Quel est l’avis des professionnels de santé concernant les soins de santé numériques et comment leurs motivations et leurs exigences pour ces outils ont-elles évolué au fil du temps ? Les résultats d’une étude sur la santé numérique de l’American Medical Association (AMA) ont été publiés en septembre.
Les chercheurs ont demandé aux médecins ce qui les motiverait pour adopter les nouveaux outils de santé numériques dans la pratique clinique, et quelles étaient leurs préoccupations. Quatre catégories principales sont apparues : Est-ce que ça va marcher ? Recevrai-je une rémunération ? Serai-je responsable ? Cela fonctionnera-t-il dans ma pratique ?
Au cours des années 2016, 2019 et 2022, L’AMA a interrogé environ 1 300 médecins, en modifiant légèrement les questions initiales de l’enquête de 2016 et en ajoutant des questions supplémentaires en 2022. Environ 50 % des médecins étaient des prestataires de soins de santé primaires, contre 50 % de spécialistes, la majorité des médecins travaillant dans des cabinets groupés.
Sept types d’outils spécifiques ont été évalués, notamment la surveillance à distance pour l’efficacité, la surveillance et la gestion à distance pour l’amélioration des soins, les téléconsultations et les visites virtuelles, l’amélioration du point de service ou du flux de travail, l’aide à la décision clinique, l’accès des consommateurs aux données cliniques et l’engagement des patients.
Une adoption généralisée
Les chercheurs ont constaté qu’avec le temps, de plus en plus de médecins voyaient un « avantage certain aux outils numériques », en particulier parmi ceux âgés de 51 ans et plus. Alors que 87 % des prestataires de soins de santé primaires et 83 % des spécialistes estimaient en 2016 qu’il y avait des avantages à tirer parti des outils numériques pour les soins aux patients, ces pourcentages sont passés respectivement à 94 % et 90 % en 2022.
L’adoption d’outils numériques par les médecins a également augmenté de manière significative au fil du temps, passant d’une moyenne de 2,2 outils de santé numériques utilisés par les médecins en 2016 à 2,4 en 2019 et 3,8 en 2022. Les analyses de sous-groupes ont révélé une augmentation du nombre d’outils utilisés indépendamment de l’âge, du sexe, des années de pratique et du niveau d’enthousiasme pour la technologie.
Le pourcentage de médecins ayant recours aux téléconsultations et aux visites virtuelles est passé de 14 % en 2016 à 28 % en 2019 et à 80 % en 2022. L’utilisation de dispositifs de surveillance à distance est passée de 12 % en 2016 à 16 % en 2019 et 30 % en 2022.
Le président de l’AMA, le Dr Jack Resneck, a déclaré : « le taux d’adoption des outils de santé numériques par les médecins s’est accéléré, car les médecins sont de plus en plus optimistes quant aux avantages que des outils de santé numériques correctement conçus peuvent avoir pour les soins aux patients si les principales exigences sont respectées. »
« L’enquête de l’AMA illustre l’importance que les médecins accordent aux outils de santé numériques validés qui améliorent la santé tout en rationalisant les charges technologiques et administratives auxquelles ils sont confrontés chaque jour en médecine. Ces technologies doivent également être conçues et déployées de manière à faire progresser l’équité en matière de santé », a-t-il poursuivi.
Changement d’attitude des médecins
Les téléconsultations ont suscité le plus d’enthousiasme chez les médecins (57 %), suivies des dispositifs de surveillance à distance (53 %) et des outils d’amélioration des soins ou du flux de travail (49 %).
L’enthousiasme a sensiblement diminué, de 49 % en 2016 à 43 % en 2022 pour l’engagement des patients, et de 42 % en 2016 à 37 % en 2022 pour l’accès des consommateurs aux données cliniques.
Les principaux facteurs motivant l’intérêt des médecins pour les outils de santé numériques sont l’amélioration des résultats cliniques et l’efficacité du travail. De plus, l’importance de fournir des soins aux patients à distance et de réduire le stress et l’épuisement professionnel a augmenté de manière significative de 2019 à 2022.
Parmi les médecins enthousiastes à l’égard de la télésanté, 94 % utilisent déjà ces services. En revanche, parmi ceux qui sont enthousiasmés par les dispositifs de surveillance à distance, 39 % les utilisent déjà et 38 % disent qu’ils les adopteront au cours de l’année prochaine.
Alors que seul un médecin sur cinq utilise actuellement l’intelligence augmentée, deux sur cinq ont déclaré qu’ils l’intégreront dans leur pratique au cours de l’année prochaine.
L’intelligence augmentée désigne les technologies destinées à améliorer, mais non à remplacer, l’intelligence humaine. Parmi les exemples d’applications réelles de l’intelligence augmentée, citons les centres de commandement de la coordination des soins, qui traitent des flux de données provenant de diverses sources, les applications de suivi de la santé mentale et de repérage des tendances, et la gestion de la santé de la population, qui permet d’élaborer des plans de traitement et des recommandations personnalisés.
Bien que la grande majorité des médecins se soient montrés enthousiastes quant à l’avenir des soins de santé numériques, la manière dont les outils sont mis en œuvre suscite encore de nombreuses inquiétudes.
Les médecins préfèrent des services à la fois intuitifs et supérieurs aux outils de soins traditionnels. La couverture en matière de responsabilité, l’intégration dans les dossiers médicaux électroniques et la protection de la confidentialité des données sont autant d’éléments qui doivent être mis en place pour garantir une adoption rapide des nouveaux outils.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : How Doctors Feel About Digital Healthcare
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