Le système d’irrigation de Dujiangyan, dans la plaine occidentale du Sichuan, transforme depuis plus de 2 000 ans les dégâts causés par les fréquentes inondations en abondance et en prospérité pour la population locale. (Image : wikimedia / CC BY-SA 4.0)
La Chine a connu récemment de nombreuses inondations qui ont provoqué le chaos dans de nombreuses régions. Cela nous a fait penser au système d’irrigation de Dujiangyan, dans la plaine occidentale du Sichuan, qui, depuis plus de 2 000 ans, transforme les dégâts causés par les fréquentes inondations en abondance et en prospérité pour la population locale. Il s’agit du projet d’ingénierie hydraulique le plus durable de l’histoire, qui irrigue encore aujourd’hui la plaine du Sichuan occidental.
ans le Sichuan, en Chine, le débit de la rivière Min est divisé en deux cours d’eau par la digue de l’embouchure du poisson, à Dujiangyan. (Image : wikimedia / Tkotc / CC BY-SA 3.0)
Une conception de l’ouvrage basée sur « l’unité de l’homme et de la nature »
Le fleuve Min, Minjiang, prend sa source dans les monts Min, dans la partie nord de la plaine de Chengdu. Les hautes montagnes et les vallées profondes qui bordent la rivière font que l’eau s’écoule rapidement. Dans les environs du comté de Guanxian, le volume d’eau devient si important qu’il fait souvent éclater les digues et inonde la région.
Le système d’irrigation de Dujiangyan a été conçu au IIIe siècle av. J.-C. par le gouverneur Li Bing et son fils Er Lang. Leur but était d’éviter les inondations tout en irrigant la plaine de Chengdu. Ce système utilise des paniers en bambou chargés de pierres pour former une digue au milieu de la rivière. Au lieu d’un barrage bloquant l’eau, la digue guide le flux de la rivière et sépare l’eau en un cours intérieur et un cours extérieur. Le cours d’eau intérieur finit par atteindre les terres agricoles et les irriguer.
En été, lorsque la rivière Min est plus chargée en eau, le système d’irrigation de Dujiangyan prévient la crue et régule la quantité d’eau qui s’écoule dans le cours d’eau intérieur menant aux terres agricoles.
Des paniers en bambou chargés de pierres, comme ici, étaient utilisés dans l’Antiquité pour former la digue de la bouche du poisson à Dujiangyan. (Image : wikimedia / jetsun / CC BY-SA 3.0)
Cette œuvre d’ingénierie magistrale coexiste et s’harmonise avec la nature et devient une partie de la nature.
Une conception structurelle simple
L’ingénierie hydraulique de Dujiangyan est simple, mais très efficace. Sa conception structurelle se compose de trois parties : le Yuzui, aussi appelé la digue de la bouche du poisson, le Baopingkou, qui est le canal en col de bouteille, et le Feishayan, ou porte de sable volante.
Une digue peu élevée a été construite au milieu de la rivière Min pour diviser la rivière en deux courants : le cours intérieur et le cours extérieur. Comme la digue ressemble à un poisson dont la tête est tournée vers l’amont, les gens ont appelé sa partie la plus avancée « digue de la bouche du poisson » ou Yuzui. Le Yuzui divise l’eau de manière à ce qu’environ 60 % aille au cours d’eau intérieur et 40 % au cours d’eau extérieur. Le cours d’eau intérieur s’écoule ensuite sur environ un kilomètre et atteint le canal en col de bouteille, Baopingkou. Le Baopingkou est un canal artificiel de 20 mètres de large qui guide l’eau vers l’est pour irriguer la plaine du Sichuan occidental.
L’eau est divisée de manière à ce qu’environ 60 % aillent au cours d’eau intérieur et 40 % au cours d’eau extérieur. (Image : wikimedia / Gjl at English Wikipedia / CC BY-SA 3.0)
Afin de mieux contrôler la quantité d’eau qui s’écoule dans le Baopingkou, le canal en col de bouteille, la Feishayan, la porte de sable volante, construite à l’extrémité de la Yuzui, digue de la bouche du poisson, fait office de déversoir. Lorsque le niveau d’eau du cours d’eau intérieur est trop élevé, l’eau de crue déborde par le Feishayan dans le cours d’eau extérieur, protégeant ainsi les terres agricoles des inondations.
Un ancien pont An-Lan suspendu en bois sur la rivière Min, avec la forêt sur la rive opposée, près de la ville de Dujiangyan, dans la province du Sichuan, en Chine. (Image : wikimedia / xiquinhosilva / Domaine public)
Que nous a appris le système d’irrigation de Dujiangyan ?
Le système d’irrigation hydraulique de Dujiangyan est un projet de longue haleine qui a été construit à peu près à la même époque que les systèmes d’irrigation de l’Égypte ancienne et de Babylone. Les systèmes d’irrigation de ces régions ont tous disparu ou sont devenus non fonctionnels au fil du temps, alors que le Dujiangyan fonctionne toujours et alimente les anciennes terres du Sichuan.
Le système d’irrigation de Dujiangyan reflète parfaitement la philosophie ancestrale chinoise de « l’harmonie entre l’homme et la nature ». Les anciens croyaient en la vie et la spiritualité des rivières, ils n’ont donc pas utilisé l’ingénierie comme un outil pour changer et contrôler la nature, mais l’ont intégrée comme une partie de la nature, et c’est pourquoi le système Dujiangyan a pu durer si longtemps.
Aujourd’hui, le système hydraulique de Dujiangyan est toujours en fonction. Ce système a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2000. Ce n’est pas seulement un précieux cadeau laissé par les Chinois des temps anciens. Car cet ouvrage rappelle aussi l’importance qu’il y a à chérir la sagesse traditionnelle ancestrale.
Ce système a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2000. (Image : Capture d'écran / Pinterest.fr)
