La ville de Strasbourg, à la fois capitale alsacienne et capitale européenne, a ajouté une troisième corde à son arc. Elle a obtenu le titre de Capitale mondiale du livre 2024, évènement qui ne manquera pas de faire rayonner la France.
La ville de Strasbourg honorée par l’UNESCO
L’année 2024 sera en effet une année mémorable pour la ville de Strasbourg, honorée du titre de Capitale mondiale du livre. Décerné depuis 2001 par l’UNESCO, ce label récompense une ville qui promeut à la fois la lecture et le livre « sous toutes ses formes ». « Les livres ont cette double capacité unique de nous divertir et de nous instruire. C’est pourquoi nous devons assurer l’accès de tous à la connaissance et à la réflexion par le livre et la lecture. » explique Audrey Azoulay, directrice de l’UNESCO (l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), conquise par l’engagement de la ville de Strasbourg dans ce domaine.
C’est la première fois qu’une ville française reçoit une pareille distinction. Le coup d’envoi a été donné le 23 avril 2024, journée mondiale du livre et des droits d’auteur. La mission en elle-même va durer un an, jusqu’au 22 avril 2025. Lors de la cérémonie inaugurale, la passation du flambeau fut opérée par Madame K.T. Sackey, maire de la ville d’Accra, Capitale mondiale du livre 2023. « C’est une bonne nouvelle pour Strasbourg, mais aussi pour la France, car nous sommes la première ville française à obtenir ce titre. Devenir Capitale mondiale du livre ce n’est pas uniquement une reconnaissance du lien historique très fort entre Strasbourg et la lecture. À Strasbourg, le livre est vivant, on le voit par le nombre d’événements, de médiathèques, de librairies, de maisons d’édition… C’est un écosystème formidable » confie Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg.
La ville de Strasbourg : des relations privilégiées avec le livre
Accueillant avec bonheur la nomination de la ville de Strasbourg en tant que Capitale mondiale du livre, la maire Jeanne Barseghian reconnaît que « Strasbourg est une ville lectrice ». Elle mentionne « le lien historique très fort entre Strasbourg et la lecture », à l’instar d’autres voix qui parlent « d’une très ancienne histoire d’amour » existant entre Strasbourg et le livre. Gutenberg, l’inventeur de l’imprimerie européenne, a bel et bien séjourné à Strasbourg entre 1434 et 1444 selon les sources. Sa première Bible imprimée en 1455 à Mayence, sa ville natale est communément appelée Bible à 42 lignes. Cependant, des historiens pensent que Gutenberg avait déjà « peaufiné » dans la capitale alsacienne les techniques typographiques conduisant à l’invention qui allait révolutionner la diffusion des livres, l’imprimerie à caractères mobiles. Pour eux, le rayonnement intellectuel et économique du Strasbourg de l’époque pourrait expliquer le goût de Gutenberg pour cette ville. « Les premières papeteries sont créées dans la région dans les années 1430 et permettent de se passer du papier italien, très cher » précise Georges Bischoff, historien français, professeur émérite à l’Université de Strasbourg.
Dès lors, la ville de Strasbourg s’est forgée une réputation de ville d’imprimerie et de lecture. En 1840, les Strasbourgeois ont fait ériger une statue de Gutenberg qui trône toujours sur la place du même nom. Ils voulaient ainsi rendre hommage au plus illustre des imprimeurs qui séjourna si longtemps dans la capitale alsacienne.
Être Capitale mondiale du livre : quels sont les enjeux ?
La ville de Strasbourg s’apprête à faire face aux enjeux dignes du label accordé pour l’année 2024. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : pas moins de 150 partenaires se sont mobilisés pour conquérir l’UNESCO. 200 activités vont émailler une année d’exception. La ville de Strasbourg dispose de 59 bibliothèques, 25 librairies, 40 maisons d’édition héritées d’un long passé littéraire. Il faudrait, en outre, ajouter un nombre impressionnant d’associations.
Pourquoi consacrer une année entière au livre et mobiliser les fonds d’une municipalité aussi rayonnante soit-elle ? « La Capitale du livre est une opération lancée par l’UNESCO pour encourager des villes dans la promotion de la lecture. La lecture ouvre l’esprit, stimule la pensée critique et favorise la pensée mutuelle. Elle constitue un outil fondamental pour des sociétés démocratiques résilientes. » argumente Ernesto Ottone, ancien ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine du Chili.
Jeanne Barseghian, lors de la journée inaugurale, déclarait : « Alors que la guerre gronde sur notre continent, alors que l’intolérance et la peur colonisent les consciences, le livre est un allié précieux. Aux écrivains et aux écrivaines, je dis : nous avons besoin de vous », propos qui rappellent ceux de la directrice de l’UNESCO, Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture comparant les livres à « un refuge » et « une source de rêves ».
Les bienfaits de la lecture ne sont plus à démontrer. Le label de Capitale mondiale du livre est là pour le rappeler. Après une année de mandature, la ville de Strasbourg passera le flambeau à la ville de Rio de Janeiro en 2025.
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