Cette émergence de couleurs éclatantes est si répandue qu’elle est visible depuis l’espace. C’est une transformation fantastique par rapport aux grandes étendues de paysages bruns et stériles. (Image : wikimedia / Rob.Bertholf / CC BY 2.0)
L’État de Californie a connu un des hivers les plus humides de l’histoire avec un déluge de pluies intenses, incontrôlables et, dans certains cas, désastreuses. Cependant, lorsque la tempête s’est calmée, un phénomène botanique rare est apparu en Arizona et en Californie : une floraison exceptionnelle de fleurs sauvages ou superbloom.
Cette fascinante explosion de couleurs est le premier superbloom de la région depuis 2019. Les flancs des collines sont inondés de fleurs : des kilomètres de pissenlits dorés, de filaires roses et de verveines bleues et violettes forment une toile de fond pittoresque parfaite pour attirer les visiteurs.
Qu’est le superbloom
Le superbloom n’a pour l’instant pas de définition scientifique. On peut cependant dire que ce phénomène est une rareté culturelle qui se produit lorsque qu’une proportion inhabituellement élevée de fleurs sauvages germent et fleurissent à peu près en même temps, à un même endroit.
Naomi Fraga, directrice de la conservation au Jardin botanique de Californie à Claremont, le décrit comme un phénomène naturel magnifique, qui apparaît lorsque plusieurs fleurs sauvages fleurissent simultanément.
« Il s’agit d une grande diversité, une abondance de différentes espèces de fleurs sauvages, toutes en fleurs, créant des taches de couleurs vives dans le paysage où elles deviennent l’élément dominant », dit-elle.
Les botanistes n’ont peut-être pas de définition scientifique d’un superbloom, mais ils savent comment elle se produit. Les fleurs sauvages sont généralement dormantes sous forme de graines dans le sol, attendant une saison des pluies et des conditions idéales. (Image : wikimedia / Bob Wick, BLM / Domaine public)
Comment ce phénomène apparaît-il
Les botanistes n’ont peut-être pas de définition scientifique du superbloom, mais ils savent comment il se produit. Les fleurs sauvages, généralement en dormance sous forme de graines dans le sol, attendant une saison de pluies et des conditions idéales.
Les graines sont durables et, si le climat est trop sec, elles resteront enfouies dans le sol, parfois pendant des années. Dans le cas présent, l’État a connu plus de trois années de sécheresse sévère, suivies d’une période d’inondations des plus intenses. Selon le National Weather Service, 78 billions de gallons d’eau ont coulé rien qu’en Californie.
Ces grandes quantités de précipitations ont détrempé une grande partie de l’État, créant ainsi les conditions optimales pour une superbe floraison de fleurs sauvages. Les températures plus fraîches ont également contribué à cet événement remarquable de mère nature.
Les experts pensent que la sécheresse de trois ans a également réduit la quantité d’herbes envahissantes dans la région. Ainsi, lorsque les fleurs sauvages et les pavots de Californie ont commencé à fleurir, ils ont eu la possibilité de prospérer.
Il n’est pas facile d’évaluer la durée d’un superbloom ou de savoir quand ce phénomène se reproduira. Dans le cas présent, il a démarré en février, a connu son apogée en avril et les experts pensent qu’il commencera à décliner entre juin et juillet.
Profiter du superbloom
Le superbloom est une attraction massive qui attire des milliers de touristes et de passionnés de la nature. Les touristes peuvent bénéficier d’une vue fantastique depuis des sites tels que le mont Tamalpais, China Camp, Sugarloaf Ridge, Anza-Borrego Desert State Park, et bien d’autres encore.
Le personnel des parcs et loisirs encourage les visiteurs à utiliser des applications comme iNaturalist pour en connaître davantage sur les fleurs sauvages et les espèces de pavots de Californie, ainsi que sur leurs relations, leur coexistence et leurs cycles de vie, et pouvoir les apprécier davantage.
La Californie est une terre de dualité et d’extrêmes climatiques. Julie Kalansky, climatologue, explique que l’État passe « d’un climat extrêmement sec à un climat extrêmement humide ».
Il est prouvé que les tribus indigènes chérissaient ces fleurs qui s’épanouissaient en période de sécheresse extrême. Autrefois, le phénomène des superblooms se produisait probablement une fois tous les dix ans, et les hommes, les plantes et les animaux s’adaptaient à ces changements.
Ces cycles climatiques se poursuivent encore aujourd’hui, cependant le paysage apparu des centaines d’années plus tard n’est plus le même, en raison des changements liés à l’activité humaine. Le phénomène des superblooms est idéal pour nous permettre d’apprécier l’imprévisibilité de la nature et tout ce qu’elle nous offre. Le tableau est pittoresque, spirituellement enrichissant et émotionnellement satisfaisant.
Le superbloom, un phénomène botanique rare qui se manifeste par une floraison exceptionnelle, attire des milliers de touristes et de passionnés de nature. (Image : Francesco Ungaro / pexels)
Détruire ce que nous chérissons
Avec les milliers de visiteurs qui ont envahi les parcs de Californie, la crainte que ces magnifiques paysages ne soient détruits s’installe. Suite au superbloom de 2017, certaines zones ont été détruites par des personnes qui se sont éloignées des sentiers désignés, créant des « sentiers sociaux, toujours visibles » selon le témoignage de Jorge Moreno, membre du département californien des parcs et loisirs.
D’après les experts, il y a plusieurs siècles, les superblooms incluaient une plus grande variété de fleurs sauvages, couvrant davantage de surfaces. En conséquence, un débat intense s’est engagé sur la manière de permettre aux gens de profiter de ce phénomène rare, sans endommager l’environnement. Pour le moment, le personnel des parcs et loisirs se contente de demander aux gens de profiter du grand air avec prudence et de ne pas toucher aux fleurs.
Piétiner ou arracher les fleurs peut les détruire avant que les graines ne soient formées. Le fait de s’écarter des sentiers désignés et de piétiner le sol rendra plus difficile la germination des fleurs. Les experts estiment que si les visiteurs ne sont pas attentifs, il y aura des conséquences.
« Ce n’est pas seulement pour notre plaisir ou pour l’exposition. C’est la vie qui est en jeu. Nous devons savoir que la fleur n’est pas l’objectif final pour que le cycle de vie se poursuive. La finalité, c’est la graine », a expliqué Naomi Fraga.
