Jeanne était une fille simple et très pieuse. Elle aimait ses parents, sa maison familiale et son jardin, dans le petit village de Domrémy, en vallée de la Meuse. Elle aimait les gens, et particulièrement les pauvres gens. Elle aimait les animaux. Les oiseaux lui faisaient confiance et venaient manger dans sa main. Pourquoi Jeanne d’Arc quitta-t-elle tout cela, prit-elle des habits d’homme et des armes, et mena-t-elle des soldats au combat ?
Article inspiré du livre de Jules Michelet : Jeanne d’Arc
L’enfance de Jeanne d’Arc
Jeanne naquit en 1412. Ses parents étaient laboureurs et possédaient vingt hectares de terre. Alors que ses frères et sœurs allaient garder les bêtes ou travailler aux champs avec leur père, Jeanne restait avec sa mère, qui l’occupait à coudre et à filer. Elle n’apprit pas à lire ou écrire, mais par sa mère, elle apprit tout de la religion, d’une manière simple, vivante.
Son amie Haumette témoigna de la piété de Jeanne : « … C’était une bien bonne fille, simple et douce. Elle allait volontiers à l’église et aux saints lieux. (..) Elle se confessait souvent. Elle rougissait, quand on lui disait qu’elle était trop dévote, qu’elle allait trop à l’église. » Un autre témoin affirma qu’elle soignait les malades et donnait aux pauvres : « Je le sais bien, j’étais enfant alors et c’est elle qui m’a soigné ».
Le pays où vivait Jeanne subissait les ravages de la Guerre de Cent Ans. Une guerre interminable, commencée en 1337, suite de batailles et de trêves, qui se termina en 1453. Des conflits opposèrent la dynastie des Plantagenêts (du royaume d’Angleterre) à la dynastie des Valois (du royaume de France) pour des questions d’héritiers royaux, de couronnes et de territoires.
Jeanne d’Arc arriva justement dans cette période où l’armée anglaise maîtrisait et occupait une grande partie du territoire français, où le royaume de France était au bord de l’anéantissement.
Jeanne vécut la guerre, enfant. Elle vit toute l’horreur et le malheur que la guerre pouvait engendrer. Elle participa à l’accueil des fugitifs dans la maison familiale. Elle leur laissait son lit et allait coucher au grenier. Un jour, la famille dut quitter la maison par sécurité. Après le passage des brigands, la famille rentra dans une maison et un village pillés, l’église avait été incendiée.
Un jour, Jeanne était avec son père au jardin, quand elle vit du côté de l’église toute proche une lumière resplendissante. Elle eut très peur en entendant une voix : « Jeanne, sois bonne et sage enfant, va souvent à l’église ».
L’engagement dans une épopée aux mille épreuves
Le phénomène se reproduisit une autre fois où elle put distinguer des êtres célestes dont un portait des ailes. Celui-ci lui dit : « Jeanne, va au secours du roi de France et tu lui rendras son royaume ». Jeanne, abasourdie, répondit : « Messire, je ne suis qu’une pauvre fille, je ne saurais chevaucher, ni conduire les hommes d’armes ». Mais la voix assura : « Tu iras trouver Monsieur de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, et il te fera mener au roi. Sainte Catherine et Sainte Marguerite viendront t’assister. »
L’être ailé était l’Archange Saint Michel. Il revint lui redonner courage et lui fit connaître « la pitié qui estoit au royaume de France ».
Jeanne ne parla pas de cette première épreuve, peut-être la plus difficile. Elle était prise entre l’autorité de son père, qui aurait préféré la noyer que de la voir partir avec des soldats, et l’autorité de l’Archange Saint Michel qui lui demandait de prendre les armes. Quitter sa famille et tous les êtres qu’elle aimait était déchirant aussi. Cinq années s’écoulèrent entre sa première vision et son départ de la maison parentale. Cinq années où elle put se préparer spirituellement à sa mission et renforcer sa ténacité.
Sa famille fit tout ce qu’elle put pour l’empêcher de partir. Ses parents essayèrent de la marier pour la ramener à des idées plus raisonnables. On ressortit une histoire de promesse de mariage que Jeanne, petite, aurait faite à un jeune de son village. Ce qu’elle nia et qui la mena devant un juge ecclésiastique. À l’étonnement de tous, elle se défendit bien, elle jusque-là si réservée, et ne renonça pas à son départ.
Elle réussit à convaincre son oncle du bien-fondé et de l’importance de sa mission. Elle l’envoya demander le soutien du capitaine de Baudricourt, mais il fut mal accueilli et sa demande fut rejetée. Jeanne garda sa détermination et décida de quitter ses parents et ses frères et sœurs, sans les avertir.
Convaincre les gens d’armes et les gens d’Église
Arrivant avec son oncle dans la ville de Vaucouleurs, elle fut menée chez le capitaine de Baudricourt et, au nom de « son Seigneur », lui exposa avec fermeté sa mission. Le capitaine, très dubitatif, consulta le curé qui avait lui aussi des doutes. Jeanne n’avait encore jamais parlé de ses visions à un homme d’Église.
Le peuple ne doutait pas et admirait Jeanne. On venait de loin pour la voir. Apprenant les tergiversations de Baudricourt, un gentilhomme insinua pour la tester : « Eh bien ! ma mie, il faut donc que le roi soit chassé et que nous devenions Anglais. » Elle répondit, peinée : « Et cependant, avant qu’il soit la mi-carême, il faut que je sois devers le roi, dussé-je, pour m’y rendre, user mes jambes jusqu’aux genoux. Car personne au monde, ni rois, ni ducs, ni fille du roi d’Écosse, ne peuvent reprendre le royaume de France, et il n’y a pour lui de secours que moi-même, quoique j’aimasse mieux rester à filer près de ma pauvre mère, car ce n’est pas là mon ouvrage, mais il faut que j’aille et que je le fasse, parce que mon Seigneur le veut. - Et quel est votre Seigneur ? - C’est Dieu ! »
L’homme fut touché et promit « par sa foi, la main dans la sienne, que sous la conduite de Dieu, il la mèneroit au roi. » Un autre homme fut touché aussi par ses paroles et promit de la suivre. Le Dauphin, recevant une demande du capitaine de Baudricourt, autorisa Jeanne d’Arc à venir. La France venait de perdre une nouvelle bataille que Jeanne avait prédit le jour même. Les gens de Vaucouleurs, épaulant la mission de Jeanne, lui achetèrent un cheval et un équipement. Le capitaine lui donna une épée.
Elle dut encore résister aux injonctions de ses parents bouleversés, qui avaient appris son départ prochain.
Elle leur demanda de lui pardonner. Jeanne d’Arc quitta sa région natale au début de l’année 1429, et elle n’y revint jamais.
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