Le Pieux, le Vieux, le Sage, le Roi Soleil : autant de surnoms des rois de France devenus familiers à nos yeux. Que se cache-t-il derrière chacun d’eux ? Si vous voulez en savoir davantage, cet article est pour vous.
Surnoms des rois de France et titres : une confusion à éviter
Rappelons qu’un surnom, selon le Larousse, est le « nom ajouté au nom ou au prénom de quelqu’un » ou la « désignation substituée au nom véritable de quelqu’un ». Il faudrait en effet ne pas confondre les surnoms et les titres attribués aux rois de France tels que « Fils aîné de l’Église », ou « Roi très chrétien » ou parfois « Sa majesté très chrétienne ». Depuis l’époque médiévale en particulier, a existé un lien très fort entre l’Église et la monarchie française. La France, se revendiquant comme la nation protectrice de l’Église, a d’ailleurs obtenu le titre de « Fille aînée de l’Église ». Quoique moins souvent employé de nos jours, cet attribut reste d’actualité.
Les surnoms des rois de France : pourquoi ils apparaissent
Si nous connaissons les rois de France par leurs prénoms et leurs numéros, il faut savoir que la numérotation n’a pas forcément existé de leur vivant. L’historien Michel-André Lévy, s’est penché sur cette question et en conclut que la numérotation actuelle ne correspond pas forcément à leur règne.
Quant aux surnoms des rois de France, ils seraient apparus pour éviter la confusion entre le nombre impressionnant de Louis, de Charles et autres patronymes attribués aux princes héritiers qui adoptaient de préférence le nom de leur prédécesseur. Le choix du surnom s’explique le plus souvent par une caractéristique physique ou morale du monarque, de manière à le différencier des homonymes, mais il s’avère que le surnom n’a pas toujours été attribué du vivant de celui-ci. Parfois, le même surnom est donné à plusieurs rois, par exemple Robert le Pieux et Louis le Pieux. Dans le même temps, un seul monarque peut se voir attribuer deux surnoms.
Cédric Lemagnent, l’auteur de l’ouvrage intitulé De Clodion le Chevelu au Roi soleil, estime que les surnoms des rois présentent de façon ludique l’histoire de France. Passons en revue les surnoms les plus représentés dans les diverses dynasties royales.
Surnoms royaux chez les Mérovingiens
Chez les Mérovingiens, il y a peu de surnoms à retenir, sinon celui de Clotaire 1er dit le Vieux et ceux qui furent attribués à Clovis II. Clotaire, fils du roi Clovis, roi des Francs, issu de la dynastie mérovingienne, aurait eu à droit au qualificatif de « vieux » à cause de sa longévité exceptionnelle. Il régna de 1’an 511 à l’an 561.
Le surnom « le Fainéant » a été dévolu au fils du roi Dagobert, Clovis II, réputé pour sa mollesse et sa tendance à déléguer ses pouvoirs. Toutefois, il était aussi désigné comme « le Père des pauvres », pour sa propension à venir en aide aux plus démunis.
Développement des surnoms chez les Carolingiens
Les historiens situent la véritable apparition des surnoms lors de la dynastie carolingienne. Pépin III, surnommé « le Bref », aurait reçu ce surnom a posteriori, après sa mort, à cause de sa petite taille, probablement. Par ailleurs, Charlemagne, le plus célèbre des Carolingiens, est en soi un surnom issu du latin Carolus Magnus qui signifie « Charles le Grand ». Son fils Louis 1er fut surnommé « le Pieux », compte tenu de ses dispositions favorables au pouvoir ecclésiastique et de sa grande dévotion.
Que dire de son successeur Charles II, dit le Chauve ? Cet attribut peu flatteur n’est pas dû à une quelconque calvitie, mais vient d’une tonsure, car Charles comptait devenir abbé. Les surnoms des rois de France, s’ils sont pris à la lettre, peuvent conduire à des malentendus.
Les Capétiens
Dans cette troisième dynastie, les surnoms des rois de France ne manquent pas. En premier lieu, le surnom « Capet », attribué au roi Hugues 1er, a contribué à nommer la dynastie elle-même. Le nom serait issu de la déformation du nom caput qui veut dire « tête ». Le fils de Hugues Capet, Robert II, fut surnommé « le Pieux », pour sa grande ferveur religieuse et sa vie quasi monacale.
Quant à Louis VI, il fait partie des rois affublés de deux surnoms : « le Gros » et « le Batailleur ». L’homme s’est montré brave durant son règne, mais l’amour de la bonne chère le prédisposait à un certain embonpoint.
Les rois Philippe Auguste et Saint Louis sont bien plus connus par leur surnom que par leur nom véritable, Philippe II et Louis IX. Philippe Auguste, salué pour sa vaillance, avait su augmenter la superficie du royaume de France, tandis que Saint Louis, reconnu pour sa foi chrétienne exemplaire, a été canonisé le 4 août 1297.
Les Valois
Dans la dynastie des Valois également, les surnoms royaux se sont imposés. Le roi Jean II, dit le Bon, s’est surtout distingué par sa bravoure sur le champ de bataille. À cette époque, être bon voulait dire être brave. Son fils Charles V, dit le Sage, a hérité d’un surnom bien mérité. En dépit d’un handicap physique, il a su régner avec une grande clairvoyance. Certains historiens le considèrent comme « l’artisan du renouveau de la France ».
Les Bourbons
Le roi Henri IV, le premier des Bourbons et désigné surtout par son numéro, fait partie des monarques ayant hérité de deux surnoms. Jouissant d’une grande popularité dans le cœur des Français, on l’appelait « le bon roi Henri ». En outre, il était dénommé « Le Vert Galant », à cause sans doute de son goût prononcé pour les conquêtes féminines.
Pour conclure, citons l’un des surnoms des rois de France les plus connus, « le Roi Soleil », attribué à Louis XIV, considéré comme le plus grand roi de France. Louis XIV avait choisi comme devise Nec pluribus impar, c’est-à-dire À nul autre pareil. Son règne, le plus long de la monarchie française, fut à maints égards, incomparable. Selon de nombreuses sources, le choix de l’astre solaire comme emblème tient de « l’allégorie politique ». À la cour de Versailles, tout gravitait autour du roi. D’ailleurs, à l’occasion d’un ballet, le roi lui-même s’était déguisé en soleil levant.
Cette liste des surnoms des rois de France, loin d’être exhaustive, aura pointé du doigt que chaque surnom royal raconte toute une histoire. Un article à venir montrera que cette histoire est liée à celle des patronymes français …
Collaboration Evelyne Boilève
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