Pourquoi la disparition de tribus amazoniennes est un désastre pour la médecine moderne
L’avènement de la médecine moderne a vraiment été une bénédiction pour l’humanité. On a découvert des remèdes pour des maladies que l’on croyait autrefois incurables, la mortalité infantile a diminué et l’espérance de vie moyenne des êtres humains a augmenté. Cependant, la médecine moderne n’est pas la seule source de connaissances médicales. De nombreuses tribus vivant en Amazonie disposent d’un vaste corpus de connaissances sur la flore médicinale locale, qui pourrait un jour s’avérer très utile pour l’humanité.
Tribus et médecine
L’Amazonie est aujourd’hui le plus grand réservoir de biodiversité des régions au monde. Il est donc naturel que les gens qui vivent dans le pays depuis des siècles testent les plantes à des fins médicinales et finissent par mettre au point un système médical sophistiqué. Mark Plotkin, ethnobotaniste formé à Harvard et à Yale, qui a passé plus de 30 ans à étudier la médecine traditionnelle amazonienne, ne pense pas que la médecine tribale devrait être uniquement perçue comme un rituel vaudou ou de la sorcellerie et que seule la médecine moderne pourrait offrir un véritable traitement.
Il a déclaré au journal PRI (Public Radio International) : « Les indigènes d’Amazonie utilisent ces substances depuis des milliers d’années. Ils ont bien sûr testé si cela fonctionnait... Certaines personnes pensent à tort que les Indiens connaissent tout. C’est évidemment absurde. Mais penser quvils ne savent rien est aussi une ineptie ». Plotkin rejette également l’affirmation selon laquelle, du fait que la médecine tribale implique des rituels et des pratiques inutiles, la médecine par elle-même serait également inefficace. Dans tous les cas, la meilleure façon de juger si quelque chose fonctionne ou non est de le tester.
Depuis des siècles, les indigènes d’Amazonie testent les plantes pour leur utilisation à des fins médicinales. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Au cours des siècles passés, plusieurs tribus d’Amazonie se sont éteintes sans avoir pu transmettre leurs connaissances médicales à d’autres. Pour remédier à cette situation, les indigènes de la tribu des Matsés du Pérou et du Brésil, ont publié en 2015 une encyclopédie de 500 pages énumérant leur savoir en médecine traditionnelle. Un deuxième volume a été rajouté fin 2017, portant le nombre total de pages à environ 1 000. Ils ont été aidés dans cette tâche par le groupe de conservation Acaté. Cinq chamans de la tribu des Matsés ont participé à l’élaboration de ce recueil, systématisant et compilant leurs informations médicales.
« L’un des guérisseurs les plus reconnus est décédé sans pouvoir transmettre son savoir, donc le moment était venu. Acaté et les chefs Matsés ont décidé de faire de cette Encyclopédie une priorité, avant que les anciens n’emportent leur savoir avec eux », a déclaré Christopher Herndon, président et co-fondateur d’Acaté, à Mongabay.
Les principales plantes médicinales d’Amazonie
Selon les estimations, environ 25% des médicaments utilisés dans la médecine moderne proviennent des plantes de la forêt tropicale humide. L’Amazonie est potentiellement une mine d’or pour les médicaments. En haut de la liste se trouve la griffe de chat, une plante utilisée depuis des centaines d’années en médecine par les autochtones. Ils l’utilisent pour traiter l’inflammation, les ulcères, la dysenterie, la fièvre et l’arthrite. La recherche a montré que la griffe de chat peut stimuler le système immunitaire et peut même être utile dans le traitement des patients atteints du VIH.
Selon les estimations, environ 25 % des médicaments utilisés dans la médecine moderne proviennent des plantes de la forêt tropicale humide. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le Cordoncillo est une plante utilisée par les indigènes comme anesthésique. « En mâchant les feuilles, votre bouche s’engourdit. De même, frottez-les sur une plaie pour l’anesthésier. La plante est aussi utilisée de façon traditionnelle pour la désinfection des plaies, le traitement des maladies respiratoires, l’arrêt des hémorragies et le traitement des calculs biliaires », selon The Telegraph.
Le quinquina est un arbre populaire qui pousse dans les jungles du bassin amazonien. Il est particulièrement connu pour son écorce riche en quinine utilisée dans le traitement du paludisme. Un autre arbre, le tawari (Ixerba brexioides) a également des vertus médicinales. Son écorce déjà utilisée dans le traitement des infections, pourrait aussi avoir des propriétés anticancéreuses.
Rédacteur Fetty Adler
Voir la vidéo : Journey to the Amazon - Jungle Medicine
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