En Belgique, Jean François Vandoorslaert avait une petite amie, sa mère, ses frères et sœurs attentionnés, de bons amis, une maison et un travail qu’il aimait, mais il a sombré dans la dépendance à l’alcool et s’est perdu pendant quelque temps. Il avait le sentiment qu’en raison de l’alcool, il perdait le contrôle de sa vie. Jean François a retrouvé la clarté et un nouveau chemin à travers la pleine conscience et en renouant avec la nature. A l’âge de 38 ans, il a pris la décision courageuse de tout quitter pour s’installer dans un petit village du nord-est de l’Italie où, entouré de montagnes et de champs, il a commencé une nouvelle vie et s'apprête à ouvrir une ferme pédagogique.
J’ai rencontré Jean François dans la belle ville de Cividale, dans le Frioul-Vénétie Julienne, en Italie, lors d’une fête médiéval, il était calme et souriant, avec les cheveux bouclés et les yeux brillants. Nous avons eu une belle conversation, alternant l’italien et le français et il m’a dit qu’il avait récemment déménagé à Altana, un village voisin.
Né à Gosselies, près de Charleroi, en Belgique, Jean François est le plus jeune de trois enfants, ll a eu une enfance et une adolescence heureuses, remplies de moments ludiques, d’amis et d’amour. A l’âge de 21 ans, il s’installe à Bruxelles et poursuit sa vocation dvenseignant pour enfants handicapés.
A Bruxelles, en compagnie de son ex petite amie, il a petit à petit pris l’habitude de faire la fête et de boire, jusqu’à perdre le contrôle de ses actions et de ses pensées, au point de ne même plus se reconnaître. Il commençait la journée avec la « gueule de bois », incapable de « voir les yeux doux et aimants de sa bien-aimée, et en situation de crise totale ». Jean François était conscient des dangers de cette dépendance et était déterminé à chercher de l’aide et à arrêter. Il a trouvé la clarté et des conseils dans le livre « Imparfaits, libres et heureux » de Christophe André, psychiatre français spécialiste des troubles émotionnels, qui promeut la pleine conscience au quotidien, par la méditation et la psychologie positive. Jean François, devenu sobre depuis 5 ans, en a pris conscience : « Le seul moment que nous pouvons contrôler, c’est maintenant, hier est terminé et demain…, je n’ai aucun pouvoir sur demain. »
Être reconnaissant à chaque instant, vivre dans le présent et en symbiose avec la nature aide à se connecter à son vrai soi. (Image : Avec l’autorisation de Jean François Vandoorslaert)
Au départ, sa décision d’arrêter de boire était pour tenter de sauver sa relation, qui s’en trouvait très affectée, mais étonnamment, au lieu de l’améliorer, elle a marqué la fin de cette relation. « Au début, dit-il, je l’ai fait pour cette raison, par amour. Puis, quand nous nous sommes séparés, j’ai réalisé que c'était... pour l’amour de moi, pour ma confiance en moi, mon bien-être et ma sérénité. » L’abandon de sa dépendance a constitué un tournant dans sa vie et la perception de celle-ci. Il a pris conscience de l’impact de l’alcool dans la vie des gens, partout, et dans toutes les classes sociales. Il s’est également rendu compte que « les jeunes ne sont pas suffisamment informés des dangers de l’alcoolisme». Il existe des idées toutes faites sur l’alcool et les gens pensent que boire va les aider à reprendre confiance en soi, à diminuer les inhibitions, à s’amuser et à socialiser, en quelque sorte, à échapper à leurs pensées et à leur conscience.
Jean François aime faire de longues promenades dans la nature avec ses chiens. (Image : Avec l’autorisation de Florence Zumello)
L’alcool représente une importante source de revenus pour de nombreuses personnes, c’est pourquoi les sociétés de marketing en font une importante promotion en tant que mode de vie et symbole de statut social. En raison de cette image trompeuse, l’alcool est devenu un élément important et dangereux de la culture occidentale. L’addiction à l’alcool, tout comme les autres dépendances, est considérée comme une maladie, et il est important de réagir. Comme l’a souligné Jean François : « Il est facile de dire que quelqu’un est malade, mais il faut agir en conséquence. La vie continue, l’alcool est toujours présent... Je suis très fier d’avoir arrêté et je continue dans ce sens. »
Pour son développement personnel, Jean François s’est aussi inspiré de Pierre Rabhi, philosophe français d’origine algérienne, connu dans le monde entier pour son combat pour la sécurité alimentaire, son approche respectueuse de l’environnement et une utilisation raisonnable des ressources. En lisant ses livres, Jean François a appris l’importance d’une vie en communion avec la nature, et a décidé de créer une ferme pédagogique, avec un ami italien. Il s’est installé à Altana, un petit village italien près de la frontière avec la Slovénie, dans la région nord-est de Friuli Venezia Giulia. Ce projet vise à aider les enfants, en favorisant leur développement personnel au contact d’un environnement naturel et d’une flopée d’animaux domestiques.
Le chien de Jean François, Zaia. (Image : Avec l’autorisation de Florence Zumello)
Le chien de Jean François, Mila. (Image : Avec l’autorisation de Florence Zumello)
L’histoire de Jean François illustre l’exemple de la façon dont les gens, dans notre société complexe, peuvent facilement tomber dans la dépendance, pour échapper à leurs sentiments et à une sensation de vide dans leur cœur, perçue à différents degrés de conscience et de sensibilité. Ceci est également dû à un manque croissant d’orientation et de valeurs universelles, qui entraînent un déclin rapide de la morale commune. Il y a seulement 50 ans, la société était moins développée et les gens avaient un lien plus fort avec le divin, la nature et la spiritualité. Nous parlons aujourd’hui de l’ordre mondial, nous sommes connectés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et nous vivons néanmoins des vies solitaires, devenant de plus en plus égoïstes et méfiants les uns envers les autres. L’alcool, les drogues et même l’abus de technologie sont de fausses solutions pour échapper à notre routine quotidienne, endormir notre conscience et ce sentiment de solitude, ainsi que pour éviter nos responsabilités.
Nous sommes tellement concentrés sur le bien-être matériel et d’autres facteurs externes que nous oublions souvent de regarder en nous-mêmes, en cet endroit où se trouvent toutes les vraies réponses. Comme le dit Jean François, il faut se rappeler que « c’est possible, tout est possible… »
Rédacteur Fetty Adler
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.