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Histoire. Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France (2/6)

FRANCE > Histoire

Jeanne d’Arc quitta sa région natale en février 1429. Des hommes d’armes l’escortèrent jusqu’à Chinon, où demeurait le Dauphin Charles. Elle avait traversé une France ravagée, aux mains des Anglais. Son premier devoir fut de redonner toute sa confiance et son autorité au futur Roi de France. Inspirée et guidée par ses voix, Jeanne d’Arc savait enhardir ses soldats. Elle mena des batailles victorieuses contre les Anglais et délivra Orléans.

Article inspiré du livre de Jules Michelet : Jeanne d’Arc.

La chevauchée périlleuse et l’autorité retrouvée du Dauphin

Pour rejoindre Chinon et rencontrer le Dauphin, ce fut une chevauchée rude et dangereuse. La guerre et le chaos étaient partout, plus de routes ni de ponts et les rivières de février avaient grossi. Elle partit avec cinq ou six hommes d’armes. De quoi faire trembler toute jeune fille. Elle avait pris l’habit d’homme qu’elle ne quitta plus. Il y avait autour d’elle comme un champ de pureté. Un de ces plus jeunes hommes témoigna qu’il n’eût jamais, couchant près d’elle, l’ombre même d’une mauvaise pensée.

Jeanne demandait à s’arrêter dans chaque ville pour entendre la messe. « Ne craignez rien, Dieu me fait ma route, c’est pour cela que je suis née », disait-elle à ses compagnons. Ou encore : « Mes frères de paradis me disent ce que j’ai à faire ».

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Le Dauphin, anonyme parmi trois cent chevaliers, fit venir Jeanne d’Arc au château de Chinon. (Image : wikimedia / photos-chinon.cite-creative / CC BY 2.0)

Certains seigneurs de la cour du Dauphin Charles voyaient d’un très mauvais œil l’arrivée de cette héroïne qui favoriserait le parti de la reine et de sa mère, c’est-à-dire de Lorraine et d’Anjou et dressèrent une embuscade près de Chinon, dont elle échappa par miracle. Mais elle avait aussi du soutien, dont le duc d’Alençon, impatient de combattre les Anglais pour retrouver son duché.

Le Dauphin, caché parmi trois cents chevaliers au château de Chinon, fit venir Jeanne d’Arc. C’était une belle fille de dix-huit ans, de bonne taille, la voix douce et pénétrante. Elle s’avança humblement parmi tous ces seigneurs, et sut au premier regard où il était. Comme celui-ci niait, elle lui embrassa les genoux et dit : « Gentil Dauphin, j’ai nom Jehanne la Pucelle. Le Roi des cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné en la ville de Reims, et vous serez lieutenant du Roi des cieux qui est roi de France ».

Le Dauphin la prit à part, et Jeanne d’Arc lui confirma ceci (qu’elle rapporta à son confesseur ensuite) : « Je te dis de la part de Messire, que tu es vrai héritier de France et fils du roi ». Alors, le Dauphin reprit confiance et changea de visage.

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Jeanne d’Arc confirma au Dauphin : « Je te dis de la part de Messire, que tu es vrai héritier de France et fils du roi ». (Image : wikimedia / Gillot Saint-Evre / Domaine public)

Une prédiction qui échappa à Jeanne et qui se vérifia dans l’heure même, inspira stupéfaction et crainte. Un homme d’armes qui la trouva désirable, exprima sa mauvaise pensée en jurant le nom de Dieu. Jeanne lui dit : « Hélas ! tu le renies, et tu es si près de ta mort ! » Il tomba à l’eau peu après et se noya. Cependant, ses ennemis accusèrent Jeanne d’Arc de connaître l’avenir par inspiration du diable.

Doutes et tergiversations envers Jeanne d’Arc et sa mission

On chargea des docteurs et des professeurs en théologie, à Poitiers, d’interroger et d’examiner Jeanne d’Arc. Elle parla avec respect et simplicité des apparitions et des paroles des anges. Un dominicain objecta gravement : « Jehanne, tu dis que Dieu veut délivrer le peuple de France, si telle est sa volonté, il n’a pas besoin de gens d’armes ». Elle répondit, comme une évidence : « Ah ! Mon Dieu, les gens d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire ».

Un professeur en théologie qu’elle vexa par inadvertance, fut plus retors et demanda qu’elle montre un signe, pour ajouter foi à ses paroles. Elle répondit : « Je ne suis pas venue à Poitiers pour faire des signes ou miracles, mon signe sera de faire lever le siège d’Orléans. Qu’on me donne des hommes d’armes, peu ou beaucoup, et j’irai ».

A Poitiers comme à Vaucouleurs, les gens admiraient Jeanne et voulaient la connaître et quand ils l’avaient entendue, ils pleuraient et disaient : « Cette fille est envoyée de Dieu ».

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Jeanne parlait avec respect et simplicité des apparitions et des paroles des anges. (Image : wikimedia / Ketounette / CC BY-SA 4.0)

Les examinateurs, quant à eux, restés à leurs doutes craintifs, allèrent la voir une fois encore. Jeanne d’Arc leur dit sans ambages : « Ecoutez, il y en a plus au livre de Dieu que dans les vôtres…Je ne sais ni A ni B, mais je viens de la part de Dieu pour faire lever le siège d’Orléans et sacrer le Dauphin à Reims… »  Puis, disant que Dieu le voulait ainsi, elle leur fit écrire une lettre aux Anglais, pour les sommer de partir. Les juges s’exécutèrent sans broncher, car Jeanne, par sa sincérité, son humilité et la force de sa croyance, avait su les convaincre. Tous furent d’avis de laisser Jeanne suivre sa mission et de la soutenir.

La merveilleuse héroïne adulée par le peuple

Le temps pressait maintenant. La ville d’Orléans, entourée par les troupes anglaises, réclamait par la voix de son chef Dunois, depuis février déjà, l’extraordinaire secours de la Pucelle. On mit plusieurs hommes au service de Jeanne d’Arc. Son frère Pierre d’Arc vint aussi se joindre à sa garde. Un moine, ermite de Saint Augustin, était son confesseur.

Les spectateurs s’émerveillèrent de voir l’héroïne, revêtue de son armure blanche, sur son splendide cheval, avec à son côté une petite hache et l’épée de Sainte Catherine. Une épée qu’on trouva, sur les indications des voix de Jeanne, enterrée derrière l’autel de Sainte Catherine de Fierbois. Jeanne d’Arc portait à sa main un étendard blanc sur lequel étaient brodées des fleurs de lys, Dieu avec le monde dans ses mains, et deux anges tenant chacun une fleur de lys. Jeanne disait : « Je ne veux pas me servir de mon épée pour tuer personne ». Ajoutant qu’elle aimait « quarante fois plus » son étendard.

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Jeanne chevaucha autour des murs, visita de près les bastilles anglaises, et le peuple la suivait ! (Image : wikimedia / Hendrik Scheffer / Domaine public)

Les circonstances étaient favorables à la délivrance d’Orléans. Les Anglais étaient affaiblis par un long siège, par le départ de nombreux soldats suite à la mort d’un chef, ainsi que par le retrait des alliés bourguignons. Les assiégeants étaient répartis en une douzaine de bastilles autour de la ville, ne communiquant pas ou difficilement entre elles.

Le charisme de Jeanne d’Arc permit de rassembler sous son autorité toutes les bonnes volontés. Des capitaines et de nombreux soldats avaient rejoint son armée, pressés d’en découdre avec les Anglais. Après tant d’années de guerre, les hommes étaient devenus sauvages et insensibles. Pourtant, sous l’autorité divine et l’immense espoir que dispensait généreusement Jeanne, même les hommes les plus terrifiants retrouvèrent leur humanité et leur droiture.

Jeanne d’Arc entra le 29 avril 1429 dans Orléans avec des vivres. Jean de Dunois vint à sa rencontre. Ce chef militaire s’était déjà illustré en remportant des batailles contre les Anglais durant la guerre de Cent Ans. Les gens se pressaient pour regarder Jeanne « comme s’ils veissent Dieu » et beaucoup voulurent toucher son cheval. Elle envoya de nouveau des sommations aux bastilles des Anglais, mais un capitaine anglais l’injuria. Les Anglais craignaient Jeanne, voyant que le peuple d’Orléans la suivait comme leur sauveur. Elle chevaucha autour des murs, visita de près les bastilles anglaises, revint à l’église pour l’heure des vêpres, et le peuple la suivait !

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Compagnon d’arme de Jeanne d’Arc, Dunois et ses soldats remportèrent des batailles décisives durant la Guerre de Cent Ans. (Image : wikimedia / Octave Tassaert / Domaine public)

Des chefs militaires français hostiles à Jeanne d’Arc

Jeanne d’Arc, outre son enthousiasme et son inspiration, avait aussi beaucoup de lucidité. Elle s’aperçut que dans l’armée, quelques chefs militaires français, qui lui étaient défavorables par jalousie ou calcul politique, voulaient agir sans elle et tenaient conseil entre eux pour décider de la stratégie guerrière.

À plusieurs reprises, elle dût déjouer leur mauvaise foi pour imposer ses tactiques et sa façon d’attaquer les différentes bastilles des Anglais. Heureusement, ses fidèles capitaines et leurs soldats la suivaient hardiment et se surpassaient dans les combats. 

Ce fut sa première victoire, mais aussi le premier champ de massacre qu’elle vit. Elle pleura et le lendemain, jour de l’Ascension, elle passa la journée à prier.

Les chefs hostiles à Jeanne en profitèrent pour, de nouveau, tenir conseil sans elle et planifier les attaques des dernières bastilles anglaises. Mais, de nouveau, Jeanne les devança et son armée combattit avec succès les Anglais.

Une profonde blessure pendant la délivrance d’Orléans

Ce soir-là, elle dit à son chapelain : « Venez demain à la pointe du jour, et ne me quittez pas, j’aurai beaucoup à faire, il sortira du sang de mon corps, je serai blessée au-dessus du sein ». Le lendemain, les Anglais se défendirent vaillamment. Dans le tumulte de la bataille, Jeanne d’Arc, voyant que les assaillants français commençaient à faiblir, sauta dans le fossé, prit une échelle et la dressa contre le mur, quand une flèche la transperça entre le cou et l’épaule.

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Jeanne, gravement blessée par une flèche, vit les saintes qui l’accompagnaient et se releva, se soumettant à la volonté de Dieu. (Image : wikimedia / Jean Gauchard / Domaine public)

Des Anglais sortirent aussitôt pour la prendre, mais elle fut rapidement emportée par des Français et allongée loin du combat. Elle vit sa blessure profonde. La flèche ressortait par derrière. Elle s’effraya, pleura… Puis d’un coup elle se releva, ses saintes lui étaient apparues. Elle s’en remit à la volonté de Dieu et se confessa. En guise de soins, elle fit mettre de l’huile sur sa blessure. 

La nuit arrivait et la bataille stagnait. Dunois faisait déjà sonner la retraite. « Attendez encore, ordonna Jeanne, buvez et mangez ». Et elle se mit en prières. Un soldat basque avait pris l’étendard de Jeanne, redouté de l’ennemi. « Dès que l’étendard touchera le mur, vous pourrez entrer. - Il y touche. - Eh bien, entrez, tout est à vous. » Le lendemain, il ne resta plus aucun Anglais au sud de la Loire.

Jeanne d’Arc avait toujours le souci d’épargner la vie des soldats. Comme la situation tournait mal pour eux, les soldats anglais au nord d’Orléans entamèrent une retraite. Jeanne ordonna de ne pas les poursuivre, épargnant ainsi leurs vies. Ce dimanche 8 mai 1429, elle fit dresser un autel dans la plaine et le peuple, à Orléans, rendit grâce à Dieu.

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