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Bien-être. L’alimentation saisonnière répartie sur les douze mois de l’année : avril (4/12)

SANTÉ > Bien-être

L’alimentation saisonnière est une approche alimentaire respectueuse de l’environnement, saine et sensée qui gagne en popularité depuis les années 1970. Au sens le plus pur du terme qui implique également de manger local, l’alimentation saisonnière remonte en fait à la préhistoire, à une époque où les gens n’avaient pas vraiment le choix.

Avec le développement de l’agriculture, la civilisation a progressé et, aujourd’hui, nous pouvons pratiquement obtenir tout ce que nous voulons, où que ce soit et à n’importe quel moment de l’année, mais quel en est l’impact ? Dans cette série, nous examinerons chaque mois un aspect différent de l’alimentation saisonnière et la manière d’intégrer cette pratique dans notre vie moderne et trépidante.

Tout d’abord, examinons les fascinants 24 termes solaires , un calendrier élaboré il y a des milliers d’années en Chine à des fins agricoles, mais qui indique également les plats saisonniers traditionnels.

Les 24 termes solaires

Apparue il y a huit à dix mille ans, l’agriculture est considérée comme l’une des étapes les plus importantes du développement de la civilisation humaine. Dans la Chine ancienne, l’observation attentive du mouvement du soleil à travers le zodiaque a donné naissance à un calendrier agricole, encore utilisé aujourd’hui, qui délimite chaque période successive de 15 jours en fonction de ses caractéristiques uniques en matière de climat, de changements saisonniers et de phénologie.

Ces 24 périodes, ou termes solaires, portent des noms descriptifs et parfois colorés, tels que « réveil des insectes », « grain en épi », « grande canicule » et « descente du givre ». Ce calendrier ne guide pas seulement l’agriculture et d’autres activités, il influence également les Chinois de tous bords.

Des aliments spécifiques sont consommés au cours de chaque période solaire, non seulement pour garantir la fraîcheur, mais aussi pour maintenir le corps en harmonie et en équilibre avec la nature. Le mois d’avril comprend le cinquième terme solaire « Pure lumière » (清明 Qingming), qui commence le 5 avril, et le sixième terme solaire « Pluie de grains » (谷雨 Guyu), qui commence le 20 avril.

Pure lumière

Cette période est précédée d’un « festival de la nourriture froide » de trois jours. Selon la légende, le prince Chong’er, en exil, fut sauvé de la famine par Jie Zitui, qui découpa la chair de sa propre cuisse pour en faire une soupe à la viande. Bien des années plus tard, le prince prit le pouvoir en tant que duc Wen du royaume de Jin. Se souvenant de Jie Zitui, qui vivait depuis tout ce temps en reclus avec sa mère sur le mont Mian, il tenta de le retrouver et de le remercier pour sa gentillesse.

Par jalousie, un sujet malveillant mit le feu à la montagne afin de « débusquer Jie Zitui » qui périt par le feu, ainsi que sa mère. Afin de rendre hommage à Jie Zitui, le duc interdit l’utilisation du feu ce jour-là, instaurant ainsi la tradition durable de ne manger que des aliments froids au début de Qingming.

Les Qingtuan sont des pâtisseries de riz cuites à la vapeur et fourrées d’une pâte de haricots sucrée. (Image : wikimedia / coolmanjackey / CC BY-SA 3.0)

Ces aliments froids sont préparés à l’avance et comprennent les boulettes de riz vert sucré, les gâteaux de Qingming et les zongzi de Qingming. Les boulettes de riz vert sucré (青团 Qīngtuán) sont des pâtisseries molles traditionnellement fabriquées à partir de farine de riz gluant aromatisée à la feuille d’armoise et fourrée de pâte de haricots rouges sucrée.

Les gâteaux Qingming (撒子 sāzi) ou (寒具 hánjù) sont traditionnellement des rouleaux frits et croustillants à base d’oignon, en forme de fleur. Ceux-ci ont été cuits à la vapeur. (Image : Joy / Flickr / CC BY 2.0)


Les zongzi de Qingming sont de jolis paquets triangulaires de riz gluant farcis de viande de porc, de châtaignes et de haricots rouges. Ils sont enveloppés et cuits dans des feuilles de bambou, ce qui les rend particulièrement pratiques à emporter lors des sorties printanières.

Après le festival de la nourriture froide, Qingming commence par le « jour du balayage des tombes », au cours duquel les gens témoignent leur respect à leurs ancêtres. Les tombes sont nettoyées et rafraîchies par de nouvelles plantations, les esprits se voient offrir de la nourriture, du thé ou du vin, et de l’encens ou du papier mâché sont brûlés en leur honneur.

Coucou émeraude d’Asie, Chrysococcyx maculatus. (Image : wikimedia / JJ Harrison / CC BY-SA 3.0)

Pluies de grains

Les pluies de grains, qui débutent le 20 avril, sont le dernier terme solaire du printemps selon le calendrier luni-solaire chinois. Il est marqué par la germination des lentilles d’eau (萍始生 (píng shǐ shēng) avec l’augmentation de la température des eaux peu profondes, et par la présence des coucous qui déploient leurs ailes (鸣鸠拂其羽 míng jiū fú qí yǔ) pour trouver une compagne ou un compagnon. Ces événements rappellent à la communauté agricole qu’il faut commencer à semer les graines, car elles bénéficieront désormais d’une température et d’une humidité adéquates pour germer.

À cette période, les gens dans le Sud ont l’habitude de boire du thé fait à partir de jeunes feuilles de thé de printemps, afin d’éliminer l’excès de chaleur du corps et d’améliorer la vue. Selon les contes populaires chinois, le thé Guyu (谷雨茶, gǔyǔ chá) est si frais qu’il pourrait ramener un mort à la vie.

Jeunes pousses tendres de l’acajou de Chine. (Image : wikimedia / Tencent / CC BY-SA 4.0)

Dans le Nord de la Chine, il est de coutume de manger les jeunes feuilles de l’acajou chinois (Toona sinensis) ou (香椿 xiāngchūn). Généralement cuit avec des œufs ou du tofu, ce légume à feuilles, tendre et nutritif, renforce l’immunité, facilite la digestion et favorise la santé de la peau et des cheveux. Il s’agit de l’un des rares produits qui restent exclusivement saisonniers, car l’acajou est tout simplement trop grand pour être cultivé en serre.

Une alimentation saisonnière pour tous

Bien entendu, l’alimentation saisonnière est intrinsèquement liée à l’alimentation locale, mais qu’en est-il pour ceux d’entre nous qui ne vivent pas en Chine ? Les principes de l’harmonie avec les saisons peuvent être respectés partout en consommant des aliments cultivés localement et en s’en tenant à des recettes traditionnelles et saisonnières qui s’appuient sur les aliments auxquels nous étions autrefois limités.

Adhérer à une ASC, soutenir le marché fermier local, créer son propre jardin ou obtenir une parcelle dans un jardin communautaire sont autant d’excellents moyens d’apporter des produits frais et locaux à votre table.

Qu’est-ce que l'ASC

Adhérer à une CSA, (Community Supported Agriculture) vous permettra de côtoyer de vrais agriculteurs et d’obtenir de nombreux légumes du patrimoine que vous ne trouverez pas dans les épiceries. (Image : wikimedia / Michael.Rihani / CC BY-SA 4.0)


L'ASC est l’acronyme de l’agriculture soutenue par la communauté, un mouvement qui a vu le jour dans les années 1970 pour aider les petits exploitants agricoles, souvent biologiques, à couvrir leurs frais d’exploitation. Les cotisations des membres sont collectées au début de la saison, afin que les agriculteurs puissent se concentrer sur l’agriculture et vous offrir les meilleurs produits tout au long de la saison de croissance, et parfois tout au long de l’année.

Certaines ASC livrent les produits, tandis que d’autres fixent un jour de ramassage à la ferme. La ferme publie généralement une lettre d’information par courrier électronique, qui contient des recettes pour les produits parfois étranges ou inhabituels que vous recevez chaque semaine.

Si vous n’êtes pas prêt à prendre un tel engagement, rendez-vous au marché fermier de votre région, où vous trouverez probablement une grande variété de vendeurs proposant non seulement des produits locaux, mais aussi des produits laitiers, de la viande, du miel, des cosmétiques et bien d’autres choses encore.

Le jardinage

Si vous êtes prêt à vivre une aventure enrichissante, n’importe quelle cour ensoleillée peut devenir un jardin. Même une cour ombragée peut faire pousser une quantité impressionnante de produits. Vous n’êtes peut-être pas encore prêt à déterrer votre pelouse, vous pouvez vous lancer dans l’aventure en entretenant une petite parcelle dans un jardin communautaire. Ces parcelles sont généralement très bon marché et comprennent tous les éléments essentiels.

Observer la nature

Il y a aussi des comestibles sauvages… Il suffit de regarder les mauvaises herbes qui commencent à pousser pour avoir une très bonne idée de ce qui est bon à manger. Dans notre jardin, on peut observer une abondance d’oignons sauvages, de moutarde à l’ail, de cresson des fontaines et de pissenlits, qui sont tous extraordinairement nutritifs. Pour ceux qui disposent d’un jardin impeccablement désherbé, vous pouvez baser votre régime sur l’état d’avancement de vos plantations.

Parmi les graines que j’ai semées, les épinards et le chou frisé sont en bonne voie, la coriandre, la laitue et la bette à carde ont pris un bon départ, et les pois ont germé. J’ai également vu des indices de futures asperges, rhubarbe et raifort, quelques champignons shiitake sur mes bûches de champignons, des endives qui ont passé l’hiver, et n’oublions pas que les poules pondent comme s’il n’y avait pas de lendemain, et qu’il est temps de déterrer le topinambour, un légume-racine sucré qui ressemble à la pomme de terre.

Ce n’est pas une coïncidence si ces aliments correspondent presque parfaitement à ceux recommandés par la médecine traditionnelle chinoise pour soutenir le foie pendant cette période transitoire de nettoyage de printemps : les légumes verts amers comme le pissenlit, l’endive, la coriandre et le persil , les alliums piquants comme les oignons et les poireaux, les légumes verts feuillus comme les blettes, le chou frisé, la moutarde et les épinards , les radis, les champignons, les germes et les ignames.

Recettes

Maintenant que vous avez identifié les ingrédients saisonniers les plus nutritifs, vous pouvez créer une gamme infinie de plats étonnants. Je vous propose ici quelques recettes simples et originales, conformes à la tradition chinoise de Qingming et de Guyu.

L’Alliaire officinale ou moutarde à l’ail (Alliaria petiolata)  est une plante bisannuelle envahissante, qu’il vaut mieux récolter avant l’apparition des petites fleurs blanches sur les tiges hérissées. (Image : wikimedia / R.A.Nonenmacher / CC BY-SA 4. 0)

L’Alliaire officinale (ou moutarde à l’ail),  avec des œufs

Même si nous avions de l’acajou de Chine, il serait difficile d’imaginer récolter les feuilles de cet arbre imposant. On dit que les jeunes feuilles ont une saveur assez piquante, un peu comme celle de l’oignon. Quel meilleur substitut que la moutarde à l’ail ?

Cette herbe piquante pousse rapidement et de manière envahissante, elle est facile à récolter et sa valeur nutritive est phénoménale. Son nom est une description précise de sa saveur, et ses bienfaits pour la santé comprennent le soulagement de l’asthme, de la bronchite, de l’eczéma, des ulcères et des démangeaisons. Elle peut également améliorer l’appétit et traiter efficacement les blessures.

La moutarde à l’ail peut être consommée crue dans les salades, transformée en pesto ou légèrement cuite. Récoltez la plante entière, utilisez les feuilles et compostez les racines. Les feuilles peuvent également être hachées et ajoutées à un plat d’œufs brouillés (ou de tofu !), ou même à une salade d’œufs pour plus de saveur et de nutrition.

Thé de pissenlit

Si peu d’entre nous cultivent de véritables feuilles de thé (Camelia sinensis), nous avons tous accès à des pissenlits. Chaque partie de cette soi-disant « mauvaise herbe » est comestible et incroyablement nutritive. Pour préparer notre propre version du thé Guyu, plusieurs options s’offrent à nous.

Les fleurs de pissenlit (Taraxacum officinale) ne sont pas seulement bonnes pour nous, elles constituent également une importante source de butinage précoce pour les abeilles. (Image : wikimedia / Zeynel Cebeci / CC BY-SA 4.0)


Les fleurs de pissenlit sont riches en antioxydants et légèrement sucrées. Elles peuvent être cueillies et infusées, à raison d’une fleur par once d’eau chaude, pour obtenir une infusion qui favorise la santé des yeux et aide à dissiper les douleurs. Pour éviter l’amertume, retirez d’abord la partie verte et inférieure de la fleur. Laissez infuser à couvert pendant 10 à 15 minutes, filtrez et dégustez.

Les feuilles de pissenlit sont aussi riches en vitamines et en minéraux qu’elles sont amères. Un thé à base de feuilles fraîches ou séchées stimule la digestion, agit comme un diurétique et peut même réveiller les morts. Pour sécher les feuilles de pissenlit, il faut les ramasser, les laver et les placer dans un endroit chaud et bien ventilé, à l’abri du soleil. J’aime placer les herbes à sécher sur la vitre arrière de ma voiture, recouvertes d’un léger torchon.

Utilisez 2 cuillères à café de feuilles de pissenlit séchées ou une poignée de feuilles fraîches dans 25cl d’eau chaude. Laissez infuser à couvert pendant 10 minutes, filtrez et sucrez si nécessaire.

Les racines de pissenlit soutiennent la fonction hépatique et certaines études suggèrent qu’elles peuvent être utiles pour renforcer l’immunité, abaisser le taux de cholestérol et réduire l’inflammation.

Vous pouvez infuser les racines crues, mais leur saveur est grandement améliorée par la torréfaction. Si vous vous donnez la peine de déterrer, de laver et de sécher ces racines, autant aller jusqu’au bout et les faire griller pour obtenir une infusion proche du café.

Hachez les racines propres pour accélérer le séchage. Une fois qu’elles sont sèches, faites-les griller dans une poêle sèche à feu moyen jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Conservez les racines grillées dans un récipient hermétique.

Pour préparer votre thé, faites mijoter 1 cuillère à soupe pour 35 cl d’eau pendant 20 à 30 minutes, afin de libérer tous les composés bénéfiques. Une partie de l’eau sera éliminée par la cuisson, de sorte que vous devriez avoir une tasse normale à la fin de la cuisson. Filtrez votre substitut de café maison dans une tasse, et bienvenue dans le monde des plantes sauvages comestibles !

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann


Source : 12 Months of Seasonal Eating (Part I): April

À suivre...

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