Dans le Nord-Ouest de la Chine, à la limite du désert de Gobi, se trouve une ville qui était autrefois une halte bénie pour le voyageur fatigué, sur la route de la soie : la ville de Dunhuang. Un peu plus au sud de cette étape, se trouve un haut lieu du Bouddhisme, les grottes de Mogao.
Entourée de dunes de sable majestueuses qui émettent un chant ou un roulement de tambour lorsque le vent souffle - d’où leur autre nom de dunes de sable chantantes « Ming Sha Shan » (鳴沙山) - Dunhuang se trouve dans une oasis historique qui continue d’être une destination incontournable pour d’innombrables voyageurs chaque année.
Le paysage impressionnant n’est pas la seule raison valable de visiter cette destination éloignée. À 25 km au sud-est du centre de Dunhuang se trouvent les grottes de Mogao, l’un des plus remarquables sites d’art bouddhique au monde.
Les grottes de Mogao comprennent un ensemble de 735 grottes contenant les plus beaux modèles de peintures et de statues bouddhistes. Vieilles de plus de 1 000 ans, ces grottes ont été initialement creusées pour servir de lieux de méditation et de culte bouddhistes, avant de devenir un lieu de pèlerinage pour les pratiquants, les artistes et les fonctionnaires.
Des scènes célestes dans les grottes de Mogao
Les anciens Chinois croyaient que les divinités apparaissaient aux pratiquants dans des visions. Ainsi, il est souvent avancé que les représentations stupéfiantes d’êtres célestes et de paradis célestes, sur les plafonds et les murs des grottes, ne sont rien d’autres que des représentations exactes de ce que les artistes ont été autorisés à voir.
Selon la légende, un moine bouddhiste nommé Le Zun (樂尊), pratiquant la peinture et la sculpture, décida de faire une pause dans son long voyage vers le Paradis de l’Ouest. Après avoir bu les eaux douces d’une source proche, il s’assit pour se reposer et contempla les vives couleurs du ciel alors que le soleil s’apprêtait à se coucher.
Soudain, les montagnes se mirent à rayonner et un glorieux Bouddha Maitreya doré apparut, flottant dans le ciel. Puis, le moine vit une myriade de bouddhas émerger, accompagnés de fées célestes qui remplissaient l’air de notes de musique angélique.
Ému par ce visage céleste, le moine décida d’utiliser ses talents artistiques pour représenter ce dont il avait été témoin. Le cœur plein de respect et l’âme pleine de gratitude, Le Zun mis tous ses efforts humains pour reproduire la solennité de l’événement.
Quelques années plus tard, un autre moine bouddhiste nommé Fa Liang (法良) visita le même endroit et eut une vision identique aux scènes décrites dans les premières peintures de la grotte. Se sentant humble et inspiré, le moine peignit sa vision dans une deuxième grotte et la remplit de statues pour honorer les êtres célestes qu’il avait entrevus.
Au fil du temps, les grottes sont devenues une destination religieuse et culturelle, où d’innombrables artistes et bouddhistes ont trouvé leur propre oasis spirituelle. Dans les années qui ont suivi, les grottes ont été remplies d’encore plus d’œuvres d’art, faisant des grottes de Mogao l’un des plus grands sites de sculptures de Chine, abritant certains des plus beaux modèles d’art de la dynastie Tang, notamment des peintures murales et des objets d’art.
Des peintures murales détaillées
Les peintures murales des grottes de Mogao sont aussi étendues que riches en contenu et raffinées en technique. Les peintures couvrent une surface totale de 46 000 mètres carrés, les grottes les plus élaborées ayant des peintures murales sur leurs murs et leurs plafonds. Les espaces qui ne sont pas occupés par des images figuratives sont remplis de motifs géométriques et de décorations végétales.
Dans la plupart des compositions, la figure centrale est celle d’un Bouddha entouré d’autres divinités et d’êtres célestes. Il est courant de voir des apsaras volantes ou « fei tian » (飛天) - des beautés célestes - sur les plafonds ou au-dessus des bouddhas, ainsi que des peintures narratives décrivant les histoires de la vie du Bouddha.
De grandes surfaces couvertes par des rangées d’innombrables bouddhas assis en position de lotus sont un autre thème commun à de nombreuses grottes. Chaque bouddha assis étant presque identique au suivant, ce motif fascinant ne donne pas seulement au site le nom approprié de « grottes aux mille bouddhas », mais rappelle au spectateur la croyance selon laquelle, grâce à la miséricorde bienveillante du Bouddha, tout le monde peut atteindre l’illumination et être sauvé.
Des sculptures envoûtantes
Aujourd’hui, les grottes de Mogao de Dunhuang abritent quelque 2 400 sculptures d’argile préservées. Comme dans de nombreuses représentations murales, les statues de Bouddha apparaissent comme les pièces maîtresses, entourées de bodhisattvas, de rois célestes, de fées et de figures mythiques.
Deux statues géantes font de Mogao un lieu à nul autre pareil. Représentant le bouddha Maitreya - le futur bouddha qui viendra au monde et rétablira le Dharma à la fin de notre époque - ces statues d’argile sont parmi les plus grandes du monde.
La plus grande, située dans la grotte 96, mesure plus de 31 mètres de haut et a été construite en l’an 695 sous l’impératrice Wu Zetian, qui est connue pour avoir encouragé la construction de monastères et de statues. La plus petite statue mesure 27 mètres de haut et a été construite entre 713 et 741.
Des grottes sacrées
Les grottes de Mogao ont été creusées dans le flanc d’une falaise. Pendant la dynastie Tang, une période d’apogée culturelle, le site comptait plus d’un millier de grottes, mais au fil du temps, beaucoup d’entre elles ont été négligées ou perdues, ce qui a réduit leur nombre à 735 grottes que nous pouvons voir aujourd’hui.
Les grottes situées dans la région sud de la falaise sont les plus populaires et fréquemment visitées pendant un pèlerinage ou un culte. Les grottes situées au nord, dépourvues de toute décoration, servaient principalement d’habitations, de chambres de méditation et de lieux de sépulture pour les moines.
Chacune des grottes de Mogao a été minutieusement sculptée à la main dans les falaises de conglomérat alluvial. Leur construction était souvent parrainée par des moines, des fonctionnaires ou des croyants fortunés qui souhaitaient accumuler un bon karma et accomplir un acte de respect et de vénération.
La plupart des grottes sont regroupées en fonction de leur époque, chaque nouvelle dynastie ayant construit son propre ensemble de grottes dans différentes parties de la falaise. Bien que ces grottes soient tombées dans l’oubli après le déclin de la route de la soie, elles ont été redécouvertes des centaines d’années plus tard, lorsqu’un moine taoïste s’est désigné lui-même gardien des grottes.
Aujourd’hui, nombre de ces œuvres d’art inégalées sont remarquablement bien conservées, nous rappelant non seulement le haut niveau artistique des anciens chinois, mais aussi la civilisation spirituelle qui existait autrefois en Chine.
Rédacteur Albert Thyme
Source : The Dunhuang Caves: An Earthly Glimpse Into Otherworldly Realms
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