Beaucoup d’entre nous sont tombés dans le piège du doomscrolling, cette habitude malsaine qui consiste à faire défiler les pages des réseaux sociaux à la recherche de mauvaises nouvelles. (Image : Pabak Sarkar / Flickr / CC BY 2.0)
Êtes-vous concernés par le doomscrolling, cette attitude malsaine qui consiste à naviguer sans fin sur les réseaux sociaux à la recherche de mauvaises nouvelles ? Ce comportement autodestructeur peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale.
Qu’est-ce que le doomscrolling
Le mot doomscrolling vient de la contraction des termes anglais « doom » signifiant morbide, et « scrolling » qui désigne le fait de faire compulsivement défiler des contenus sur notre portable. On peut le traduire par : « défilement morbide »
On pourrait penser que ce terme est apparu suite à la pandémie de 2020. En fait, il a été introduit en 2018 sur Twitter, un réseau connu pour véhiculer toutes sortes de publications choquantes.
Pourquoi faisons-nous du doomscrolling
Selon Tess Brigham de MFT, « Le doomscrollingse produit lorsque vous réalisez que vous avez atterri sur une histoire et que vous ne savez pas comment vous y êtes arrivé. Vous ne vous souvenez même pas pourquoi vous avez utilisé votre téléphone en premier lieu, mais maintenant vous lisez des centaines de commentaires ou de retweets de quelqu’un que vous ne suivez même pas ».
Dans de nombreux cas, les gens font défiler des informations en ligne compulsivement. Parfois, le sujet crée une dépendance et les préoccupations quotidiennes perdent de leur pertinence ou sont négligées. Pourquoi cela se produit-il ?
« Les gens font du doomscrolling pour de nombreuses raisons différentes », explique Tess Brigham. « La principale raison est une façon de se sentir en contrôle dans un monde qui semble si incontrôlable en permanence. »
Tess Brigham note que cette habitude serait pour se préparer au pire, en guettant les mauvaises nouvelles pour ne pas être pris au dépourvu.
« Nous sommes programmés pour survivre et pour voir les choses qui pourraient potentiellement nous nuire », ajoute Tess Brigham. « C’est dans notre ADN, et nos ancêtres avaient besoin de cette capacité pour littéralement survivre. Bien que notre monde soit très différent, nous avons toujours cette volonté de nous protéger, ce que nous pensons faire en lisant de nouvelles histoires négatives. »
Malheureusement, les médias profitent souvent de cette dépendance aux mauvaises nouvelles, et utilisent la tactique de « l’alarmisme » pour attirer davantage de lecteurs avec des titres choquants.
Le fait de naviguer sans fin sur les réseaux sociaux à la recherche de mauvaises nouvelles parce que nous vivons dans la peur est déjà assez inquiétant, mais une étude récente a montré que le doomscrolling peut également avoir de graves conséquences sur la santé.
Le doomscrolling peut conduire à l’anxiété et au stress, provoquant paranoïa et insomnie. (Image : mikoto.rawPhotographer / Pexels)
Les pièges du doomscrolling
Selon une étude réalisée par le journal Health Communication, sur les 1 100 personnes testées, seules 28,7 % ont obtenu un score faible dans les cinq catégories de problèmes : le transport (s’immerger dans le sujet), la préoccupation (s’attarder sur le sujet), la mauvaise régulation (faire défiler des nouvelles négatives pour atténuer l’anxiété), la sous-régulation (incapacité à arrêter de défiler) et l’interférence (impact sur les relations, les performances ou les conflits).
La majorité des participants ont obtenu un score élevé dans certaines catégories, 27,5 % d’entre eux étant affectés de manière minimale, ce qui signifie que l’habitude est quelque peu problématique mais qu’ils la contrôlent. Une autre tranche de 27,3 % des participants a fait état de niveaux « modérément problématiques », et 16,5 % des participants ont montré des signes flagrants d’anxiété et de stress.
« Pour ces personnes, un cercle vicieux peut se développer dans lequel, au lieu de se déconnecter, elles sont attirées davantage, obsédées par les nouvelles et vérifiant les mises à jour 24 heures sur 24 pour soulager leur détresse émotionnelle », a expliqué Bryan McLaughlin, professeur associé à la Texas Tech University et auteur principal de l’étude.
« Mais cela n’aide pas, et plus ils vérifient les nouvelles, plus cela commence à interférer avec d’autres aspects de leur vie ».
« C’est mauvais pour votre santé mentale parce qu’il n’y a pas de réel avantage à regarder le doomscrolling », explique Tess Brigham. « Cela ne fait que vous rendre plus anxieux et paranoïaque à propos du monde qui vous entoure ».
Bien que vous ne soyez pas conscient que vous absorbez toute cette énergie négative, cela agit sur votre subconscient. L’anxiété peut perturber votre sommeil, avec des scénarios apocalyptiques qui hantent vos rêves.
Passer du temps et partager ses idées avec des personnes en qui l’on a confiance peut atténuer les effets des mauvaises nouvelles et des discours alarmistes. (Image : Tetra Pak / Flickr / CC BY-SA 2.0)
Comment contrôler le doomscrolling
Il y a cependant de l’espoir pour les habitués du doomscrolling. Tant que vous reconnaissez le problème et souhaitez le surmonter, vous pouvez ramener votre vie dans un domaine positif.
Détournez-vous des nouvelles. Essayez de concentrer votre attention sur des choses hors ligne que vous appréciez. Détachez-vous de l’écran qui fatigue vos yeux et des nouvelles déprimantes, et faites vraiment quelque chose.
Qu’il s’agisse d’une activité volontaire ou d’un simple divertissement, toute perspective nouvelle rendra votre esprit clair et illuminera votre journée. Le travail et l’exercice physiques ont de nombreux avantages pour la santé, tandis que la lecture de la littérature classique peut cultiver des schémas de pensée plus sains et plus nobles.
Malheureusement, beaucoup d’entre nous sont liés à Internet pour leur subsistance. Si vous devez lire les nouvelles, exercez un certain contrôle : limitez votre temps d’écoute et veillez à éviter les contenus négatifs.
Plus important encore, établissez des liens avec de vraies personnes. L’interaction avec la famille, les amis et même les inconnus offre une expérience réelle bien plus précieuse que tout contenu en ligne. Si vous êtes troublé par les nouvelles, parlez-en avec une personne de confiance. Une discussion saine avec vos proches permettra probablement de briser le cycle de négativité dans lequel vous avez été aspiré.
Le cercle vicieux peut vous entraîner dans une spirale descendante, mais avec de bonnes intentions et de la détermination, vous pourrez dissiper le brouillard et permettre à des pensées plus positives de guider et de façonner vos vies. Privilégiez les choses qui vous font avancer et résistez à celles qui vous font reculer. Lorsque le monde vous semble lugubre et incontrôlable, recherchez toutes les choses bonnes et positives dans votre vie et suivez-les.
