Partout dans le monde, les gens se souviennent de leurs morts. Des fêtes et des commémorations sont organisées depuis très longtemps. En Europe, plusieurs fêtes existaient au début de notre ère. Samain pour les Celtes, la fête du Panthéon à Rome sont celles qui ont marqué notre culture.
Samain, la fête celte
Samain était une période hors du temps où l’autre monde (le Sidh, monde où vivent les morts) et notre monde entraient en contact. Cela marquait également le nouvel an celte. L’année, comme le jour, était séparée en deux, la partie sombre et la partie claire. Tous deux commençaient par l’obscur. Le jour du passage à l’an neuf était le 1er novembre, mais Samain durait une semaine, trois jours avant la pleine lune de novembre, le jour de la pleine lune lui-même, puis trois jours après. Les druides menaient la fête qui était obligatoire. Tout manquement était passible de la peine de mort.
Il se pourrait que Samain soit aussi le nom du dieu de la mort celte qui, ce jour-là, guidait les morts de l’année vers leur nouvelle destination. Cette nuit-là, tous les feux s’éteignaient, même le feu sacré des druides. Puis, lors d’une cérémonie, le feu sacré était de nouveau allumé avec des branches de chêne. Une braise était transmise à chaque foyer assurant le renouveau et honorant le dieu du soleil. Si les morts pouvaient rendre visite aux vivants, les mauvais esprits aussi. Pour conjurer le sort, les Celtes se déguisaient pour les effrayer.
À cette occasion, des festins gigantesques étaient organisés. Selon les sources écrites publiées sur le site digitalmedievalist.com, Samain serait aussi l’occasion « de voter des nouvelles lois, de rendre la justice, de célébrer la fin des moissons, de célébrer des mariages officiels. »
La Toussaint et la fête des morts
À la même époque, à Rome, une fête honorant les dieux romains, avait lieu au Panthéon, au mois de mai. Dès le IVe siècle, Byzance célébrait ses martyrs le dimanche suivant la Pentecôte. Actuellement l’église orthodoxe fête la Toussaint à cette date. En 610, le Panthéon fut transformé en basilique et dédié à la Vierge Marie et aux martyrs. Deux siècles plus tard, le christianisme touchait les régions celtiques.
Confrontés aux rites de Samain, les évêques demandèrent d’instituer une fête des morts le 1er novembre. Le pape Grégoire III transféra la Toussaint au mois de novembre et Louis le Pieux en fixa la date au 1er novembre, en 835. Ce n’est qu’au XIe siècle que la fête des morts fut instituée le 2 novembre. Samain disparaît de France, bien que dans certaines régions, comme en Lorraine, les jeunes s’amusaient à faire des farces la nuit du 31 octobre. Selon une ancienne coutume, une bougie brûle sur les tombes pour guider les morts vers la lumière.
La Toussaint est une fête joyeuse qui encourage les chrétiens à suivre la voie des Saints, que l’on prie pour être guidé, afin de s’élever spirituellement, mais aussi pour soulager la souffrance humaine. Le 2 novembre, lors de la fête catholique des morts, les croyants prient pour intercéder auprès du Seigneur, afin de soulager la peine des défunts expiant leurs péchés au purgatoire.
Halloween, une fête qui a perdu son âme
En Irlande, au XIXe siècle, Samain retrouve de la vigueur grâce, entre autres, à Lady Jane Francesca Wilde, une poétesse irlandaise qui publie Ancient legends, mystic charms, and superstitions of Ireland, une œuvre qui présentait la mythologie de la « vieille race » irlandaise, y compris de nombreux rites et légendes concernant la nuit du 31 octobre au premier novembre. C’est ainsi qu’Halloween apparaît.
Lors de la Grande Famine de la fin du XIXe siècle, les Irlandais émigrent en masse aux USA, emportant avec eux cette tradition. Elle marque le début du cycle hivernal, celui de la lutte entre les ténèbres et la lumière. Pour les sociétés paysannes, l’hiver avait un caractère ambigu et inquiétant.
La légende veut que cette nuit, les âmes qui n’ont pas eu accès au paradis errent dans les campagnes. Les gens se déguisent pour leur faire peur. Pour les faire fuir, on évidait un gros navet et découpait des yeux et une bouche. Il était placé devant la maison, une bougie allumée à l’intérieur.
Depuis, le navet se transforme en citrouille et les déguisements donnent envie d’être soi-même un mauvais esprit. La fête est devenue si commerciale que le bénéfice de certains magasins est supérieur durant la période d’Halloween à celui des fêtes de Noël. Les enfants déguisés sortent en groupes pour aller réclamer des bonbons aux voisins en disant « tu paies ou tu as un sort » et se régalent de sucreries ou font une farce à ceux qui refusent. Ce qui n’a plus rien à voir avec l’esprit de Samain.
L’Église catholique, révoltée par cette fête en qui elle voit le retour au paganisme, cherche des armes pour lutter contre elle. La jeunesse catholique organise donc des concerts rock ce soir-là pour donner la possibilité aux jeunes qui veulent s’amuser, de le faire sans Halloween.
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