Depuis le XIIIe siècle, la majestueuse cathédrale est l’emblème de la ville de Reims, et un site touristique incontournable de la région champenoise. C’est en ce lieu mythique et historique que furent sacrés la plupart des rois de France.
Un lieu fondateur de la monarchie française
La fabuleuse destinée de ce site hors norme commence aux premières heures du Haut Moyen Âge. Clovis, chef des guerriers francs, vient de triompher miraculeusement à Tolbiac face aux Alamans, peu après avoir prié le Dieu des chrétiens de lui offrir la victoire, au moment même où la défaite paraissait inévitable. Après cet exploit glorieux et presque inespéré, sa femme, Clotilde, lui conseille de se faire baptiser rapidement. Elle fait en sorte que son époux s’entretienne avec l’évêque de Reims, Rémi, qui le convainc que c’est bien Dieu qui l’a aidé pendant la bataille. D’un autre côté, Rémi explique au roi mérovingien que sa conversion au christianisme lui permettrait d’unir les peuples francs. Clovis, ayant à cœur de rendre son royaume plus puissant, prend la décision d’aller se faire baptiser à Reims.
Il est plutôt difficile de dater avec exactitude le jour du baptême du premier roi de France, qui aurait eu lieu le 25 décembre d’une année comprise entre 496 et 507.
Accompagné par sa famille, entouré des évêques et de ses hommes, le souverain se rend vers le baptistaire afin de se convertir. La procession est solennelle. Mais tout à coup, l’évêque de Reims s’aperçoit avec inquiétude que la Sainte Ampoule avec laquelle il doit oindre le roi n’est pas là. Selon la légende, un miracle se produisit alors : une blanche colombe apporta dans son bec une fiole d’huile sacrée, permettant ainsi à l’évêque Rémi de baptiser Clovis.
Le baptême de Clovis fut considéré dès le Moyen-Âge comme l’acte fondateur du royaume de France. (Image : wikimedia / G.Garitan / CC BY-SA 4.0)
À cette époque, la cathédrale se situait déjà à l’endroit où elle se trouve aujourd’hui. Et pour preuve : le baptistaire dans lequel le chef mérovingien se plongea fut retrouvé par les archéologues sous la nef actuelle du monument catholique. Évènement d’une importance capitale, le baptême de Clovis fut considéré dès le Moyen-Âge comme l’acte fondateur du royaume de France.
Le rôle de Jeanne d’Arc dans le sacrement du roi Charles VII à Reims
Près d’un millénaire après le baptême du roi franc, le pays est en grand danger. Mais en cette période de l’histoire où tout semble perdu pour le royaume, une mystérieuse prophétie circule : en effet, on raconte dans plusieurs bourgades qu’un beau jour, une vierge viendra sauver la France des mains des anglais. L’espoir finira par bel et bien renaître : en l’an 1428, une jeune fille, native de Domrémy, se présente au capitaine Robert de Baudricourt à Vaucouleurs, et se dit missionnée par Dieu. Convaincre le capitaine est primordial, bien que difficile : lui seul peut lui fournir l’aide nécessaire pour se rendre auprès du dauphin. Pendant un an, elle tentera sans relâche de convaincre Robert de Baudricourt de sa haute destinée, sans jamais se décourager. Faisant face au soutien croissant de la population pour Jeanne d’Arc et à la détermination prodigieuse de cette dernière, le capitaine de Vaucouleurs consent à lui prêter main-forte. Il rédige pour elle une lettre de recommandation à l’attention de Charles VII et la fait accompagner de six compagnons d’armes. C’est le début de sa formidable épopée.
L’arrivée de Jeanne d’Arc fut une véritable lueur d’espoir pour la population qui se remit dès lors à croire en la victoire. (Image :
wikimedia / Jean-Jacques Scherrer / Domaine public)
Au fur et à mesure de son parcours, Jeanne d’Arc accumule les prouesses. Après la reconquête d’Orléans, le dauphin a toute confiance en cette adolescente à la foi indestructible. Mais la belle âme n’a pas encore terminé sa divine mission : elle doit impérativement conduire Charles VII à Reims pour qu’il y soit sacré comme nombre de ses prédécesseurs. Le souverain doit effectivement réparer une terrible injustice : à 17 ans, il est déshérité par un fallacieux traité ratifié par son propre père, le roi Charles VI, atteint de démence. D’autre part, le sacre permettrait au prince d’acquérir en toute légitimité le titre de roi, et d’asseoir définitivement son autorité sur le trône de France. En conséquence, le souverain décide de se rendre à Reims, accompagné de Jeanne d’Arc.
L’illustre passé de Notre-Dame de Reims s’ajoute naturellement à
la solennité du site. (Image : wikimedia / Magnus Manske / CC BY-SA 1.0)
Une fois ce vœu formulé, commence une véritable chevauchée héroïque jusqu’à la ville du sacre. L’expédition s’annonce une fois de plus ardue : les hommes de l’authentique héritier doivent nécessairement chasser les troupes anglaises présentes sur leur chemin pour atteindre leur but. Durant la bataille de Patay, Jeanne d’Arc mène les guerriers français à une glorieuse victoire : ces derniers restent quasiment tous en vie, tandis qu’au moins la moitié de l’armée anglaise en présence est tuée. Les anglais défaits, c’est au tour des Bourguignons, qui occupent les villes de Champagne, d’être repoussés. À Troyes, la valeureuse combattante fait preuve d’une assurance remarquable. Elle demande aux troupes du prince de faire des feux aux pieds des murailles et d’apporter des armes pour un siège. La tactique est osée, car ils n’ont pas l’équipement suffisant pour mener un assaut !
Cependant, effrayés par la manœuvre, les occupants de Troyes ouvrent les négociations, ce qui aboutit à la capitulation de la ville. En entrant dans la cité, Charles VII prend sa revanche sur le honteux traité conclu en ces lieux en 1420.
Après ces succès militaires éclatants, les autres villes de Champagne se rendent et ouvrent leurs portes. Le 16 juillet 1429, Jeanne d’Arc et Charles VII parviennent enfin jusqu’à Reims.
L’évènement est retentissant. Déjà à cette époque, le sacre du roi légitime dans la cathédrale est perçu comme une volonté divine. Jeanne d’Arc fait en sorte que la cérémonie se déroule dès le lendemain de leur arrivée. Cette dernière est l’une des plus importantes de l’histoire de France, et constitue l’aboutissement suprême de cette jeune fille rayonnante, si chère au cœur des français.
Une cathédrale conçue pour émerveiller
Ce colossal monument catholique présente des dimensions extraordinaires. Quand la cathédrale de Reims est reconstruite pour la quatrième fois en 1275, c’est l’une des plus hautes et des plus grandes : près de 150 mètres de long, et plus de 80 mètres de haut au sommet des tours. Elle demeure encore aujourd’hui la plus longue des cathédrales françaises. Ses bâtisseurs font le choix de l’architecture gothique, apparue un siècle plus tôt. Les tours, qui atteignent des sommets, dépassent de 12 mètres celles de Notre-Dame de Paris. Mais ce splendide édifice religieux possède encore d’autres caractéristiques : la lumière y est pour ainsi dire omniprésente. Cette clarté permanente vient du fait que le bâtiment comporte 80 immenses fenêtres, ce qui assure au site une atmosphère solennelle. Ces fenêtres dites « rémoises », totalement indépendantes du mur, seront d’ailleurs reproduites partout en Europe.
Mais ces grandes baies vitrées ne sont pas les seules à refléter la lumière du jour : en effet, la géante de pierre arbore sur sa façade deux magnifiques roses de vitrail, ce qui est exceptionnel sur une cathédrale de style gothique. Depuis le XIIIe siècle, de solides barres en métal, scellées au plomb, maintiennent la gigantesque rose de 11,30m de diamètre. À certains endroits, les renforts métalliques sont entièrement enfermés dans la maçonnerie, gardant les éléments de pierre vigoureusement fixés les uns aux autres.
Ces superbes roses de vitrail invitent spontanément le visiteur à
la contemplation. (Image : wikimedia / Vassil / Domaine public)
Il est bon de noter que tout autour de Notre-Dame de Reims, se trouvent de multiples statues d’anges aux ailes déployées. Elles sont si nombreuses que cette merveille du patrimoine national est parfois surnommée « la cathédrale des anges ». De surcroit, Notre-Dame de Reims est aussi connue pour être la cathédrale possédant le décor sculpté le plus considérable d’Europe : elle comptait à sa création 2303 statues. Nul doute que certains rois contemplèrent à l’entrée du chef d’œuvre gothique l’une de ses plus fameuses sculptures, le célèbre Ange au sourire. Réalisée vers 1240, elle apparait comme imprégnée de sérénité et de quiétude.
Le visage bienveillant de l’Ange au sourire fit sa réputation même au-delà de Reims. (Image : DEZALB / Pixabay)
Même endommagée par deux incendies au cours de son existence, l’actuelle cathédrale de Reims renait toujours de ses cendres. D’une beauté admirable et d’une grandeur étincelante, Notre-Dame de Reims est sans aucun doute un précieux témoignage de l’histoire de France.
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