Pendant 50 ans, Don Ritchie s’est réveillé le matin pour admirer la vue panoramique sur l’océan Pacifique depuis sa maison de Sydney. Mais il guettait aussi « toute personne se tenant trop près du précipice ».
M. Don Ritchie a empêché plus de 160 personnes de sauter de la falaise d’un célèbre lieu de suicide australien. Bien qu’il soit décédé il y a 11 ans, la plupart des gens se souviennent de lui pour son sourire enjoué, ses yeux bienveillants, sa voix douce et ses paroles célèbres qui ont persuadé des centaines de personnes désespérées de ne pas se suicider.
Il s’approchait lentement de vous et vous demandait : « Puis-je faire quelque chose pour vous aider ? Pourquoi ne viendriez-vous pas prendre une tasse de thé ? ».
« C’était souvent tout ce qu’il fallait pour faire changer les gens d’avis. Et il disait de ne pas sous-estimer le pouvoir d’un mot gentil et d’un sourire », se souvient sa fille, Mme Ritchie Bereny.
C’est ainsi que M. Don Ritchie a été surnommé l’ange ou le guetteur de Gap.
Quelques jalons dans la vie de M. Don Ritchie
Né en 1926 à Vaucluse, M. Don Ritchie a fréquenté l’école publique de Vaucluse et le Scots College. Il s’est engagé dans la marine royale australienne à bord du HMAS Hobart pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a assisté à la capitulation japonaise dans la baie de Tokyo.
Plus tard, M. Don Ritchie est devenu vendeur d’assurance-vie pour une multinationale et a mené une brillante carrière de la trentaine à la soixantaine. En 1964, il s’est installé dans la maison située sur Old South Head Road, près de l’extrémité sud du parc de Gap, où il a vécu jusqu’en 2012, date de son décès.
Les falaises abruptes de Gap, à l’embouchure du port de Sydney, ont fait d’innombrables victimes pendant des années. Il s’agit d’un lieu de suicide notoire, où seule une clôture d’un mètre sépare les personnes désespérées des falaises situées en contrebas. À un moment donné, plus de 50 personnes s’y sont suicidées chaque année, soit une personne par semaine.
Son dévouement à sauver les désespérés
Depuis son domicile, M. Ritchie repérait une personne sur la falaise et s’en approchait lentement. Puis, au bord de la falaise, il lui demandait s’il pouvait l’aider ou l’accueillir chez lui pour un thé et une oreille attentive.
« Vous ne pouvez pas rester là à les regarder », a-t-il dit un jour. « Il faut essayer de les sauver. C’est très simple.»
M. Ritchie était modeste et ne faisait pas ce qu’il faisait pour la gloire ou la reconnaissance. Néanmoins, ceux qui acceptaient son offre étaient les bienvenus chez lui pour prendre le thé et discuter. Parfois, tout ce dont les gens ont besoin, c’est d’une oreille attentive, d’un sourire bienveillant et de quelqu’un qui ne juge pas. Et c’est exactement ce que M. Don Ritchie leur offrait - il ne cherchait pas à savoir, il ne donnait jamais d’avis ou de conseils.
« Mon ambition a toujours été de les éloigner du bord du gouffre, de leur faire gagner du temps, de leur permettre de réfléchir et de leur donner une chance de réaliser que les choses pourraient s’améliorer le lendemain matin », a-t-il confié un jour.
La plupart des survivants étaient souvent reconnaissants qu’il fût là pour eux ce jour-là et venaient le remercier plus tard. Même les proches parents de ceux qu’il n’avait pas pu sauver venaient le remercier, sachant que leurs proches avaient eu une écoute bienveillante à la fin.
Le jour où M. Ritchie faillit mourir
Lorsqu’il était plus jeune, M. Ritchie risquait parfois sa vie en escaladant la clôture et en essayant de retenir les candidats au suicide pendant que Moya, sa femme, appelait la police. Mais un jour, une femme fut tellement déterminée à en finir qu’elle s’élança vers la falaise. M. Ritchie était le dernier rempart entre elle et sa mort en contrebas. Heureusement, elle ne réussit pas, car il aurait lui aussi basculé avec elle.
Cependant, dans les dernières années de sa vie, il gardait une distance de sécurité et invitait les gens chez lui.
Malheureusement, son sourire bienveillant et ses mots aimables n’ont pas sauvé tout le monde, et certaines personnes ont tout de même sauté. Les raisons qui poussent les gens à se suicider vont des problèmes médicaux aux maladies mentales, et on ne peut pas sauver tout le monde. Néanmoins, il aidait la police dans ses efforts de prévention.
De son vivant, il avait dit qu’il n’était jamais hanté par ceux qu’il n’avait pas pu sauver parce qu’il essayait de les aider tous du mieux qu’il pouvait.
En 2006, le gouvernement reconnut les efforts de M. Ritchie et lui décerna la Médaille de l’Ordre d’Australie. Il reçut également le prix Local Hero Award pour l’Australie en 2011. Un an plus tard, il meurt d’un cancer à l’âge de 86 ans.
Un mot gentil et un sourire
M. Ritchie était un « ange » rare qui était là pour les gens quand ils en avaient besoin. Lorsqu’on lui avait demandé ce qui se passerait lorsqu’il ne serait plus là, il avait répondu en riant : « J’imagine que quelqu’un d’autre arrivera et fera ce que j’ai fait ».
Il nous rappelle ainsi qu’il faut faire preuve de bienveillance, car la plupart des gens essaient de s’en sortir et de résister aux tempêtes de la vie. Comme le dit Gordon Parker, psychiatre : « Souvent, ils ne veulent pas mourir ; ils veulent plutôt que la douleur disparaisse. C’est pourquoi toute personne qui offre de la bonté ou de l’espoir peut aider diverses personnes ».
Rédacteur Albert Thyme
Source : Don Ritchie: Meet the Australian ‘Angel’ Who Saved 160 at a Suicide Spot
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