Votre t-shirt préféré est en coton ? Vous aimez la sensation de fraîcheur des draps en coton ou vous appréciez le pouvoir d’absorption des serviettes en coton ? Vous n’êtes pas le seul. Parmi les fibres naturelles, le coton est la plus utilisée et le cotonnier l’une des plantes non alimentaires les plus cultivées au monde.
Environ 80 % des fibres naturelles du monde proviennent du cotonnier (genre Gossypium), un membre de la famille des mauves (malvacées) - qui comprend le cacaotier, toujours très populaire, et l’étrange mais merveilleux gombo.
Poursuivant notre série sur les fibres naturelles, nous entrons dans le règne végétal pour examiner le processus de production de la fibre de coton. De la graine jusqu’au fil et au tissu, c’est une industrie qui procure des revenus à quelque 250 millions de personnes dans le monde. Si vous n’êtes pas conscient de la quantité de travail nécessaire à la production du coton, alors vous pourriez être surpris. Vous ne regarderez peut-être plus jamais un fil de coton de la même manière !
Le cotonnier
Le genre Gossypium est apparu il y a plus de 5 millions d’années. Les différentes espèces de coton ont été utilisées indépendamment il y a 6 000 à 7 000 ans dans diverses régions subtropicales. Dans son pays d’origine, le coton pousse sous forme d’arbuste ou d’arbre pérenne. Quatre espèces principales continuent d’être cultivées dans le monde aujourd’hui, principalement traitées comme des plantes annuelles à des fins économiques.
G. hirsutum, cultivé pour la première fois au Mexique, est l’espèce de coton la plus couramment exploitée aujourd’hui. Il produit des fibres moyennes utilisées dans une grande variété de textiles. G. Barbadense (coton Pima), cultivé à l’origine au Pérou, produit des fibres longues et résistantes utilisées pour produire des fils de haute qualité, des tissus fins et de la bonneterie. G. arboreum est un coton de l’Ancien Monde originaire d’Inde. Il possède des fibres courtes et faibles qui sont principalement utilisées pour le rembourrage, les tapis et les tissus grossiers et bon marché.
La culture du coton
Les graines de coton ont besoin d’environ deux semaines de températures chaudes (21 à 27 degrés Celsius) pour germer. La plante pousse dans une grande variété de sols, mais a besoin de soleil et d’une longue période de croissance sans gel (quatre à cinq mois) pour arriver à maturité. Avec des semences de qualité, une humidité suffisante et un peu d’aide de la nature, les agriculteurs peuvent obtenir un bon « peuplement » contenant deux à quatre plantes par pied dans chaque rangée.
Parmi les trois premiers pays producteurs de coton se trouvent, la Chine, l’Inde et les États-Unis. Dans ce dernier pays, le coton est cultivé commercialement dans les États du Sud et de l’Ouest.
Entre 60 et 80 jours après la plantation, le coton produit de magnifiques fleurs, comme ses cousins la rose trémière et l’hibiscus, qui passent d’une nuance de blanc à une nuance de rose au fur et à mesure qu’elles s’ouvrent. Les fleurs sont autogames, mais les températures supérieures à 38°C et la pluie réduisent la pollinisation, qui ne peut avoir lieu que le premier jour de l’éclosion des fleurs.
La fécondation réussie d’une fleur produit environ 30 à 40 graines. Au fur et à mesure que les graines se développent, elles produisent les précieuses fibres de coton sur leur tégument, au nombre de 10 000 à 20 000 par graine. Une gousse mûre s’ouvre naturellement au bout d’environ quatre mois, révélant la « capsule » fibreuse, prête à être cueillie.
La récolte du coton
La cueillette du coton peut sembler une expérience agréable, mais la gousse ouverte et desséchée présente des arêtes vives et piquantes. Il est donc préférable de cueillir avec des doigts prudents ou des gants de protection pour la cueillette à la main. Cette méthode permet d’obtenir le coton le plus propre et de meilleure qualité, car chaque grappe est récoltée à son apogée, sans aucun autre débris végétal. Bien que les techniques de récolte mécanique soient disponibles et largement utilisées aux États-Unis, l’Inde et la Chine dépendent encore du travail manuel pour récolter leur coton.
Les cueilleuses mécaniques de coton peuvent récolter environ 1 000 fois plus vite qu’une personne. Elles coûtent entre 90 000 et 900 000 dollars, de sorte que seuls les relativement gros producteurs investissent dans ces machines. Peu avant la récolte mécanique, des défoliants chimiques - appelés « assistants de récolte » - sont souvent utilisés pour tuer les plantes afin de minimiser la quantité de feuilles collectées avec les capsules, lors de la récolte.
Le traitement du coton
Qu’il soit récolté à la main ou à la machine, le coton passe ensuite par de nombreuses étapes de traitement, à commencer par la séparation des fibres de la graine.
L’égrenage
Les graines de coton sont recouvertes de deux types de fibres. Les fibres les plus longues sont appelées « peluches » et conviennent aux textiles. Les fibres plus courtes, appelées « linters » ou duvet, sont utilisées dans d’autres produits tels que le papier, le garnissage des couettes et le rembourrage des coussins.
Traditionnellement, tout le coton était nettoyé à la main, une personne pouvait traiter environ 2,5 kg de fibres par jour. En 1793, l’inventeur américain Eli Whitney a introduit l’égreneuse à coton, qui permettait de retirer si efficacement les fibres de la graine qu’elle a révolutionné l’industrie du coton.
Dans une égreneuse à coton, les capsules se détachent grâce à la ventilation et passent à travers une série de cylindres rotatifs à pointes et de brosses pour enlever les graines (environ deux tiers du poids du coton non nettoyé) et collecter les fibres.
Le nettoyage manuel peut s’effectuer selon deux méthodes. Les graines sont extraites en tirant sur les fibres avec les doigts, ou bien une petite cheville peut être roulée contre la capsule pour faire sortir les graines.
Les graines ne sont pas perdues. Certaines sont plantées pour la récolte de l’année suivante, mais la plupart des graines de coton deviennent des sous-produits très utiles, comme les huiles végétales et les aliments pour animaux à haute teneur en protéines.
Nettoyage supplémentaire
Une fois les graines retirées, la fibre de coton peut subir divers processus de nettoyage supplémentaires - notamment un nettoyage mécanique pour éliminer tout contaminant non pelucheux, un dégraissage avec un détergent pour éliminer les cires naturelles qui empêchent l’absorption, et une purification (blanchiment) pour éliminer toute couleur - avant que le coton ne puisse être préparé pour le cardage.
Formation de la nappe et cardage
Le cardage est le processus par lequel les fibres sont alignées parallèlement les unes aux autres afin d’être filées. Avant le cardage, les fibres doivent d’abord être détendues, dans le cadre d’un processus appelé formation de la nappe. Les machines à former les nappes ouvrent la fibre pour former une structure continue et régulière (nappe), mais cette opération peut également être réalisée en détachant le coton à la main, comme pour la laine. Cette opération contribue à la régularité de la charge lors du cardage, ce qui permet d’obtenir un produit filé régulier.
Le cardage est traditionnellement effectué à la main, tandis que le cardage industriel est réalisé mécaniquement. Une série de cylindres dentés séparent et transportent de petites quantités de fibres sur des plateaux grillagés, alignant et redressant les fibres.
Les producteurs de coton modernes combinent souvent plusieurs processus - nappage, cardage, étirage, filage et filature - en une seule machine.
Le cardage à la main s’effectue à l’aide d’une paire de peignes fins qui ressemblent beaucoup à des brosses pour animaux de compagnie. En tirant doucement la brosse vide contre la brosse chargée de coton, on redresse non seulement les fibres, mais on filtre également les impuretés qui n’ont pas été éliminées avec les graines. Après quelques coups, le coton est transféré sur l’autre brosse, peigné à nouveau et roulé en un cylindre lâche, appelé roving, prêt à être filé.
Le coton extra-fin peut subir un « peignage » supplémentaire pour éliminer les fibres courtes et obtenir un produit plus doux et soyeux.
Le filage
Enfin, les fibres sont filées en fils fins soit pour être commercialisés ainsi, soit pour être tissés ou tricotés. Traditionnellement, des rouets et des fuseaux étaient utilisés pour accomplir cette tâche, mais aujourd’hui, elle est principalement réalisée sur des machines à filer de grande taille, précises et rapides.
Dans le cas d’un rouet, le mouvement de la pédale engendre la rotation de la grande roue qui, par une courroie, entraîne la bobine et ses accessoires permettant de filer les fibres. Tandis qu’un fuseau est un simple dispositif manuel que l’on tourne avec les doigts. Dans tous les cas, une petite quantité de fibres est introduite en continu dans le dispositif, qui tord les fibres tout en maintenant la tension pour obtenir un fil solide et régulier. Le fil est chargé sur une bobine, prêt à être utilisé.
Coton et produits chimiques
Les plants de coton ont du mal à concurrencer les mauvaises herbes et sont en proie à de nombreux insectes nuisibles et maladies, notamment le fameux « charançon de la capsule », un insecte si destructeur que de nombreux États ont interdit la culture du coton afin d’éviter sa propagation.
Dans ces conditions, la culture du coton est soit très exigeante en main-d’œuvre, soit très dépendante des produits chimiques, soit les deux. En outre, les défoliants chimiques - l’un des produits chimiques agricoles les plus toxiques du marché - sont couramment utilisés pour améliorer l’efficacité de la récolte.
En 2000, le ministère américain de l’agriculture a enregistré 38 000 tonnes de pesticides et 907 000 tonnes d’engrais déversés sur les 58 275 km² de coton du pays. Les effets de ces produits chimiques vont bien au-delà de la destruction des ravageurs visés : les toxines pénètrent dans l’écosystème, nuisent aux travailleurs du coton et persistent dans le produit commercialisé.
Cela signifie-t-il que nous devrions renoncer à notre tissu préféré et commencer à porter du plastique recyclé ? La beauté et les avantages du coton sont si nombreux qu’il vaut la peine d’aller un peu plus loin que cette solution superficielle.
Grâce à une plus grande sensibilisation à l’environnement, l’utilisation de produits chimiques diminue lentement. Un nombre croissant de producteurs sont prêts à faire l’effort supplémentaire d’opter pour l’agriculture biologique, et certaines entreprises se félicitent de l’absence totale de chlore dans leur processus de purification.
Le coton et l’alternative des autres fibres naturelles
Les méthodes traditionnelles permettent de réaliser des produits toujours de qualité, mais en très petite quantité. Peut-être devrions-nous envisager de simplifier notre garde-robe et d’y inclure, de préférence, des vêtements créés de manière plus consciencieuse.
Choisir du coton de culture agrobiologique peut contribuer à réduire la quantité de produits chimiques nocifs dans l’environnement et dans votre garde-robe, ainsi, votre conscience peut être tranquille, et votre corps, confortable.
En Europe nous pouvons par exemple nous fournir en coton de l’agriculture biologique cultivé en Turquie. Certaines marques de tissus ou de vêtements garantissent, de plus, la fabrication des produits dans des conditions de travail éthiques.
Pensez aussi aux autres fibres naturelles qui peuvent être une très bonne alternative autant pour les vêtements, le linge de maison que pour les tissus d’ameublement.
Rédacteur Albert Thyme
Source : The Fascinating Process Behind the Beauty of Natural Fibers – Part III: Cotton
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