Une consommation élevée d’aliments ultra-transformés augmenterait le risque de cancer colorectal chez les hommes et de pathologies cardiovasculaires et de décès précoce chez les hommes et les femmes, selon deux grandes études menées aux États-Unis et en Italie et publiées par le British Medical Journal (BMJ), le 31 août.
Dans l’étude américaine, les taux de cancer colorectal ont été mesurés sur une période de 24 à 28 ans en prenant en compte les facteurs médicaux et le mode de vie des volontaires incluant les quantités et types d’aliments ultra-transformés consommés par plus de 200 000 hommes et femmes.
L’étude italienne, elle, a analysé les analogies entre des adultes ayant une alimentation pauvre en nutriments et ceux ayant une consommation élevée d’aliments ultra-transformés, et a constaté que les aliments ultra-transformés étaient « associés à de mauvais résultats en matière de santé indépendamment de leur faible composition nutritionnelle, mais pas l’inverse ».
Les aliments ultra-transformés
Que sont les aliments ultra-transformés, et pourquoi sont-ils si nocifs ? Selon la définition du système de classification NOVA, les aliments ultra-transformés comportent « des ingrédients que l’on trouve de manière prédominante dans la fabrication industrielle d’aliments, comme les huiles hydrogénées, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, les agents aromatisants et les émulsifiants. »
Une étude menée en 2019 par les National Institutes of Health (NIH) auprès de 20 volontaires adultes a révélé que « les personnes soumises à un régime ultra-transformé consommaient plus de calories et prenaient plus de poids que lorsqu’elles suivaient un régime alimentaire peu transformé. »
Les différences étaient présentes même lorsque le nombre de calories et de macronutriments était le même pour les repas ultra-transformés ou minimalement transformés.
Les volontaires ont suivi chaque régime pendant deux semaines, dans un ordre aléatoire, pour une durée totale d’un mois. Les participants au régime ultra-transformé ont mangé plus vite, ont consommé environ 500 calories de plus par jour que ceux au régime non transformé et ont pris en moyenne deux kilos.
En revanche, ceux qui suivaient le régime non transformé ont perdu deux kilos.
Selon un article de recherche publié par Cambridge University Press en février 2019, un moyen pratique d’identifier les produits ultra-transformés consiste à vérifier dans la liste des ingrédients les substances alimentaires « jamais ou rarement utilisées dans les cuisines (comme le sirop de maïs à haute teneur en fructose, les huiles hydrogénées ou inter estérifiées, et les protéines hydrolysées), ou les classes d’additifs conçus pour rendre le produit final agréable au goût ou plus attrayant », comme les exhausteurs de goût, les colorants, les édulcorants et les épaississants.
Risque de cancer colorectal
Dans l’étude américaine combinant trois groupes de sujets pour un total de plus de 200 000 hommes et femmes, 3 216 cas de cancer colorectal ont été signalés au cours des 24 à 28 ans de suivi.
Le cancer colorectal est la troisième tumeur maligne la plus fréquemment diagnostiquée aux États-Unis et la deuxième cause de décès par cancer dans le monde, avec un taux de survie global à cinq ans de 64 %.
Si les facteurs de risque courants sont les maladies inflammatoires chroniques, l’alcoolisme, le tabagisme et l’âge avancé, cette nouvelle étude suggère que les aliments ultra-transformés devraient également être pris en compte. On estime que 57 % des calories totales consommées quotidiennement proviennent d’aliments ultra-transformés, qui sont « des formulations industrielles prêtes à consommer ou prêtes à réchauffer », indique l’étude.
Les régimes ultra-transformés sont souvent pauvres en composés bénéfiques tels que les fibres, le calcium et la vitamine D, avec des additifs alimentaires qui peuvent avoir des effets pro-inflammatoires. Ces régimes sont « généralement riches en sucre ajouté, en huiles/graisses et en amidon raffiné, ce qui modifie défavorablement la composition du microbiote intestinal et contribue à augmenter le risque de prise de poids et d’obésité, un facteur de risque établi de cancer colorectal », notent les chercheurs.
Après ajustement des résultats en fonction de multiples variables, « les hommes qui consommaient beaucoup d’aliments ultra-transformés présentaient un risque 29 % plus élevé de développer un cancer colorectal. »
Alors que la même association n’a pas été trouvée chez les femmes, les analyses de sous-groupes ont révélé comment « la consommation de yaourt et de desserts à base de produits laitiers était associée à une réduction du risque de cancer colorectal chez les femmes. »
« Les raisons d’une telle différence entre les sexes sont encore inconnues, mais peuvent impliquer les différents rôles que l’obésité, les hormones sexuelles et les hormones métaboliques jouent chez les hommes par rapport aux femmes », a déclaré le coauteur principal Fang Fang Zhang, épidémiologiste du cancer à l’Université Tufts.
« Il se peut aussi que les femmes aient choisi des aliments ultra-transformés plus sains », a déclaré le Dr Robin Mendelsohn, gastro-entérologue.
Taux de mortalité toutes causes confondues
Dans l’étude italienne portant sur plus de 24 000 hommes et femmes âgés de 35 ans et plus entre 2005 et 2010, les taux de mortalité toutes causes confondues et cardiovasculaires étaient les plus élevés chez les adultes ayant « le régime alimentaire de la plus faible qualité, mesuré à l’aide de l’indice alimentaire FSAm-NPS (à la base du Nutri-Score), et la plus forte consommation d’aliments ultra-transformés (classification NOVA) ».
Bien que le risque de décès plus élevé chez les personnes ayant un apport nutritionnel médiocre était largement associé à des degrés plus élevés de transformation des aliments, l’inverse n’était pas vrai. En d’autres termes, la mauvaise qualité nutritionnelle des aliments n’expliquait pas à elle seule la relation entre la consommation d’aliments ultra-transformés et la mortalité.
Les auteurs soulignent les implications de l’étude en matière de santé publique et « l’opportunité de reformuler les directives diététiques dans le monde entier, en accordant plus d’attention au degré de transformation des aliments parallèlement aux recommandations fondées sur les nutriments ».
L’American Heart Association a déjà fait des pas dans cette direction avec sa recommandation de choisir « des aliments peu transformés plutôt que des aliments ultra-transformés. »
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Ultra-processed Foods Associated With Cancer, Early Death
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.