Inauguré en 1674, l’Hôtel des Invalides reste un témoignage de l’esprit charitable de Louis XIV à l’égard des soldats et officiers blessés, malades ou trop âgés qui ne pouvaient plus servir dans les troupes royales. Une telle structure, que Philippe Auguste avait déjà souhaitée, puis Henri IV, allait accueillir des soldats ayant sacrifié leur jeunesse ou leur santé en se battant pour le roi et le pays.
Dans l’ordonnance de 1670 qui fonda « un hostel royal d’une grandeur et espace capable d’y recevoir et loger tous les officiers et soldats tant estropiés que vieux et caduques et d’y assurer un fonds suffisant pour leur subsistance et entretènement », Louis XIV estimait aussi « qu’il étoit bien raisonnable que ceux qui ont exposé librement leur vie et prodigué leur sang pour la défense et le soutien de notre Monarchie… jouissent du repos qu’ils ont assuré à nos autres sujets et passent le reste de leurs jours en tranquillité ».
Une vie de tranquillité tournée vers la religion, à l’Hôtel des Invalides
Jusqu’à cette époque, les soldats infirmes ou trop âgés, qui ne pouvaient plus servir dans l’armée et n’avaient pas de famille pour les accueillir, trouvaient refuge dans les monastères pour certains, d’autres étaient contraints à la mendicité ou erraient dans les villes, causant des troubles. La construction de cet hospice militaire pouvait donc répondre aussi à un besoin de dignité et de sécurité.
L’Hôtel des Invalides, aujourd’hui en plein cœur de Paris, fut construit sur la plaine de Grenelle qui se trouvait aux abords de la ville en ce temps-là. Louis XIV en personne posa la première pierre de cet édifice en 1671. Le roi voulait que l’ensemble architectural réponde aux diverses fonctions d’hôpital, d’hospice, de caserne et de monastère. Ce fut le projet de son architecte, Libéral Bruant, que retint Louis XIV, tandis que le ministre de la Guerre, Louvois, se vit confier la direction du grand dessein royal.
Les premiers invalides, la plupart rescapés de la Guerre de Trente Ans (une série de conflits qui déchira l’Europe de 1618 à 1648), rentrèrent dans leur nouvelle demeure dès la fin des travaux, en octobre 1674. Environ six mille invalides furent admis entre 1676 et 1690. Des Sœurs de la Charité s’occupaient des pensionnaires. Des médecins et chirurgiens renommés soignaient les soldats. À la fin du XVIIIe siècle, l’infirmerie de l’Hôtel des Invalides acquit une réputation internationale et une école de chirurgie y fut créée.
La vie « tranquille » des soldats invalides n’était pas oisive. Les pensionnaires aptes au travail, se voyaient confier des tâches dans divers ateliers de maroquinerie, d’enluminure ou autres activités. Il y avait chaque jour des exercices militaires pour ceux qui en étaient encore capables.
Le chef-d’œuvre d’un jeune architecte en l’honneur du Roi-Soleil
« Ce superbe monument de votre religion marquera à la postérité la plus reculée la grandeur de votre règne. » C’est par ce compliment que Jules Hardouin-Mansart présenta son œuvre, le Dôme des Invalides, à Louis XIV.
La vie spirituelle tenait une place importante à l’Hôtel des Invalides. La participation aux offices religieux faisait partie du règlement. En 1678, fut construite l’église des soldats, devenue l’Église Saint-Louis-des-Invalides. L’édification de l’Église du Dôme, par le jeune architecte Jules Hardouin-Mansart, prit beaucoup plus de temps.
Dans l’article : Mansart remet à Louis XIV la clef de l’église du dôme des Invalides du site France Archives, Anne Muratori-Philip rapporte que les années passant, le ministre Louvois s’impatientait beaucoup. Un jour de juillet 1691, les yeux fixés sur la coupole, il murmura à l’oreille de l’architecte : « Hâtez-vous, si vous voulez que je voie le dôme achevé ». Quelques jours plus tard, le 16 juillet, Louvois mourut subitement à Versailles, victime d’un malaise alors qu’il travaillait avec le roi.
Malgré tout, Jules Hardouin-Mansart poursuivit sa tâche tandis que Louis XIV surveillait lui-même les derniers aménagements de l’église. Mais les guerres ayant sérieusement amputé le budget royal, les artistes prirent des libertés. Ainsi, peignant la coupole sous la charpente du dôme, le peintre La Fosse abandonna le schéma initial, véritable exaltation des conquêtes armées de la France, en faveur d’une composition plus simple : alors que les anges occupent le pourtour, seuls émergent le Christ et Saint Louis qui lui présente la couronne, l’épée et le blason, ses attributs royaux.
Cette glorification de la monarchie séduisit Louis XIV. En admirant longuement l’œuvre du peintre lors de l’inauguration, le 28 août 1706, il glissa à l’oreille de Jules Hardouin-Mansart le plus beau des compliments : « Il faut lui faire peindre la chapelle de Versailles. »
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