Les traditions de Noël si appréciées par les petits et les grands peuvent varier d’un site à l’autre. Il nous a paru intéressant pour la circonstance de présenter les coutumes propres à une région souvent appelée le pays de Noël, à savoir l’Alsace.
Dès la fin du mois de novembre, les rues alsaciennes se parent de leurs plus beaux atours liés aux traditions de Noël. Trois personnages mythiques sont mis au goût du jour : Saint Nicolas, Hans Trapp et Christkindel. Prenons le temps de les découvrir.
Saint Nicolas le généreux
Personnage légendaire par excellence, Saint Nicolas est très populaire en Alsace, région fortement influencée par les cultures germaniques. Vêtu d’un long manteau rouge et le visage auréolé d’une abondante barbe blanche, il est généralement représenté avec une crosse. De nature bienveillante et généreuse, c’est lui qui distribue aux enfants friandises et gâteaux dans la nuit du 6 décembre. En guise de remerciements, les enfants, en vue de son passage, laissent sur le pas de la porte une carotte pour son âne et une boisson. Saint Nicolas, inspiré de l’évêque de Myre, originaire de la Turquie, serait le patron des enfants et des plus démunis. La fête de la Saint-Nicolas remonte au Moyen Age. La légende prétend qu’il aurait sauvé trois enfants d’une mort cruelle. Selon certaines sources, il serait l’ancêtre du Père Noël. En réalité, les enfants en Alsace reçoivent des cadeaux le 6 décembre et le 25 décembre. Nous expliquerons plus loin cette spécificité régionale.
Hans Trapp
Tout oppose ce personnage mystérieux au charismatique Saint Nicolas : l’allure, le caractère et la réputation ! Dans l’imaginaire des Alsaciens, Hans Trapp est représenté avec un long manteau de couleur sombre, un visage rébarbatif sinon effrayant. Il tient lieu de « Père Fouettard » conçu pour terroriser les enfants, les plus désobéissants surtout. La légende raconte que le personnage aurait pour origine un certain seigneur appelé Hans von Trotha réputé pour ses actes malveillants qui terrorisaient la population de Wissembourg en Alsace. Son château avait été érigé en forteresse imprenable. Hans von Trotha a vécu au XVe siècle. Il fut rebaptisé Hans Trapp, car le terme trappen évoque le bruit de ses pas. « Il est décrit comme un homme imposant aux cheveux hirsutes et à la barbe épaisse », peut-on lire sur un site touristique dans l’article intitulé La légende de Hans Trapp, le croque-mitaine alsacien. Son seul but est d’enfermer dans sa hotte les enfants qui n’ont pas été sages, puis de les perdre en forêt. Fort heureusement, « selon la légende, seul le bon Saint Nicolas serait capable de dominer Hans Trapp et de l’empêcher de commettre des sévices », conclut l’auteur du même article.
Christkindel, l’ange des traditions de Noël
Ce nom signifie « Enfant Jésus ». Christkindel relève des traditions répandues en Alsace, en Autriche, en Allemagne. Représentée sous les traits d’une jeune femme souriante aux traits fins et à la chevelure blonde, elle distribue des cadeaux la nuit du 24 décembre aux enfants sages. Dans le même temps, selon certains historiens, cette coutume ne serait qu’une déformation des célébrations de Sainte Lucie qui avaient lieu le 13 décembre avant la Réforme protestante.
Les deux personnages sont représentés avec une couronne de bougies sur la tête rappelant la couronne de l’Avent. Christkindel, avec sa robe blanche immaculée et son visage bienveillant, se présente comme un ange de lumière face au ténébreux Hans Trapp. L’incarnation féminine de l’enfant Jésus symbolise pour les croyants la victoire du bien contre le mal.
Les marchés de Noël d’hier
Les marchés de Noël sont nés au Moyen Age. De tradition germanique notamment, les premiers d’entre eux ont existé à Dresde, à Berlin ou Nuremberg en l’honneur de la Saint-Nicolas. À cette époque, c’est Saint Nicolas, ou Santa Klaus en allemand, qui donnait des friandises aux enfants sages. Un marché se tenait dans les diverses villes concernées avant le 6 décembre afin que soient disponibles les friandises et divers cadeaux destinés aux enfants.
Après la Réforme protestante, qui survint en Allemagne en 1517, il était question de minimiser le rôle des saints et de centrer la foi sur Jésus-Christ. Le rôle de donateur fut dévolu non plus à Saint Nicolas, mais à l’enfant Jésus, c’est-à-dire Christkindel. La fête du 6 décembre fut alors supprimée. La remise des cadeaux fut fixée au 24 décembre. Néanmoins, la tradition du marché a perduré, d’où la naissance des marchés de Noël qui ont remplacé les marchés de la Saint-Nicolas. Leur succès aidant, les marchés de Noël se sont mués en véritables foires annuelles.
Marchés de Noël d’aujourd’hui : un succès planétaire
Capitale de l’Alsace, la ville de Strasbourg demeura longtemps l’unique ville de France arborant un marché de Noël. Elle finit par obtenir le titre de « capitale de Noël » à partir des années 1990. Les marchés de Noël se mirent à fleurir en d’autres lieux, puis d’autres villes de France. De nos jours, du 24 novembre jusqu’au 24 décembre, les villes d’Alsace font rayonner la féerie de Noël : les petits chalets en bois présentent force décorations, spécialités culinaires, pains d’épices alsaciens, vin chaud, etc. Authenticité, convivialité et bienveillance sont de mise pour promouvoir les traditions de Noël. Le succès des marchés est désormais planétaire. Des foules venues du monde entier s’émerveillent face au savoir-faire exercé par des artisans soucieux de leur patrimoine.
En 2023, plus de trois millions de visiteurs ont afflué sur des centaines de stands valorisant la fameuse « magie de Noël ». Le modèle alsacien du marché de Noël, qualifié de véritable « poule aux œufs d’or », s’est exporté à Tokyo, à Moscou et à New York. Dans le même temps, des associations s’ingénient à éviter les dérives commerciales. « Une commission municipale veille à ce que les produits proposés restent en adéquation avec les traditions alsaciennes. (…) Ainsi, en 2010, ont été interdits bijoux et peluches », expliquent les rédacteurs de Wikipedia : la choucroute a « avantageusement » remplacé les paninis.
Une telle volonté permettra sans doute de respecter ces belles traditions de Noël, si précieuses pour chacun de nous.
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