C’était une nuit de bruine à Tokyo, au Japon. C’était la saison des pluies. Sur le chemin du retour, un vieil homme circulait à vélo avec un grand sac de canettes vides sur le porte-bagage arrière. Le lendemain était le jour du ramassage hebdomadaire obligatoire des ordures, mais le vieil homme avait devancé la société de ramassage des ordures en ramassant toutes les canettes déposées par les entreprises.
C’était la seule chance qu’avait le vieil homme de gagner de l’argent pendant la semaine. Avec cet argent, il pourrait acheter quelques assiettes de nouilles sautées, quelques morceaux de tofu et une bouteille de saké, et savourer un délicieux repas dans une cabane en plastique sous le pont.
Les sans-abri existent au Japon mais ils ne mendient pas
Le vieil homme est un sans-abri et, selon les statistiques, il y a plus de 2 000 sans-abri comme lui à Tokyo.
L’été dernier, j’ai vu une maison de sans-abri sous le pilier du pont de la rivière Edo à Tokyo. Comme les extrémités du pont peuvent protéger de la pluie, qu’il est possible de se laver dans la rivière Edo, et comme il s’agit d’un terrain public, c’est naturellement le premier choix de lieux de vie pour les clochards.
Ces maisons sont souvent faites de bâches en plastique épaisses de couleur bleu ciel, avec à l’intérieur des lits de camp, de petits téléviseurs, des casseroles électriques, et un petit générateur comme source d’énergie.
En général, les sans-abri se rendent aux poubelles de la gare ou dans le train pour ramasser les magazines et les objets recyclables jetés par les gens. Ils se font ensuite rembourser les produits recyclables qu’ils ont collectés ou installent un stand de livres près de la gare ou même dans une rue très fréquentée comme Ginza, où ils vendent ces magazines aux lecteurs à la moitié du prix habituel.
La plupart des sans-abri sont des personnes âgées, mais certains sont d’âge moyen. Ils ont peut-être été cols blancs ou cadres dans le passé, mais ils vivent dans la rue pour diverses raisons. Des personnes âgées ont déclaré qu’après avoir vécu dans la rue pendant un an, elles ne voulaient pas reprendre leur emploi habituel, car pour elles, une vie sans réveil et contrainte de temps était plus heureuse.
Protection des moyens de subsistance
Le gouvernement japonais a mis en place une politique unique de « protection des moyens de subsistance » pour les personnes démunies. Si vous n’avez pas de moyens de subsistance, vous pouvez vous adresser au gouvernement local pour en obtenir. À Tokyo, les personnes ayant droit à la « protection des moyens de subsistance » reçoivent généralement 120 000 yens (843 dollars) par mois, ce qui est suffisant pour se nourrir et se loger.
Cependant, de nombreux sans-abri refusent d’accepter une telle chose, car ils estiment que gagner sa vie fait partie de la dignité humaine. À Tokyo, ainsi que dans tout le Japon, vous verrez rarement un mendiant dans la rue, et encore moins un enfant mendiant de la nourriture avec un bras ou une jambe cassé(e). Le Japon n’a pas de mendiants. C’est un fait unique et surprenant.
Pourquoi ne voit-on pas de mendiants au Japon ?
Le professeur Shimada, qui enseigne la sociologie à l’université de Keio, a une réponse simple. Premièrement, les Japonais ont un sens très marqué de la honte et préfèrent mourir de faim plutôt que de demander l’aumône. Deuxièmement, ceux qui obtiennent quelque chose pour rien sont les plus méprisés au Japon. Troisièmement, dans la culture traditionnelle japonaise du Bushido, il y a l’idée que : « on peut être pauvre, mais on ne cesse jamais d’être ambitieux ».
C’est une caractéristique culturelle remarquable du Japon qui contribue certainement à la propreté et à la sûreté des rues dans les villes japonaises.
Rédacteur Albert Thyme
Source : Why Is Japan the Only Country in the World Without Beggars?
www.nspirement.com
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