La Vendée militaire se composait de quatre départements et regroupait : la Vendée, le Maine-et-Loire, la Loire-Atlantique, les Deux-Sèvres et environ 750 paroisses. Elle était dirigée par plusieurs chefs dont le courage et la noblesse de cœur méritent d’être connus.
Selon les différentes sources historiques cette armée, qui est au cœur des guerres de Vendée, était composé de trois branches : l’armée d’Anjou et du Haut-Poitou, surnommée la « Grande Armée » ou « armée du Bocage », à l’Est de la rivière Sèvre Nantaise, elle comptait 40 000 hommes dirigés par Cathelineau, Bonchamps, d’Elbée, Stofflet, La Rochejaquelein, Lescure et Lyrot.
L’armée du Centre, au cœur de la Vendée, comptait 10 000 hommes dirigés par Royrand, Sapinaud de La Verrie et Sapinaud de La Rairie et enfin l’armée du Bas-Poitou et du Pays de Retz, dite « armée du Marais », entre la Sèvre Nantaise et l’océan Atlantique : elle disposait de 15 000 hommes commandés par Charette, Joly, La Cathelinière, Couëtus, Guérin, Savin, Pajot et La Roche Saint-André.
Le Marquis de Bonchamps, chef de la Vendée militaire
Le Marquis de Bonchamps, né le 10 mai 1760, d’une famille angevine dans le Maine-et-Loire, noble mais modeste, s’est engagé à l’âge de 16 ans comme cadet-noble dans le régiment d’Aquitaine. Il se distingue lors de la guerre d’indépendance américaine et fait toutes les campagnes de l’Inde. C’est à 29 ans, que Charles de Bonchamps, rejetant les idées révolutionnaires, refuse de prêter serment de fidélité à la république et quitte l’armée.
Toujours selon différentes sources historiques, à la suite d’émeutes qui éclatent à St Florent le Vieil, ses métayers et ses amis viennent le chercher. Il constitue en quelques jours deux compagnies de chasseurs soldés et équipés à ses frais. Il en fera les meilleurs soldats du soulèvement vendéen, on les appellera « les Bonchamps ».
Bonchamps sera reconnu fin tacticien et stratège, ainsi que pour son sens de l’organisation. Le 25 mai 1793, par sa clémence, il fait grâce à un républicain, mais celui-ci lui tire dessus et Bonchamps, grièvement blessé, endure plusieurs semaines de convalescence. Puis il revient à la bataille de Cholet, où il est mortellement blessé au bas-ventre. Transporté avec 5 000 prisonniers républicains, sans moyens pour tous les nourrir, l’avis général veut les passer par les armes.
Horrifié, le général Bonchamps signe un ordre écrit qu’il donne à un de ses lieutenants : « Mon ami, c’est peut-être le dernier ordre que je vous donne, mais promettez-moi qu’il soit exécuté ». Bonchamps ordonne que ces républicains soient graciés : « Soldats chrétiens, souvenez-vous de votre Dieu, Royalistes, souvenez-vous de votre roi, grâce! Grâce aux prisonniers ! Je le veux, Je l’ordonne ». Suite à cette clémence, les chefs vendéens lui vouent de l’admiration. Bonchamps meurt à 33 ans le 18 octobre 1793 à Varades, dans une humble maison de pêcheur, près de la Loire. Par la suite, sa veuve écrira ses mémoires. Parmi les soldats républicains graciés, se trouve Pierre- Jean David d’Angers. Son fils, sculpteur, par reconnaissance, réalisera un tombeau surmonté de la statue de Bonchamps, qui sera inaugurée en 1825 dans l’Abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil.
Henri de la Rochejaquelein, surnommé « l’Archange de la Vendée »
Il naît le 30 août 1772 au château de la Durbelière, au Nord des Deux-Sèvres, ancienne province du Bas-Poitou. À l’âge de 13 ans, il intègre une école militaire. C’est un excellent cavalier et en 1791, il devient officier de la garde royale aux Tuileries. En 1792, les révolutionnaires attaquent le palais des Tuileries. Il se bat contre ces révolutionnaires avec Charette, Marigny, et Autichamps. Puis, il se cache chez son cousin Lescure. De retour chez lui, le 13 avril 1793, 3 000 paysans vendéens de diverses paroisses l’attendent. Il leur répond, « je suis trop jeune ». Pourtant, il devient leur chef à 20 ans.
Il aura cette fameuse harangue : « Si jerecule, tuez-moi ! Si j’avance, suivez-moi ! Si je meurs, vengez-moi ! » Il sauve, par un grand courage et de la détermination, une partie du bocage de l’insurrection. Son ardeur et sa fougue font de lui un grand chef de cette grande armée royaliste. Avec sa chevelure blonde, on l’a surnommé « l’Archange de Vendée ». Dans la forêt de Vezin, près de Cholet, qui est son quartier général, il prend le galop à la poursuite d’un grenadier, qu’il rattrape d’une main et lui dit : « Rends-toi, et je te laisse la vie », « Pourquoi fais-tu cela » demande le grenadier, Rochejaquelein répond « mon parti me commande de te tuer, et ma religion me demande de te pardonner ». Il fait grâce au républicain qui le tue d’une balle au front, le 28 janvier 1794, il a alors 21 ans.
En 1814 sortiront les mémoires de la Marquise de La Rochejaquelein (ancienne épouse de Lescure et belle-sœur de M. Henri). Elles seront connues à travers toute l’Europe, et lues notamment par des officiers prussiens qui seront marqués par l’héroïsme de ce chef de 21 ans. Ils offriront au fils de la Marquise qui porte aussi le prénom d’Henri, une épée en or dont la lame est gravée des dates de toutes les batailles, avec sur le pommeau, la fleur de lys, St Louis et Jeanne d’arc. Bonaparte dira de lui « il avait 21 ans seulement, qui sait ce qu’il serait devenu ».
Les sources historiques rapportent aussi qu’un politique très républicain du XIXe siècle, Jules Simon, laissera un message : « si pour tout royaliste Henri de La Rochejaquelein est un martyr, pour tout cœur français, c’est un héros ».
Cathelineau « le saint de l’Anjou »
Le 5 Janvier 1759 naît Jacques Cathelineau, au Pin-en-Mauges, dans l’ancienne province d’Anjou. Il exerce la profession de voiturier-colporteur. Il est également sacristain de sa paroisse. Sa réputation de grande piété lui vaut d’être appelé « le saint de l’Anjou » avant même le début de la révolte vendéenne. Dans les premiers mois de la Révolution, Jacques Cathelineau semble assez indifférent à la situation politique du pays. Il entre peu à peu en résistance à l’annonce des mesures antireligieuses. Il se montre ainsi hostile à l’installation des prêtres jureurs et aux persécutions contre les réfractaires.
Il sonne le tocsin et recrute une foule de paysans. Son autorité et son charisme le placent naturellement à la tête des insurgés du Pin-en-Mauges qui écrivent ainsi le premier chapitre de la guerre de Vendée. C’est le premier généralissime de l’armée catholique et royale pendant la Révolution française. Dès le 14 mars, il compte déjà 3 000 hommes sous les armes et, avec l’aide de Jean-Nicolas Stofflet, il va se battre à Cholet et en sort vainqueur.
Très aimé des paysans-soldats, unanimement considéré pour son intelligence et sa ferveur religieuse, incarnant aussi sans doute mieux que les autres chefs le caractère populaire de la révolte, Jacques Cathelineau est proclamé généralissime de l’armée catholique et royale par l’assemblée des chefs vendéens, le 12 juin 1793. Il est âgé de trente-quatre ans. Les paysans l’adorent et lui portent le plus grand respect. Les soldats l’appellent le « saint de l’Anjou » et se placent quand ils le peuvent auprès de lui dans les combats, pensant qu’on ne peut être blessé à côté d’un homme d’une telle sainteté.
Le livre Les Mémoires de Madame de La Rochejaquelein explique en ces termes : « Celui-ci (Jacques Cathelineau) avait reçu de la nature la première qualité d’un homme de guerre, l’inspiration de ne jamais laisser se reposer ni les vainqueurs ni les vaincus. »
Le Marquis de Lescure « le saint du Poitou »
Lescure a 16 ans lorsqu’il entre dans le monde. C’est un jeune homme très pieux, doté d’une grande énergie et d’une sobriété inégalable. Mais il est bien différent des jeunes gens de son rang. On le décrit comme emprunté, timide et réservé. Lorsqu’éclate la Révolution, Louis-Marie de Lescure est un jeune officier, doté d’une grande culture. Il n’est pas tout à fait hostile aux bouleversements et aux idées nouvelles qui se répandent parmi le peuple. Il est présent au moment de la prise des Tuileries pour défendre le roi. A ses côtés, on retrouve son cousin Henri de La Rochejaquelein.
Après l’émeute, il regagne son château de Clisson sur la commune de Boismé, dans le Poitou. Un grand nombre de ses parents et amis viennent s’y réfugier après avoir fui Paris. Il est arrêté et interné avec sa femme, à Bressuire, en mars 1793. Quelques jours plus tard, il est libéré lors de la prise de la ville par les forces vendéennes en rébellion. Dès lors, Lescure entre dans la légende et se révèle comme un des premiers grands chefs de l’armée de Vendée, bientôt renforcée par les paysans de son canton.
Le Général d’Elbée, chef de la Vendée militaire
Le 11 Avril 1793, à la suite de lourdes pertes à Chemillé, des soldats vendéens vont vouloir se venger en massacrant 400 prisonniers bleus. D’Elbée l’apprend et tente de les raisonner, sans y parvenir. C’est alors qu’il demande à tous de se mettre à genoux et de réciter le Notre Père. Au verset « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », d’Elbée se relève et leur demande d’arrêter, ils ne peuvent pas demander à Dieu de leur pardonner, alors que ces vendéens sont prêts à massacrer leurs ennemis. Les mots du Général vont toucher le cœur des Vendéens, qui s’inclinent et libèrent les 400 prisonniers bleus, ce qui restera dans les mémoires, et sera appelé « le Pater de d’Elbée ».
Collaboration Catherine Keller
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