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Culture. Saint Valentin : Psyché et Éros, l’archétype de l’amour

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Pour l’amour d’Éros

C’est dans les épreuves que nous éprouvons l’amour entre deux êtres, paraît-il ? Force est de constater que l’amour entre Psyché, une simple mortelle, et Éros, divinité, fils d’Aphrodite, est plus fort que tout et indestructible. Voici donc l’histoire d’un amour inconditionnel et universel dont devraient sans doute s’inspirer tous les couples sur le point de s’unir. Ainsi, s’assureraient-ils une récompense divine en retour. Depuis la nuit des temps, se transmet oralement, dit-on, la magnifique histoire de Psyché et Éros. Nous allons vous la conter...

Une beauté mortelle

Psyché, née princesse, a deux sœurs, toutes deux magnifiques, mais... tout de même surpassées en beauté par Psyché. Psyché est si belle qu’elle provoque la vénération des hommes sur terre... telle une déité, les hommes n’osent s’approcher d’elle pour l’épouser, et ce, au grand dam d’Aphrodite, dévorée par la jalousie. Comment une simple mortelle pouvait-elle être plus belle qu’elle, une vraie divinité ? Quelle infamie ! Cela ne pouvait être !

Aussi, Aphrodite échafaude-t-elle un plan machiavélique : envoyer son fils Éros (plus connu, dans la tradition romaine, sous le nom de Cupidon) afin qu’il la rende amoureuse du mortel le plus monstrueux qui soit. Mais tel « épris » qui croyait « éprendre » ! Éros se blesse avec l’une de ses propres flèches et tombe fou d’amour pour la belle Psyché... 

En ces temps-là, les humains écoutaient scrupuleusement les oracles. Le père de Psyché, désespéré de la savoir sans époux, se rend à Delphes afin qu’Apollon lui trouve un mari. Malheureusement, l’oracle lui affirme qu’il doit abandonner sa fille sur les rochers où son futur mari, un monstre hideux, viendra la chercher. Le père, le cœur écorché vif, exécute les ordres divins...

Cependant, le dieu du vent, nommé Zéphir, non loin de là, emporte la sublime Psyché dans un mystérieux palais secret où elle trouve repos et béatitude auprès d’êtres invisibles qui prennent soin d’elle. Il s’agit du palais d’Éros... Chaque nuit, ce dernier lui rend visite, la comble de douces étreintes et lui demande de ne surtout pas chercher à savoir qui il est, ni de voir son visage... En effet, un amour entre un dieu et une mortelle était alors formellement interdit. Personne ne devait savoir... même pas Psyché. Le temps passe, Psyché est de plus en plus comblée, cependant sa famille lui manque et sa curiosité grandit...

Ses sœurs se lamentent et pensent sincèrement qu’elle est morte. Psyché ne supportant plus cette situation, emplie de son amour fraternel pour ses sœurs, finit par convaincre Éros de les amener au palais afin de les rassurer. Cependant, dès leur arrivée, les deux sœurs sont submergées par tant de richesses et de bonheur, qu’aussitôt, elles jalousent maladivement leur propre sœur. Ainsi, l’entachent-elles de leur malveillance en lui assénant que celui qui l’étreint la nuit n’est sans doute que le monstre qui finira par la dévorer, et qu’elle doit le tuer si elle souhaite survivre.

N’y tenant plus, lors d’une nuit, Psyché saisit alors une lampe à huile pour voir enfin le visage de celui qui l’étreint ainsi chaque nuit. Émue, elle découvre la beauté transcendante et inouïe d’Éros... endormi... Cependant, malencontreusement, une petite goutte d’huile brûlante vient à choir sur l’épaule du Dieu qui, surpris dans son sommeil, démasqué, se réveille soudainement, prend son envol et s’enfuit. Dans un dernier élan de désespoir, Psyché s’agrippe au dernier instant à la jambe d’Éros qu’elle finit par lâcher prise, lasse... mais... fort heureusement, Éros la rattrape et la dépose avec prévenance sur terre, pour ensuite s’envoler, pour de bon.

Son amour envolé, Psyché désespérée se jette dans une rivière. Les eaux, prises de compassion pour la jeune femme, la déposent alors délicatement aux pieds du dieu Pan. Ce dernier lui conseille de se battre pour son amour et de ne pas abandonner quoi qu’il arrive, elle doit le reconquérir et éprouver son amour. 

De son côté, Éros souffre terriblement de sa brûlure terrestre... Sa mère Aphrodite, informée de la situation par une mouette bavarde, est folle de rage et le séquestre sur le champ dans son palais. Psyché, quant à elle, supplie les divinités de l’aider à retrouver Éros. Elle court ainsi de temple en temple et implore Déméter et Héra... Celles-ci refusent de l’aider, fuyant ainsi le courroux inévitable et les conflits inéluctables que cela engendrerait avec la déesse Aphrodite. 

C’est alors qu’Aphrodite convoque le Dieu messager Hermès et lui intime l’ordre de donner pour unique message aux mortels de retrouver Psyché et que quiconque la retrouverait « aurait droit à sept baisers dont un tout miel ». Bien sûr, Psyché est pourchassée, traquée tel un animal. Affaiblie, épuisée, Psyché finit par céder et se laisse capturer pour être livrée à deux horribles servantes d’Aphrodite qui n’auront de cesse que de la tourmenter et de la soumettre à différentes impossibles épreuves...

L’amour de Psyché face aux épreuves divines

La première épreuve infligée à Psyché est celle du tas de graines. Elle doit en effet, en une seule nuit, trier un immense monticule de graines, d’espèces diverses et variées. C’est une épreuve qu’elle n’aurait pu réussir sans le concours opportun de gentilles petites fourmis. Aussi, le défi fut-il allégrement réussi. 

La seconde épreuve qui lui incombait fut de ramener à Aphrodite la laine des brebis aux fameuses toisons d’or. Cette fois-ci, ce fut grâce à l’intervention providentielle d’un roseau du bord de la rivière, où elle faillit d’ailleurs se jeter de désespoir, qu’elle parvint à réussir l’épreuve. En effet, le roseau lui indiqua clairement comment vaincre ces terribles animaux enragés, uniquement le jour, tant que les rayons du soleil caressaient leur toison d’or.

La troisième épreuve consistait à affronter de terribles et affreux dragons, vivant en haut d’une haute montagne, et protégeant le Styx dont elle devait ramener de l’eau à la source. Cette fois-ci, ce fut le roi des dieux, Zeus en personne, qui prit pitié de la belle Psyché, envoya son aigle particulier remplir un flacon du précieux liquide. 

Enfin, pour son épreuve ultime, Psyché devait récupérer dans un petit coffret une petite parcelle de la beauté de Perséphone, la déesse bien connue des Enfers. Psyché n’en peut plus, elle est prête encore une fois à mettre fin à ses jours du haut d’une tour... Mais fait étrange, la tour s’adresse à elle, lui conjure de rester en vie et l’aide aussitôt à réussir cette épreuve en lui expliquant comment faire. Mais, une nouvelle fois, son insatiable curiosité va lui jouer un bien mauvais tour... Elle ouvrit le petit coffret et sombra dans un profond sommeil, proche de la mort... 

Saint Valentin : Psyché et Éros, l’archétype de l’amour
Le ravissement de Psyché par William Bouguereau, peintre français (1825/1905). (Image : wikimedia / William-Adolphe Bouguereau / Domaine public)

L’amour d’Éros

De son côté, Éros s’est remis de sa blessure terrestre. Il est de plus parvenu à s’échapper de sa prison maternelle. Toujours éperdument amoureux de Psyché, il la retrouve et, grâce à la pointe de l’une de ses flèches, parvient à la ramener à la vie. Aussitôt, leur amour les transporte devant Zeus lui-même, auquel Éros s’adresse, implorant de l’unir en mariage à la belle Psyché. Zeus unit donc, par un mariage bien mérité, Psyché et Éros, officiellement, devant l’assemblée de l’Olympe, qui ne peut que s’incliner en lui proposant l’ambroisie, boisson d’immortalité lui conférant à son tour le titre public et officiel de divinité immortelle en récompense de son amour indéfectible pour Éros et la dotant ainsi de délicates ailes de papillon. Le mariage est suivi d’un mémorable banquet pour les convives divins. De leur union naquit une fille au doux nom de Hédoné, signifiant Plaisir. Psyché (l’âme) et Éros (l’amour) sont ainsi unis pour l’éternité devant l’Olympe.

Ainsi, fut accompli le destin de Psyché et d’Éros, soutenu par l’émoi et la pitié qu’il avait suscités auprès de multiples êtres qui les aidèrent tout au long de ce chemin douloureux. Un amour fidèle et fort, construit et façonné bien au-delà des pires épreuves, dont la récompense pour Psyché fut au-delà de ses espérances, puisqu’elle devint une vraie divinité, immortelle, éternelle comme son amour pour Éros. 

Ainsi, l’amour se renforce au travers même de terribles épreuves de la vie... Comment apprécier alors les bons moments si l’on ne s’est pas confronté également au mauvais ? Après la pluie vient toujours le beau temps, non ? Sans doute faut-il l’accepter ? De nos jours, de nombreux couples ne fuient-ils pas les conflits ou les épreuves dès qu’elles pointent le bout du nez ? Cela ne mène-t-il pas à bien des séparations souvent trop rapides quand tout va mal ? Lors des vœux pour sceller le mariage, ne dit-on pas « pour le meilleur et pour le pire », « dans la joie comme dans la souffrance » ? 

Si l’on analyse l’histoire de Psyché et Éros, ne faut-il pas toujours garder espoir, confiance en l’être aimé et en la vie, qui mettra toujours sur notre chemin, au moment le plus désespéré et critique, toujours des êtres, des personnes pour nous aider ? Ayons confiance en la vie et accueillons sans nul doute les épreuves comme une joie nous permettant toujours de nous élever plus haut. 

Peut-être devrions-nous toujours nous inspirer de la mythique et épique histoire de Psyché et Éros avant de nous unir afin de suivre le chemin de l’éternité ? 

Belle Saint Valentin à tous ! 

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