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Histoire. Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France (3/6)

FRANCE > Histoire

La délivrance d’Orléans fit pleinement renaître l’espoir en France. Tous y virent un pouvoir surnaturel. On se prit à penser que les Cieux étaient favorables à Charles VII. Le Dauphin devait continuer dans cet élan victorieux et prendre résolument la route pour son sacre à Reims. C’était la pensée et l’esprit de Jeanne d’Arc. Quel réconfort pour les Français, de suivre, dans leur cœur, cette chevauchée royale vers la couronne ! Le roi retrouvait sa souveraineté partout en France.

Article inspiré du livre de Jules Michelet : Jeanne d’Arc.

Un irrésistible élan populaire en faveur de Jeanne d’Arc et Charles VII

Jeanne d’Arc voulait faire sacrer et couronner Charles VII au plus vite, car elle connaissait l’intention des Anglais de faire couronner leur jeune Henri VI à Paris. Quel danger imminent ! Mais les têtes politiques du Conseil du roi, par intérêt pour leurs duchés ou leurs comtés, avaient des avis différents. Ils voulaient avant tout reprendre leurs terres aux Anglais. Ils voulaient aller lentement et sûrement, autant dire, donner aux Anglais le temps de se réorganiser et de reprendre courage !

La bataille impromptue de Patay en juin 1429, où 2 000 Anglais périrent, fut encore un signe favorable pour entreprendre l’expédition à Reims. 12 000 gens étaient déjà là, prêts à accompagner Jeanne d’Arc et Charles VII, et le cortège allait grossir tout au long de la route. Le jeune et indolent Dauphin se laissa lui-même soulever et emporter par cette immense ferveur.

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
2 000 soldats anglais périrent à la bataille de Patay. (Image : wikimedia / Unknown sourceUnknown source / Domaine public)

Des gens de toutes les provinces affluaient chaque jour, attirés par les miracles de Jeanne. Ils désiraient tous aller à Reims. Les gentilshommes qui ne pouvaient avoir d’armure, suivaient l’expédition comme archers ou coutiliers (armés de couteaux).

La ville de Troyes prise sans effusion de sang

L’armée se mit en route à Gien le 28 juin. Elle n’entra pas à Auxerre, tenue par le duc de Bourgogne, pour ménager ce puissant allié des Anglais en vue de futures réconciliations et négociations. Par contre, Jeanne d’Arc voulut prendre Troyes, une ville défendue par une garnison de Bourguignons et d’Anglais. Mais quelques-uns des chefs de son armée rechignaient encore.

Un conseiller Armagnac soutint Jeanne en affirmant : « Quand le roi a entrepris ce voyage, il ne l’a pas fait pour la grande puissance de gens d’armes, ni pour le grand argent qu’il eût, ni parce que le voyage lui semblait possible, il l’a entrepris parce que Jeanne lui disait d’aller en avant et de se faire couronner à Reims, qu’il y trouverait peu de résistance, tel était le bon plaisir de Dieu. »

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Ce qu’il restait du royaume de France dans les premiers mois de 1429. (Image : wikimedia / Joan of Arc / CC BY-SA 4.0)

Ce fut réellement une prise rapide de la ville de Troyes, sans effusion de sang. D’un côté, une armée qui ne doutait pas de son devoir d’aller couronner le véritable roi de France, et de l’autre côté, les bourgeois de la ville qui prirent peur devant cette croisade victorieuse et voulurent se rendre. Alors les chefs anglais parlementèrent avec les conseillers du roi et ils conclurent de s’en aller avec tout ce qu’ils avaient.

Mais « ce qu’ils avaient », c’était surtout des prisonniers français. Les conseillers de Charles VII n’avaient rien négocié pour ces prisonniers. Jeanne d’Arc ne pouvait pas les abandonner. Quand les Anglais sortirent de Troyes, elle fut aux portes et s’écria : « Ô mon Dieu ! ils ne les emmèneront pas ! » Par sa foi et sa compassion, elle sut retenir les prisonniers, et le roi paya une rançon aux Anglais.

Jeanne d’Arc apaisée au sacre du roi Charles VII

Charles VII entra dans la ville de Reims le 9 juillet. Le dimanche 17 juillet, le roi fut sacré dans la cathédrale. Alors Jeanne d’Arc se jeta à genoux et lui embrassa les jambes en pleurant, et tous pleurèrent avec elle. Elle dit à Charles VII : « Ô gentil roi, maintenant est fait le plaisir de Dieu qui voulait que je fisse lever le siège d’Orléans, et que je vous amenasse en votre cité de Reims, recevoir votre Saint Sacre, montrant que vous êtes vrai roi, et qu’à vous doit appartenir le royaume de France ». Les cérémonies rituelles du sacre furent toutes accomplies. 

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Au cœur même de cette solennité, Jeanne eut la pensée qu’elle pourrait bientôt mourir. (Image : wikimedia / collections.louvre.fr / Domaine public)

Le matin du sacre, Jeanne avait fait écrire une lettre pour le duc de Bourgogne, l’allié des Anglais, dans laquelle elle lui disait avec tact, sans humilier ni irriter : « Pardonnez l’un à l’autre de bon cœur, comme doivent faire loyaux chrétiens. »

Jeanne avait accompli sa mission. Au cœur même de cette joie éclatante, elle eut la pensée qu’elle pourrait bientôt mourir. Elle confia devant l’archevêque : « Ô le bon et dévot peuple !… Si je dois mourir, je serais bien heureuse que l’on m’enterrât ici ! - Jeanne, où croyez-vous donc mourir ? demanda l’archevêque - Je n’en sais rien, où il plaira à Dieu… Je voudrais bien qu’il lui plut que je m’en allasse garder les moutons avec ma sœur et mes frères… Ils seraient si joyeux de me revoir ! J’ai fait du moins ce que Notre-Seigneur m’avait commandé de faire. »

Le roi Charles VII triomphait dans le nord de la France, mais Henri VI entra dans Paris

Après son couronnement, Charles VII continua, avec son armée, son expédition triomphale dans le nord de la France où les villes ouvraient leurs portes, les unes après les autres. Les Anglais, s’il en restait, se faisaient discrets.

Le 25 juillet, neuf jours après le sacre du véritable roi de France, l’ambitieux et très influent cardinal anglais de Winchester entra avec son armée dans Paris pour y faire sacrer le jeune Henri VI. Cela pouvait assurer son propre pouvoir en France, s’il réussissait à assombrir les victoires de Jeanne d’Arc et le sacre de Charles VII dans le cœur des Français. Le cardinal de Winchester songea que le meilleur moyen d’y arriver serait un procès en sorcellerie…

Jeanne d’Arc endura toute épreuve pour sauver le royaume de France
Pour contrer les victoires de Jeanne d’Arc, le cardinal de Winchester, Henry Beaufort, envisageait un procès en sorcellerie. (Image : wikimedia / Marium Alberto (talk | contribs) / CC0)

Cependant, le roi Charles VII dirigea son armée vers la grande cité. Jeanne d’Arc n’était pas d’avis de combattre maintenant dans Paris. Elle avait le sentiment que quelque chose lui échappait. Ses voix lui disaient de ne pas dépasser la ville de Saint Denis, au nord de Paris.

À suivre...

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