L’alimentation est une composante essentielle de notre journée, elle est souvent constituée de trois repas complets. Un délicieux petit-déjeuner peut nous inciter à sortir du lit le matin, tandis que le déjeuner est l’occasion de se retrouver entre amis pour faire une pause dans notre routine trépidante. Le dîner, quant à lui, est précieux pour le temps passé en famille.
Si prendre trois repas par jour est une pratique largement répandue dans le monde, il n’en a pas toujours été ainsi. Par ailleurs, d’autres habitudes alimentaires, offrant un temps de digestion suffisant, peuvent être meilleures pour la santé et la longévité.
Les habitudes alimentaires du passé :
Le régime alimentaire des Grecs anciens
Les Grecs ont été les premiers à introduire l’idée du petit-déjeuner. Dans la littérature grecque, il est fait mention d’un repas pris peu après le lever du soleil, connu sous le nom d’ariston, souvent composé de pain d’orge trempé dans du vin. Les tiganites, des crêpes garnies de miel, de cannelle, de fromage, de noix ou de fruits, ont également fait leur apparition.
Les Grecs ne consommaient pas grand-chose pour le déjeuner. Une collation de pain et de vin, accompagnée de figues, de poisson salé, de fromage ou d’olives suffisait, avant le dîner du soir. Ce dernier repas se composait généralement d’œufs de caille et de poulet, de légumes, de poisson, de légumineuses, d’olives, de figues, de fromage et, là encore, de pain. Seules les personnes aisées pouvaient s’offrir de la viande.
Les Romains et leur aversion pour la gloutonnerie
Selon Caroline Yeldham, une historienne de l’alimentation, les Romains consommaient généralement un seul repas par jour, vers midi. « Ils étaient obsédés par la digestion et manger plus d’un repas était considéré comme une forme de gloutonnerie ».
Au Ier siècle, cependant, le poète latin Martial a fait allusion à l’« ientaculum », un repas matinal léger composé d’aliments de base comme le pain, le fromage, les olives, les noix, les fruits secs et la viande froide de la veille. Même si le régime d’un seul repas n’était pas absolu, les Romains sont connus pour leurs habitudes alimentaires frugales.
Le Moyen Âge et la vie monastique
Les habitudes alimentaires des gens au Moyen Âge étaient dictées en partie par les observances religieuses. Selon l’historien de l’alimentation Ivan Day, le premier repas de la journée ne pouvait être consommé qu’après la messe du matin, et la viande n’était consommée que durant la moitié de l’année.
L’influence monastique de ces années-là se manifeste dans l’emblématique petit déjeuner anglais (english breakfast) que nous apprécions aujourd’hui. Le porc et le bacon en faisaient partie, en raison de la nécessité d’utiliser la viande avant le Carême. Les œufs, qui étaient également interdits pendant l’observance, accompagnaient souvent ce plat savoureux.
En plus des traditions religieuses, l’absence d’électricité à l’époque déterminait en grande partie les horaires des repas. Il fallait se lever et se coucher tôt pour profiter de la lumière du jour pour pouvoir travailler. Ainsi, le repas principal était consommé en milieu de journée, parfois après six heures de travail. Pendant les pauses, les gens mangeaient également un encas consistant en un morceau de pain et de fromage.
Avec l’apparition de l’éclairage artificiel, la journée de travail s’est allongée et le repas principal a été déplacé vers la fin de la journée. Le repas de midi n’a pas été abandonné, il a jeté les bases pour le futur déjeuner.
L’évolution des trois repas par jour
L’idée des trois repas par jour n’a été consolidée que lorsque la révolution industrielle a introduit le système des horaires de travail réguliers. Les travailleurs ont adapté leurs habitudes alimentaires à leurs horaires de travail plus structurés, se pliant à la routine typique d’un repas simple avant le travail, généralement du pain ou de la nourriture de rue, d’une collation légère pendant la journée et d’un repas plus copieux le soir.
Lorsque la nourriture s’est faite plus rare en temps de guerre, les gens ont supprimé certains repas. « L’idée des trois repas par jour s’est envolée », explique Seren Charrington-Hollins, historienne de l’alimentation. Néanmoins, dès que l’approvisionnement alimentaire s’est normalisé, le régime à trois repas a été de nouveau adopté, en raison de sa compatibilité avec les horaires de travail et d’école. Avec le temps, ce régime est devenu l’approche diététique dominante à laquelle beaucoup d’entre nous adhèrent aujourd’hui.
Le jeûne intermittent, passé et présent
Selon le neuroscientifique Mark Mattson, le corps humain est adapté pour se passer de nourriture pendant de nombreuses heures, voire plusieurs jours ou même plus longtemps. Cette réalité remonte aux temps anciens, quand les humains devaient attendre de longues périodes avant de récolter les fruits de la chasse et de la cueillette.
L’abstinence de nourriture a été un thème récurrent dans les traditions religieuses. Moïse, Jésus, Mahomet et Bouddha ont adopté le jeûne dans le cadre de leur développement spirituel. Les moines bouddhistes sont connus pour sauter le repas du soir, conformément aux règles diététiques énoncées dans le Vinaya, une discipline monastique qui renvoie au canon bouddhiste.
Bien que le jeûne soit pratiqué depuis des millénaires, ce n’est que récemment qu’il a commencé à gagner en popularité. Il a pour objectif de purifier le corps, de réguler le poids, et de prévenir les maladies. À l’heure où la nourriture est de plus en plus disponible, où le temps d’éveil s’allonge et où l’activité physique est réduite, le « jeûne intermittent », abordé de manière prudente, peut être une technique efficace. Il correspond à l’approche frugale de nos ancêtres en matière d’alimentation, qui répondait à la nécessité de laisser notre système digestif se reposer et récupérer.
Le jeûne intermittent consiste à limiter notre consommation de nourriture pendant une période de temps spécifique. Le jeûne 16/8 consiste à passer 16 heures par jour à ne consommer que des boissons non sucrées telles que de l’eau, du thé et du café. La plage de temps restante de 8 heures correspond au moment où vous consommez tous vos repas et collations pour la journée. Une autre approche est le régime 5/2, qui consiste à manger normalement cinq jours par semaine et à ne consommer que 25 % de l’apport calorique habituel (environ 500 à 600 calories) pendant deux jours non consécutifs.
Un régime plus radical consiste à ne rien consommer pendant 24 heures une fois par semaine, ou une fois par mois. Les périodes de jeûne prolongées, de 36, 48 et 72 heures, ne sont pas recommandées, car le corps peut stocker des graisses en réponse à la famine.
Il a été prouvé que le jeûne intermittent présente de nombreux avantages, notamment une perte de poids, une vivacité d’esprit accrue et un allongement de la durée de vie.
Cette forme de jeûne ne convient toutefois pas à tout le monde. Lorsqu’elle est pratiquée sans précaution, elle peut entraîner, entre autres symptômes, de la constipation, de l’irritabilité et des maux de tête. Il est recommandé de consulter son médecin avant d’adopter de nouvelles habitudes alimentaires.
Une approche plus pratique et plus commode
Les principes du jeûne et de la régulation de nos habitudes alimentaires répondent à la nécessité de respecter les cycles naturels du corps. En pratique, cela signifie consommer des aliments lorsque notre corps a besoin d’énergie et s’abstenir d’ingérer des calories supplémentaires lorsque notre corps est censé se reposer.
Faites du petit déjeuner le repas le plus important de la journée et évitez de manger tard le soir. « Si vous mangez la plupart de vos aliments plus tôt, votre corps peut utiliser l’énergie que vous lui donnez tout au long de la journée, plutôt que de la stocker dans votre organisme sous forme de graisse », explique Emily Manoogian, chercheuse clinique au Salk Institute for Biological Studies en Californie.
Emily Manoogian ajoute qu’il faut également éviter de manger trop tôt le matin, car la mélatonine, qui est libérée pendant la nuit et qui interrompt la création d’insuline, peut être encore présente dans l’organisme, empêchant le glucose d’être stocké et augmentant ainsi la glycémie.
La chercheuse conclut en recommandant une approche simple mais pratique : « Vous pourriez constater un changement spectaculaire rien qu’en retardant légèrement votre premier repas et en avançant votre dernier repas. Le fait de rendre cette pratique régulière sans rien changer d’autre pourrait avoir un impact considérable. »
Il n’est pas nécessaire d’adopter un régime alimentaire strict pour mieux nourrir son corps. Il suffit de comprendre les rythmes biologiques et d’apporter de petits changements réguliers pour se mettre au diapason de notre rythme naturel. Comme toujours, n’oubliez pas de rester patient, d’être à l’écoute de votre corps et de faire preuve d’autocompassion.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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