Le Mont Saint-Michel : une porte du Ciel ?
Le voilà ! Toujours là !
Puissant, imposant, majestueux, fascinant, légendaire, plus que millénaire !
Le Mont ! Le Mont Tombe ainsi nommé à ses origines…
Une force tranquille, immanente…
De nos jours, une résistance pacifique à lui seul…
Visible déjà depuis les grèves, depuis les prairies des estrans, veillant sagement toujours sur les moutons des prés salés…
Qu’attend-t-il patiemment depuis plus de mille ans ?
Réminiscences enfantines
Aussi loin que je me souvienne, le Mont Saint-Michel est dans mon cœur, foulant ses ruelles et ses marches à maintes reprises dans mon enfance avec la famille normande, et puis, plus tard avec mes propres enfants. C’est un doux ami, silencieux, toujours mystérieux dont émane une certaine énergie…
Je l’ai délaissé depuis si longtemps… mais cette année… l’année du Millénaire de l’Église abbatiale, poussée par une force invisible, irrépressible, je reviens telle une miquelote, une pastourelle flâner dans ses ruelles, déterminée. En ce mardi 24 octobre 2023, l’esprit s’élève de bon matin au soleil levant, loin du tumulte de la foule, à tire d’ailes, au plus près du ciel, attirée par l’Archange Saint-Michel en armure dorée, flamboyant de mille feux, tout là-haut sur la flèche de l’Église abbatiale, pièce maîtresse du Mont.
Naissance du Mont Saint-Michel
Certaines questions taraudent intérieurement chacun des visiteurs du Mont : « Comment est né le Mont Saint-Michel ? Pourquoi ici ? »
La réponse résiderait dans une célèbre relique, une preuve factuelle, la plus importante de celle de l’histoire du Mont Saint-Michel, présente ici même, pour le Millénaire dans l’Église abbatiale… le crâne de l’Évêque d’Avranches, Saint-Aubert…
Une légende raconterait la victoire de Saint-Aubert sur un dragon qui harcelait les troupeaux de la région. Saint-Aubert aurait fait fuir le dragon en faisant le signe de croix et en jetant sur celui-ci son étole, lui intimant l’ordre de rejoindre les flots et de ne plus jamais revenir.
Saint-Aubert aurait également assisté à la bataille céleste entre Saint-Michel et un autre dragon. Une bataille qui s’acheva sur le Mont Tombe, là, précisément où Saint-Michel aimait méditer et où il terrassa le Malin… Satan d’après l’Apocalypse. Ainsi, en 708, Saint-Aubert aurait eu une vision dans laquelle l’Archange lui aurait ordonné de construire une église en son honneur.
Ainsi, le songe de l’Évêque Aubert semblerait être le point de départ de cette miraculeuse histoire du Mont Saint-Michel. Dans un manuscrit que l’on a pu conserver, on raconte aussi que par trois fois l’Archange Saint-Michel lui demanda de construire un sanctuaire sur le Mont Tombe. Les deux premières fois, Aubert n’accéda pas à cette requête pensant sincèrement que vu l’état du Mont Tombe cela lui serait impossible, et que peut-être également le Malin se jouait de lui en venant le tourmenter, mais… La troisième fois, lorsqu’Aubert se réveilla, il comprit qu’il n’y avait plus aucun doute. En effet, l’Archange Saint-Michel avait appuyé si fort de son doigt angélique sur le crâne de l’Évêque Aubert qu’il y forma un trou visible au réveil, preuve formelle de son ordre…
Rassurez-vous, l’Évêque Aubert n’est pas mort mais… Vous l’aurez facilement compris, il entreprit rapidement de réaliser la mission confiée par l’Archange Saint-Michel.
Cette histoire miraculeuse fit, bien sûr, affluer de nombreux pèlerins au Mont Saint-Michel à partir du VIIIe siècle et quasiment jusqu’à la Révolution française.
Si vous souhaitez continuer à percer les mystères et en découvrir encore plus sur l’abbaye millénaire, hâtons-nous de suivre notre guide, pour la matinée, Thibaut Hastey, c’est par ici !
Évidemment, les pèlerins qui viennent ici souhaitent en savoir plus sur l’Archange Saint-Michel. Qui était-il au juste ?
A pieds, marchant vers le mont, vous ne pourrez vous empêcher de lever les yeux vers le ciel, vers la flèche de l’Abbaye, attiré par des éclats dorés et alors vous découvrirez… Saint-Michel terrassant le Dragon (1897), une statue sommitale en bronze doré sur la flèche abbatiale du Mont Saint-Michel. Cette sublime statue a été réalisée par Emmanuel Frémiet, sachez qu’une réplique de celle-ci se trouve également au sommet du clocher de l’Église Saint-Michel des Batignolles à Paris. L’exemplaire personnel d’Emmanuel Frémiet fait partie désormais des collections du Musée d’Orsay à Paris. De plus, en ce moment, vous pourrez admirer son moule de plâtre blanc, à taille réelle, à l’intérieur de la billetterie même. Certains visiteurs, billet en main, passent même à côté du moulage en plâtre, sans même s’en rendre compte…
L’Archange Saint-Michel, psychostase et psychopompe
« Dans un premier temps, Saint-Michel est bien sûr le chef des Anges, le chef des milices célestes », nous confirme Thibaut. « C’est un personnage aérien, c’est pourquoi on a construit ce sanctuaire en hauteur, des ailes également pour cette symbolique, Saint-Michel est un archange protecteur. C’est un guerrier, regardez sa lance, il terrasse le dragon ! »
L’Archange Saint-Michel est donc un être céleste, représenté ailé, à contrario de Saint-Georges qui lui n’est pas ailé et combat le Dragon à cheval, c’est ainsi que nous pouvons les distinguer dans leurs diverses représentations.
« Dans un second temps, c’est un Archange que l’on dit psychostase et psychopompe, difficile de replacer ces mots dans une conversation avec quelqu’un de normal, d’ordinaire… » sourit notre espiègle Thibaut, puis il ajoute : « L’Archange Saint Michel est un peseur d’âmes. C’est lui qui, avec sa balance, estime le poids des péchés et qui va autoriser une âme à accéder au Paradis ou… pas. C’est lui également qui va mener les âmes élues vers Saint-Pierre. Dans le cas contraire, ce sera les flammes de l’Enfer. »
L’Église Abbatiale Millénaire appelée : La Merveille depuis le XVIe siècle
La Merveille se mérite, il a fallu gravir environ quelques 350 marches avant de l’atteindre, tout là-haut, au sommet du Mont Tombe. Il est à souligner que tumba dans ce contexte-ci, signifie plutôt : « tertre » ou « élévation ». Donc, lorsque l’on se rend au Mont Tombe, c’est en quelques sortes pour s’élever… Toujours un peu plus près du ciel… Toujours un peu plus près de l’Archange qui nous ouvre le chemin vers le bleu du très haut.
C’est ainsi qu’autour de Thibaut Hastey, avranchinais de naissance, guide à l’humour courtois, du Mont Saint-Michel que notre petit groupe de visiteurs se forme sur la terrasse devant La Merveille, face à la baie. Comme le souligne Thibaut, nous sommes face à la Bretagne d’un côté et de l’autre face à la Normandie, le Couesnon constituant ainsi une frontière entre les deux. Thibaut rappelle également que si les visiteurs souhaitent voir le Mont Saint-Michel en position d’insularité, il faudra alors venir lors des périodes de fort coefficient de marée. Notons toutefois que le Mont est, de fait, une « île ».
C’est ainsi que nous comprenons aisément qu’à l’époque, il s’agit d’une zone navigable et que par conséquent, les visiteurs se déplacent régulièrement en bateaux.
Lorsque la marée est haute, vivres et matériaux sont ainsi acheminés par bateaux. Pendant 600 ans, on construit sans interruption.
L’archipel des îles Chausey, carrières de pierres pour le Mont ?
C’est alors que Thibaut, notre espiègle conteur, nous interroge : « Où va-t-on chercher les pierres ? C’est une question à se poser ? Peut-être que vous ne vous la posiez pas ?… Hum… Mais maintenant… Oui… » Notre guide souriant nous explique ainsi qu’au large, à environ 33 km, il y a les îles Chausey, un archipel pittoresque. Il s’agit du seul groupe d’îles parmi les îles anglo-normandes qui soit toujours un territoire français. En effet, c’est un archipel qui a été offert aux moines bénédictins installés ici par le Duc de Normandie en 966 pour servir de carrières de pierres. Il y a 52 îles à marée haute et 365 îlots à marée basse. Ainsi, les délais de construction seront réduits…
Thibaut nous explique avec humour que les anciens disent que « lorsque l’on voit les îles Chausey… Il va pleuvoir et que… Lorsqu’on ne les voit pas, c’est… Qu’il pleut déjà ! »
Pour plus d’informations, consultez l’Office du tourisme : www.ot-montsaintmichel.com
Ou adressez-vous, directement, au service d'information du Mont Saint-Michel : https://www.abbaye-mont-saint-michel.fr/visiter/informations-pratiques
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