité particulière
Deux évolutions importantes de la guitare furent l’ajout d’une sixième corde et l’abandon progressif des chœurs (cordes doublées), à partir du milieu du XVIIIe siècle. En quelques décennies, la guitare à six cordes simples éclipsa toutes les autres familles de guitares.
Franz Schubert (début du XIXe siècle) était trop pauvre pour posséder un piano, et ce fut une guitare qui lui permit de composer des œuvres merveilleuses. Autre célèbre compositeur, contemporain de Schubert, Paganini est surtout connu comme virtuose violoniste, mais c’était aussi un grand virtuose de la guitare. Il a composé pour la guitare presque autant que pour le violon : 140 petites pièces en solo, des sonates pour violon et guitare, des quatuors pour violon, alto, violoncelle et guitare, etc. Il disait de la guitare : « Je la considère comme mon maître à penser, je la prends parfois pour exciter ma fantaisie en composition ou bien faire apparaître une suite de tons, ce que je ne peux pas faire sur le violon ».
À la fin du XIXe siècle, la guitare à six cordes simples s’imposa non seulement dans toute l’Europe, mais également sur le continent américain. C’est dans ce siècle que le luthier espagnol Antonio de Torres donna à la guitare dite « classique » sa forme actuelle. Il travailla avec des guitaristes renommés tels que Francisco Tárrega. Il attacha beaucoup d’importance à la caisse de résonance et modifia sa structure pour améliorer encore la qualité et la puissance sonore de l’instrument.
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