La vielle à roue : instrument traditionnel, folklorique, toujours vivant aujourd’hui
Sébastien Tourny, luthier de son métier, au pays des Maîtres Sonneurs, semble avoir un nom de famille bien prédestiné. Non pas qu’il nous donne le « tournis », mais bien parce qu’il « tourne, tourne » la manivelle des vielles à roue qu’il conçoit très patiemment dans son atelier d’artisan d’art, ici dans la région Centre- Val de Loire, dans la petite ville de La Châtre.
C’est donc en toute simplicité, en compagnie de son chien et avec un grand sourire, que nous reçoit Sébastien Tourny, célèbre luthier de la région, facteur de vielles à roue.
Sébastien Tourny, luthier et la transmission de son savoir-faire aux jeunes générations
La formation au lycée professionnel de La Châtre est arrivée par le biais du Festival Le Son Continu, le prof d’ébénisterie M. Bélanger, et le comité Georges Sand ont mis en place une classe de lutherie, pour faire découvrir la lutherie aux élèves. À l’époque, un professeur de technologie a créé un document spécifique, dédié uniquement à la fabrication de la seule vielle à roue, une sorte de « bible du comment fabriquer sa propre vielle à roue » pour les élèves.
Aujourd’hui, ils sont cinq intervenants professionnels : Lisa Wolf qui intervient au sujet de la cornemuse, Jérémie Vanglabeke qui intervient pour l’accordéon diatonique, Bertrand Bonnefoy qui est facteur de guitare et leur transmet la fabrication du ukulélé, Timothée Jean qui est luthier Quatuor, installé à Montluçon et Sébastien Tourny lui-même pour la vielle à roue.
Sébastien Tourny nous éclaire sur la transmission. Ici, à La Châtre… « Nous intervenons tous, à peu près 3 à 4 semaines. L’objectif, c’est vraiment de faire découvrir la lutherie. Si les élèves sont passionnés par le métier de lutherie, ils peuvent intégrer des écoles comme Newark College en Angleterre, Crémone en Italie ou Mirecourt et Itemm en France. Quand nous parlons de quatuor, cela concerne le violon, le violoncelle, l’alto, et la contrebasse. »
Sébastien Tourny nous confirme que le métier de luthier ne se perd absolument pas. « Il y a une quinzaine de facteurs de vielles à roue en France. L’école de Mirecourt, par exemple, a été créée par des luthiers, car dans les années soixante-dix, ils n’étaient plus qu’une vingtaine.
Aujourd’hui, il y a plus de 700 voire 800 luthiers inscrits à la chambre des métiers en France. Et la Chine s’intéresse beaucoup à la lutherie des quatuors et à la guitare, mais, par contre, pas à la vielle à roue. La Chine fabrique du pas cher et qui marche bien. Donc, les musiciens achètent plus facilement des instruments dans des grandes marques chinoises plutôt que chez les luthiers. »
Sébastien Tourny analyse le métier de luthier, aujourd’hui. Il constate que le travail principal des luthiers consiste de plus en plus à réviser, à réaliser des réglages plus personnalisés sur les instruments des musiciens : comme la touche, le son, mais ils le font sur des instruments chinois. Nombreux sont les luthiers français ou étrangers, par conséquent, qui font fabriquer des instruments en Chine ou en Roumanie. Ils les récupèrent « à blanc », ce qui signifie que l’instrument sera verni et fini dans son propre pays de vente.
Ainsi, les instruments leur coûtent peu cher à la fabrication, mais sont revendus au prix fort aux clients. Sébastien Tourny relève que le point fort de la fabrication des instruments français, en France, par un luthier français restera, bien sûr, toujours la qualité. Mais celle-ci a un prix.
« La différence entre un violon chinois ou une guitare chinoise, c’est que c’est standardisé. Les instruments ont tous le même réglage. Par exemple, la hauteur entre la touche et la corde, c’est une hauteur standard. Donc, s’il y a des musiciens qui appuient plus ou moins fort, il faut qu’ils changent cela, c’est donc à ce moment-là que les musiciens vont se rendre chez leur luthier pour qu’il règle tout cela », précise Sébastien Tourny.
Ainsi, voici toute la différence entre un musicien qui va faire fabriquer son instrument directement chez un luthier et celui qui va l’acheter chez une grande marque chinoise. Dans le premier cas, toute la fabrication de son instrument sera personnalisée, au fur et à mesure du processus, en harmonie avec le luthier qui écoutera ses demandes. C’est une vraie relation de confiance qui s’installera alors tout naturellement entre le musicien et le luthier, au cours du processus de conception de l’instrument.
Motivation et cœur du luthier
Sébastien Tourny, en toute humilité, nous explique que ce qui l’anime dans la vie, ce n’est pas l’argent, c’est vraiment l’amour de son métier et des gens, de donner du plaisir à un musicien qui vient chercher son instrument chez lui. Il aime ce côté humain. Il aime son cadre de vie au calme, ici dans sa région natale. Il nous avoue que s’il était animé par l’argent, il ne serait pas là.
Nous sentons bien également que Sébastien Tourny préfère travailler à taille humaine, communiquer, échanger avec les autres, que l’âme de l’instrument qu’il fabrique grandit en même temps que la relation qu’il établit, en tant que luthier, entre lui et le musicien. C’est avant tout son cœur humain qui nous parle et c’est vraiment précieux pour les musiciens. Cette relation humaine simple qu’ils viennent chercher chez le luthier en premier lieu.
Il a devant lui quatre ans de travail, aussi ne s’inquiète-t-il pas. Il aurait pourtant bien aimé former un apprenti, mais les normes de sécurité demandées en France sont telles que cela le décourage de le faire. Tout simplement, Sébastien Tourny conseille aux personnes qui souhaitent devenir luthier… « d’essayer ».
Qu’il n’y a pas forcément besoin d’être dans le bois au départ, ce n’est pas obligatoire pour lui. « Certains élèves, cette année par exemple, n’ont jamais touché le bois ou les outils du bois. Certains élèves viennent d’univers totalement différents… L’une était comptable, et à la fin de l’année, elle a fabriqué son violon. » C’est l’élève qui a le plus progressé, selon Sébastien Tourny, car elle était très attentive et très motivée.
« En fait, il faut juste de la motivation. » Ainsi, c’est bien le cœur qui s’exprime dans l’artisanat. Si la motivation et le cœur sont là, tout ira bien, comme le souligne Sébastien Tourny. Rien n’est impossible, chers lecteurs. La motivation est le maître mot. La classe de lutherie, ici à La Châtre, c’est une formation dite « complémentaire », ajoute Sébastien Tourny.
Sur dix élèves, par exemple, il y a trois mineurs et les autres sont des personnes majeures, dont plusieurs en reconversion, qui ont envie de donner du sens à leur vie, de ne plus être dans le stress de leur ancien métier, par exemple, comme nous le fait comprendre Sébastien Tourny.
Découverte de l’atelier de Sébastien Tourny, fabrication d’un « chien » de vielle à roue
Dans son atelier, nous découvrons une vielle à roue en cours de finition, la dernière-née, qui, comme aime à le souligner Sébastien Tourny, « vient de pousser ses premiers cris ce matin après 70 heures environ de travail intense » car, en effet, les cordes viennent juste d’être installées avant notre arrivée. Cette jolie métaphore nous indique bien le lien unique et fort entre le luthier et son instrument qu’il considère précieusement, tel un être vivant, qui va encore grandir et évoluer. Qu’il va encore accompagner un petit bout de chemin, éduquer…
Sébastien Tourny, très pédagogue, nous explique chaque étape de la fabrication d’une toute petite pièce et détaille l’usage de chaque outil utilisé. Il fabrique ainsi sous nos yeux l’une des pièces maîtresse de la vielle à roue, appelée « chien ». Il faut savoir que la corde particulière qui aura le pouvoir de rythmer une mélodie reposera en effet sur cette toute petite pièce en bois d’érable, elle-même maintenue sur la table d’harmonie de la vielle par la pression de la corde et qui déterminera le son unique de l’instrument.Aussi, a-t-elle une si grande importance.
Le « chien » est taillé dans du bois d’érable qui a d’excellentes propriétés dynamiques au niveau de la vibration du bois, comme nous l’indique Sébastien Tourny. « L’érable est un bois qui bouge très peu, et donc le luthier peut vraiment descendre dans les épaisseurs et obtenir des bois très fins. » Les gestes sont précis, calmes, Sébastien Tourny passe d’une machine à l’autre avec une grande dextérité. L’expérience est bien là, prégnante… « C’est en forgeant que l’on devient forgeron. » Le luthier est en connexion totale, en osmose avec sa création. Il nous explique qu’il existe plusieurs tonalités de « chiens », plus le diamètre des cordes est épais, un peu comme pour tous les instruments, et plus l’instrument descend dans les graves.
L’histoire de la vielle à roue : un instrument à cordes frottées en compétition avec le violon
La différence fondamentale entre une vielle à roue et le violon réside dans le fait que les cordes sont frottées, non avec un archet, mais avec une roue en bois colophane qui fait office d’archet, et qui est entraînée elle-même par une manivelle qui va tourner ainsi de façon continue. Le musicien obtenant ainsi un son dit continu, pendant qu’avec son autre main, simultanément, il joue la mélodie désirée sur le clavier de l’instrument.
La vielle à roue serait née au XIIe siècle en Allemagne, et se serait propagée largement dans toute l’Europe à cette époque, notamment à la cour des Rois. Elle était donc à l’honneur, entre le XIe et XVIIIe siècle. Son ancêtre au IXe siècle s’appelait l’Organistrum. L’Organistrum tout comme la vielle à roue sont représentés au cours des siècles sur divers supports religieux, sculptures ou tableaux, comme ci-dessous parmi les anges musiciens lors du couronnement de la Vierge.
Sébastien Tournis nous explique que l’ancêtre de la vielle à roue, donc l’Organistrum à l’époque, se jouait à deux. « En effet, l’instrument était posé sur les genoux des deux musiciens. Un musicien ne tournait que la manivelle et un autre, au lieu d’appuyer sur les touches, tirait sur des petites tirettes en bois, qui allaient produire les notes. Les musiciens avaient peu de notes en ce temps-là à disposition, environ 7 ou 8. L’Organistrum était utilisé pour accompagner les chants grégoriens. À partir du XIVe siècle, l’Organistrum a disparu, car l’Harmonium (orgue sans tuyaux) est apparu. L’Organistrum est alors, un peu devenu « l’instrument du Diable ».
Sébastien Tournis poursuit sur l’histoire de la vielle. Alors, est apparue la vielle dite, chifonie ou symphonie à l’inverse de l’autre, c’était tout petit, cela faisait comme une petite boîte où il y avait tout à l’intérieur, le clavier, la roue… Il n’y avait pas encore la rythmique… Au XVIIème XVIIIe siècle, c’était l’âge d’or de la vielle à roue… Marie-Antoinette s’est mise à jouer de la vielle et, bien sûr, il fallait que toute la cour joue de la vielle.
C’est d’ailleurs, à ce moment-là, qu’il y a eu énormément de corporations différentes dédiées à la fabrication de la roue à vielle. Le sculpteur était dédié aux sculptures de l’instrument, le marqueteur aux marqueteries, le luthier s’occupait des caisses de l’instrument. Il y avait de vrais chefs-d’œuvre à l’époque. La tête de l’instrument fabriquée pouvait l’être en bois d’ébène, par exemple, avec les dents en ivoire. L’objectif de l’époque, c’était que la vielle à roue détrône le violon. Il y avait une compétition directe entre le violon et la vielle à roue. L’objectif était d’avoir un « son continu » alors que le violon, lui, avec son archet, était obligé de s’arrêter. Heureusement, 300 ans plus tard, on s’aperçoit que le violon est toujours là. Le problème de la vielle, c’est que sa mécanique de clavier à l’époque faisait beaucoup de bruits, car les touches en ébène, ou en os, « claquaient ». Et ce son continu pouvait être envoûtant.
De ce fait, la vielle à roue est laissée de côté et ce sont les mendiants, les personnes de bas quartiers qui jouent de la vielle à roue. Elle revient grâce aux groupes folkloriques. Dans notre région, elle revient par exemple, avec un groupe folklorique qui s’appelle Les Gâs du Berry qui a été formé en 1888.
Ce groupe souhaitait rassembler plusieurs musiciens pour jouer ensemble et ainsi animer les mariages, les fêtes de la Saint-Blaise, les enterrements, également autour de La Châtre. Les Gâs du Berry sont montés jusqu’à 100 musiciens. Ils constituaient un peu une sorte d’harmonie municipale comme aujourd’hui, mais en musique traditionnelle. Ce groupe existe encore.
En 1950, la vielle est retombée un peu dans les oubliettes, à cause de l’accordéon chromatique, car les musiciens de la vielle se sont mis à jouer de cet accordéon. Celui qui jouait de la cornemuse s’est mis au saxophone ou à la clarinette. Et ils jouaient ainsi des morceaux de musique de l’époque qui étaient plus faciles à jouer qu’avec une vielle.
En 1970, Gabriel Yacoub, avec le groupe Malicorne, groupe phare des années 70, a fait revivre la vielle à roue dans la musique traditionnelle, avec le Festival de Saint Chartier, Le Festival des Maîtres Sonneurs, de 1976 à 2013. Et enfin, avec le Festival Le Son Continu jusqu’à aujourd’hui qui a une renommée mondiale, il s’agit du plus gros Festival d’Europe en musique traditionnelle.
Le Festival annuel Le Son Continu, Festival de musique traditionnelle, au Château d’Ars, du 11 au 14 juillet 2025
Sébastien Tourny nous raconte la naissance de ce Festival… « Ce Festival a été créé en 1976 par Michèle Fromenteau, qui jouait de la vielle à roue plutôt en musique classique, et Jean-Louis Boncœur qui était un conteur renommé, professeur de dessin dans la vie courante et qui écrivait des contes berrichons. Leur objectif commun était de rassembler les musiciens et les luthiers. Souvent, le musicien allait voir son luthier et cela s’arrêtait-là. L’objectif c’était vraiment de créer cette rencontre.
Ils ont commencé ce festival qui était un festival type " petite fête de village " et qui très vite s’est développé. En 2012, c’était le plus gros Festival d’Europe où il y avait plus de 30 000 personnes qui venaient sur le petit village de Saint Chartier. Il y avait plus de personnes dans le off que dans le in, beaucoup de gens connaissaient le off mais pas le in. »
Le in correspondant aux luthiers, dans le parc du château, de nombreux festivaliers n’étaient jamais venus voir les luthiers, pourtant bien présents. Et puis, le Festival, c’est aussi le moment où les luthiers vont échanger de façon conviviale autour d’un bon repas avec leurs amis musiciens.
Chers lecteurs, vous découvrirez lors de ce festival des ateliers durant lesquels vous pourrez apprendre les danses bretonnes, la Bourrée du Berry, des danses traditionnelles également étrangères, grecques, des Balkans ou autres. Vous voyagerez dans le temps auprès de conférenciers passionnés qui évoqueront différents instruments retrouvés au fil du temps. Le Festival perpétue ainsi la musique traditionnelle, folklorique de différentes régions, chaque année du 11 au 14 juillet. La programmation de l’événement sera annoncée en mars. Plus de 20 000 personnes sont attendues comme chaque année. Donc, à vos agendas !
D’ailleurs, c’est vraiment lors de ce festival que Sébastien Tourny s’est rendu compte qu’il n’était pas le seul à jouer de la vielle. Ce Festival assoit une véritable promotion pour la musique traditionnelle. C’est une belle vitrine française qu’il ne faut pas négliger chaque année. Sébastien Tourny évoque Frédéric Paris. Il est, pour lui, la locomotive de la musique traditionnelle, car il sait jouer de multiples instruments traditionnels comme la cornemuse, la vielle, l’accordéon, et c’est un musicien très prolifique. Aussi, sa présence a-t-elle attiré énormément de monde.
« Ainsi, des musiciens venaient de plusieurs pays étrangers pour s’inspirer, trouver de nouvelles partitions, des albums pour apprendre ses morceaux. Aujourd’hui, la nouvelle génération de musiciens belges et italiens a ses propres compositions et cette génération avance. Leurs aînés se sont servis de tout ce que les Français ont fait, et eux créent leur propre musique. Cela fonctionne très bien. C’est même bien plus évolué chez eux que chez nous », enchaîne Sébastien Tourny.
« Lorsque vous allumez la télévision dans ces pays, vous avez des émissions entièrement consacrées au Festival, en France pas du tout. La seule tradition qui demeure, ce sont les Festivals de la Bretagne, de l’Irlande ou de la Corse, le reste, on n’en parle pas. Alors qu’en Italie, les musiciens de vielle à roue sont très connus, par exemple », confirme Sébastien Tourny, car il vient de faire des salons en Italie et en Hollande.
De plus, de nombreux groupes étrangers composés de jeunes musiciens, en plus de leurs voix, utilisent de plus en plus, à l’instar du groupe allemand Faun (Federkleid) de nombreux instruments traditionnels et anciens comme la vielle à roue, la harpe celtique, le bouzouki, la cornemuse, la cithare, les flûtes, le dulcimer, la mandoline, le luth et d’autres encore.
Sur leur dernier album Eden, ils privilégient ainsi le thème du Paradis du point de vue de différentes cultures et époques, avec des textes dans des langues anciennes, des dialectes germaniques anciens, le haut allemand par exemple ou, en ancien français, le latin …et où la nature a une place importante.
La vielle à roue est connue en Angleterre sous le nom de Hurdy-Gurdy, c’est pourquoi sans doute la célèbre chanteuse allemande, Patricia Buchler, a pris pour nom de scène Patty Gurdy. Sébastien Tourny nous parle également d’elle. Musicienne, Patty Gurdy avait présenté une chanson pour l’Eurovision intitulée Melodies of hope, accompagnée de sa vielle à roue de bois vert peint.
La vielle à roue se rectifie au fil du temps, se perfectionne, évolue et n’oublie pas ses origines
Sébastien Tourny plante le décor du Festival… « Les musiciens qui sont sur scène lors du Festival Le Son Continu jouent bien des morceaux traditionnels comme la Bourrée, comme la valse, cela part des origines qui vivent depuis très très longtemps, mais avec leur composition personnelle. 90 % des musiciens qui jouent sur scène ont leur propre musique.
Et ainsi, on peut parler d’une musique contemporaine et très vivante. » C’est ce qui permet d’évoluer pour Sébastien Tourny, au fil du temps. Comme elle évolue toujours par rapport à son temps, elle est finalement toujours en avance sur les choses, mais sans oublier d’où elle vient, ses origines traditionnelles, profondes.
« On m’a toujours dit que pour avancer, il faut savoir d’où l’on vient. C’est obligatoire. Donc on a les deux, les groupes folkloriques qui sont habillés comme à une certaine époque, qui ont figé l’époque et qui jouent comme à l’époque. Mais aussi, il y a, en parallèle, des groupes traditionnels plus folk qui prennent les bases de la tradition et les font évoluer », continue Sébastien Touny.
Les exigences des musiciens professionnels font mûrir la vielle à roue
Sébastien Tourny est convaincu que la vielle à roue va encore évoluer parce que ces dix dernières années, c’est l’instrument qui a le plus évolué par rapport à tous les instruments du monde. Il en est persuadé, car il a lui-même constaté cette grosse évolution dans son propre travail de luthier. En effet, ce qu’il faisait en 1989 n’a plus rien à voir avec ce qu’il fait aujourd’hui.
« Il y a bien toujours le clavier et les cordes, mais cela n’a plus du tout le même son, le même objectif. On est beaucoup plus régulier sur les choses, il faut que cet instrument soit parfaitement juste, alors qu’avant c’était un peu aléatoire. C’est un peu grâce aux musiciens professionnels qui ont de plus grandes exigences, qui ne souhaitent plus jouer qu’avec des cornemuses ou des accordéons. »
« Les musiciens professionnels jouent avec tous les instruments. Il faut pour cela que la vielle à roue soit considérée comme un " vrai " instrument de musique, à part entière, et pas simplement un instrument traditionnel. À une époque, on disait c’est une vielle, on ne peut pas faire mieux. Aujourd’hui, cela, vous ne l’entendrez plus. En effet, les luthiers, facteurs de vielle à roue, chercheront toujours à l’améliorer », explique Sébastien Tourny.
La vielle à roue semble donc être un être vivant qui est né, il y a quelques centaines d’années, qui grandit et devient adulte, s’améliore sans cesse avec le cœur des hommes et leur passion pour la musique, se rectifie, voyage et s’enrichit, entraînant avec elle, d’autres hommes, d’autres contrées, sans jamais oublier d’où elle vient, ni ses origines. Remercions ces âmes de bonne volonté qui souhaitent faire perdurer la tradition dans nos régions françaises et faire rayonner notre savoir-faire artisanal de par le monde.
La vielle à roue rassemble les cœurs des hommes : le cœur du musicien, le cœur du luthier, le cœur du danseur, le cœur du conteur, le cœur de l’« écouteur ». La musique n’existerait pas sans les instruments, sans les luthiers, sans les musiciens qui sont ses parents et la font vivre, sans cette reliance entre eux, ces connexions, sans ces affinités humaines prédestinées qui sont mues par la même motivation invisible, la communion du cœur des hommes sous des cieux des plus auspicieux.
« La musique est une loi morale. Elle donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée, un essor à l’imagination. Elle est un charme à la tristesse, à la gaité, à la vie, à toute chose. Elle est l’essence du temps et s’élève à tout ce qui est de forme invisible, mais cependant éblouissante et passionnément éternelle. » Platon
Alors, chers amis lecteurs, si le cœur vous en dit, venez découvrir dès l’année prochaine le Château d’Ars et son Festival Le Son Continu du 11 au 14 juillet 2025. N’hésitez surtout pas à venir poser vos questions aux différents luthiers et musiciens présents aux différents stands, venez rencontrer Sébastien Tourny lui-même et laissez-vous emporter au son des différentes danses folkloriques et traditionnelles de nos terroirs français.
J’ai presque envie d’ajouter : « Écoutez votre cœur, il sait ! » Un grand Merci à Sébastien Tourny pour son accueil chaleureux ! Vous pourrez retrouver l’intégralité de notre interview dans cette vidéo ci-dessous. Bon visionnage et….
Et …Pour en savoir encore plus :
Rendez-vous sur le site de Sébastien Tourny, en cliquant 👉ici
Pour le site du Festival Le Son Continu, c’est par 👉ici
Si jamais vous souhaitez devenir bénévoles au Festival, une adresse :
benevoles.lesoncontinu@gmail.com
Et enfin, si vous êtes passionnés de lutherie, deux écoles françaises de luthiers vous attendent.
L’école de luthiers de Mirecourt, en cliquant par 👉 ici
Et l’école de luthiers d’Itemm, 👉 ici
Remarque : Pour découvrir d’autres sujets, n’oubliez pas de cliquer sur les liens hypertextuels de cet article, d’autres mondes s’ouvriront ainsi à vous.
Belle lecture !
Et…À bientôt !
Collaboration Lu Malvino
Reportage Lu Malvino & Laurence Lefebvre
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