Le mois de décembre avec son cortège d’illuminations et de festivités ne saurait passer inaperçu. S’agissant de célébrer la fête de Noël, chaque région a une histoire à raconter. Un tour d’horizon de quelques traditions régionales peut s’avérer riche d’enseignements.
Les santons de Provence : une tradition identitaire
Selon la tradition provençale, à partir du premier dimanche de l’Avent, temps de préparation à la Nativité chrétienne, églises et foyers sont ornés de santons, petites figurines en argile représentant les personnages de la Nativité à savoir l’enfant Jésus, la Vierge Marie et Joseph. Le mot « santon » vient du provençal santoun qui signifie « petit saint ». Les santons de Provence représentent également les personnages familiers des villages de Provence soit des pêcheurs, des boulangers, des forgerons, etc… Dans la crèche, ils sont censés tous se diriger vers l’étable abritant la Sainte Famille. La légende raconte que les santons sont un héritage des moines franciscains. Saint François d’Assise, de mère provençale, fut le premier à représenter une crèche vivante en 1223 en Italie. Peu à peu, les crèches vivantes ont disparu au profit de personnages en cire siégeant dans les églises.
En France, au temps de la Révolution, suite à la fermeture des églises, les croyants s’ingéniaient à réaliser discrètement des crèches au sein de leurs propres foyers, bravant ainsi les interdits. Un sculpteur marseillais Jean-Louis Lagnel eut alors l’idée de fabriquer des personnages en argile, matériau très répandu à Marseille. Il devint le premier santonnier. La première foire aux santons eut lieu quelques années plus tard en 1808 et s’est popularisée dans la région. Intimement liés aux célébrations de Noël, les santons de Provence font partie des traditions régionales les plus représentatives de l’identité provençale.
L’Alsace, berceau des marchés de Noël et de la Saint-Nicolas
Les marchés de Noël fleurissent sur le territoire mais ils restent une tradition typiquement alsacienne : les premiers marchés de Noël sont apparus à Strasbourg en 1570. Avec la réforme du protestantisme, les premiers « marchés de la Saint-Nicolas » furent rebaptisés Christkindelsmärik , c’est-à-dire « marchés de l’enfant Jésus ». Ils permettaient aux parents d’acheter aux enfants des cadeaux distribués selon la légende par saint Nicolas, personnage mythique inspiré par l’évêque de Myre, réputé pour sa bienveillance envers les enfants. Il est considéré comme l’ancêtre du Père Noël. Ces marchés d’origine germanique ont fait rayonner la culture alsacienne dans le monde. Ils se sont multipliés à travers la France et l’Europe à partir des années 1990. Ils perpétuent « la magie de Noël » avec force décorations, attractions et friandises de toutes sortes pour le plus grand bonheur des visiteurs épris de traditions régionales. Les marchés de Noël se déroulent du 25 novembre au 25 décembre ce qui correspond à la période de l’Avent.
La bûche de Normandie
Le repas de Noël se termine traditionnellement par un biscuit roulé au chocolat appelé « bûche de Noël ». D’où vient cette coutume ?
Dans certaines régions de France et en Normandie notamment, perdure une tradition vivace qui consiste à laisser reposer une grosse bûche dans la cheminée. L’aîné de la famille se charge de déposer les cendres de la bûche du Noël précédent. Les enfants s’éloignent, priant pour que la bûche leur apporte de nombreux cadeaux. Dans le même temps la famille s’empresse alors de déposer les cadeaux. Le 25 décembre les enfants ravis découvrent leurs cadeaux siégeant au pied de la cheminée. Les cendres de la bûche du jour seront recueillies en vue du cérémonial de l’année suivante et ainsi de suite. Cette coutume fait partie des traditions régionales puisant leurs sources dans le « Yule », célébration anglo-saxonne associée au solstice d’hiver, nuit la plus longue de l’année.
Noël aux Antilles-Guyane : au rythme des chanté nwel
À des milliers de kilomètres de l’Hexagone, dans les Antilles françaises ainsi qu’en Guyane la fête de Noël est célébrée de manière fort différente. Durant le mois de décembre, l’une des traditions régionales les plus emblématiques en Outre-mer est la tradition des chanté nwel. Ces derniers correspondent à une longue période de réjouissances ponctuée par des rassemblements entre parents ou amis qui entonnent des cantiques annonçant joyeusement la naissance du Christ.
« S’il est difficile de dater le début de cette tradition, il est certain en revanche qu’elle est née du mélange de la culture européenne et des us des esclaves africains convertis au christianisme. » peut-on lire sur le site de l’Office du tourisme du Nord de l’archipel guadeloupéen.
Les cantiques chantés à l’origine exclusivement en français s’accompagnent de mots créoles et d’instruments traditionnels tels que le ka ou le bèlè (tambours de Guadeloupe et de Martinique), ou d’instruments plus modernes.
De nos jours, la tradition née dans les campagnes antillaises tend à s’urbaniser et à se professionnaliser. Associations et orchestres aguerris organisent de véritables spectacles présentant un caractère de plus en plus festif. Aux Antilles et en Guyane la période de l’Avent se veut axée sur le partage, la bonne humeur et la convivialité.
Les traditions régionales en disent long sur les coutumes ancestrales ou contemporaines propres à chaque territoire. À chaque région, ses traditions, son style de célébration. Le respect du patrimoine, c’est aussi la magie de Noël.
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