Chaque année, comme le veut la tradition, l’association des Cuisinières de Guadeloupe célèbre dignement la fête des Cuisinières, évènement incontournable des grandes vacances scolaires. Cette célébration des plus animées tend à honorer le patrimoine culinaire et vestimentaire des Antilles françaises.
Une fête plus que centenaire
La fête des Cuisinières, célébrée le 12 août dernier a 107 ans d’âge. Son histoire bien ancrée dans la tradition commence avec un bel élan de solidarité. Il fallait venir en aide à une cuisinière qui ne pouvait offrir des funérailles décentes à son mari. Ainsi voit le jour une association tontinière, le Cuistot mutuel créé le 14 juillet 1916. C’est la première mutuelle de la Guadeloupe. Tradition oblige, la fête se déroule le samedi le plus proche du 10 août, date de la mort de Saint Laurent, diacre espagnol qui mourut en martyr, brûlé vif. Saint Laurent est le saint patron des cuisiniers et rôtisseurs. Un hommage solennel lui est rendu à l’occasion de cette fête haute en couleurs, unique dans la Caraïbe. Le tablier que portent les Cuisinières, l’une des pièces maîtresses de leur tenue, arbore l’emblème de leur saint patron, un gril et un poisson.
Ainsi donc la fête des Cuisinières, dès sa naissance, est résolument tournée vers la générosité et la transmission.
Un rituel immuable
Chaque année, la fête se déroule suivant un cérémonial précis. Les Cuisinières se rendent à l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Pointe-à-Pitre, parées de leurs plus belles tenues, leurs coiffes et leursbijoux traditionnels. Leurs paniers et ustensiles de cuisine sagement exposés à l’intérieur de l’édifice sont destinés à être… bénis durant la messe. La cérémonie religieuse est suivie d’un défilé majestueux dans les rues de la ville pour le plus grand bonheur des Pointois et des visiteurs. Les élégantes Cuisinières leur distribuent généreusement les friandises préparées pour la circonstance. En outre c’est l’occasion d’apprécier ou de découvrir les sons de la musique locale.
La procession se termine par une halte au Marché aux Épices. Rien n’est laissé au hasard. « Toute l’histoire des Cuisinières part de là. C’est ici qu’elles allaient se ravitailler pour pouvoir préparer le repas des patrons », explique Rony Théophile, l’actuel président de l’association des Cuisinières de Guadeloupe, soulignant le caractère « très symbolique » du parcours rituel. Les festivités se terminent par un grand banquet de 600 à 700 couverts. Avec chaque année une thématique culinaire différente. Véritable vitrine gastronomique de l’île, la fête des Cuisinières conforte son attractivité d’année en année. L’évènement serait éligible au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
« Pour faire partie de l’association, être une excellente cuisinière n’est pas le critère déterminant » précise le président René Théophile qui ajoute : « il faut surtout être friand de nos valeurs, croire en elles et désirer les partager, notamment avec les jeunes générations ».
La plus jeune Cuisinière serait âgée de huit ans. La relève est donc assurée. Pour l’heure, la fête des Cuisinières aura rempli sa mission.
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