« Quand le qi est recueilli, on naît ; quand le qi est fort, on est en bonne santé, quand le qi est faible, on est faible, quand le qi est dispersé, on est mort », selon la théorie médicale dans la Chine ancienne (*). Le qi est l’énergie la plus élémentaire constituant le corps humain et les activités qui permettent de l’augmenter assurent une bonne santé, une bonne défense contre les maladies et améliorent la résistance. Pour que le qi ne diminue jamais, les pratiques médicales des anciens préconisaient les « seize moyens pour nourrir le qi ».
1. Parler à bon escient pour garder le moral
Le qi régit différentes parties du corps, comme le foie, la rate ou le cœur, c’est l’énergie primordiale, le souffle nécessaire à tous les organes. Les activités de la vie humaine sont dominées par l’esprit. Les anciens appelaient les différentes formes du qi « les dieux » ou « les fonctionnaires des monarques ». Cela signifie que le qi ou « dieu » traite le corps humain comme le roi d’un pays traite le peuple (protège, transforme, réchauffe…). Par conséquent, lorsqu’il est fluide et harmonieux, c’est la bonne santé physique et morale. S’il est bloqué et déséquilibré, c’est la maladie et la dépression.
Les anciens accordaient beaucoup d’attention à la préservation de l’esprit et du qi. Ils préconisaient d’intérioriser l’esprit et de se taire. Si l’on ne fait pas preuve de prudence dans son discours, il est possible de prononcer des mots vulgaires, des mensonges ou des absurdités. Cela blessera facilement le qi et le dissipera. Trop parler fait perdre son énergie. Quand cela se produit souvent, le qi est davantage blessé et s’épuise, affectant la santé physique et mentale.
2. Éviter l’exaltation pour élever son cœur
Les émotions fluctuantes constituent le plus grand obstacle à la préservation de la santé. « La joie, la colère, l’inquiétude, le chagrin et la peur », qu’on désignait dans les temps anciens comme faisant partie des « sept émotions » sont directement liés à l’énergie des organes internes. Une trop grande joie affecte le qi du cœur. La théorie de la médecine traditionnelle chinoise dit : « joyeux et triste ».
Ici, on parle d’une joie excessive, liée à l’exaltation. Quand cela se produit, le qi du cœur se contracte et la communication entre le qi du cœur et le qi des reins ralentit soudainement, ce qui provoque un déséquilibre pouvant entraîner une cardiopathie. Bien sûr une humeur joyeuse facilite une meilleure santé. La ligne de démarcation fondamentale entre la joie et l’exaltation est de savoir si elle provoque des troubles de l’humeur.
3. Se rendre utile et développer le courage
Le courage d’une personne est souvent lié à son propre cœur. En pensant moins à soi-même et davantage aux autres, le sentiment de courage se renforcera. Une personne de bonne moralité et désireuse d’aider les autres doit être optimiste et courageuse.
Comme le dit le dicton : « Si le cœur est vide, on n’a pas peur des fantômes qui frappent à la porte. » Le courage de dépasser sa peur et de conjurer le mal vient de l’altruisme. Au contraire, les personnes égoïstes font souvent face au chagrin. Elles font preuve d’une prudence excessive et vivent une vie très dure et fatigante. Quand à celles qui commettent de mauvaises actions, elle vivent dans la crainte après leurs méfaits.
Dans le confucianisme, on considère que la manière correcte de contrôler la colère est de maintenir un état d’esprit neutre. (Image : d Bossarte / Pixabay)
4. Contrôler la colère pour ménager le foie
Une partie importante du qi du foie permet de contrôler la colère, en amélioriant la capacité de médiation et le contrôle de soi.
« La colère blesse le foie. » Par conséquent, il est important pour maintenir le qi du foie de contrôler efficacement la colère et d’améliorer sa capacité de conciliation.
La maîtrise de la colère est différente de la « tolérance » préconisée par le bouddhisme. La « tolérance » ne peut qu’empêcher la colère d’éclater, mais l’émotion est toujours présente. La tolérance fera stagner le qi du foie et deviendra un facteur pathogène. La manière correcte de contrôler la colère est de maintenir une atmosphère neutre préconisée par le confucianisme. Le confucianisme pense que « ne pas montrer sa colère est la Voie du milieu ».
Prendre conscience de sa colère avant qu’elle n’éclate permet d’agir et de la maîtriser. La colère se situe alors sous le contrôle de la conscience. La crise sera domptée et l’harmonie réapparaîtra. Maintenir une pensée objective permet de conserver une énergie neutre, apte à dissoudre la colère et à nourrir l’énergie du foie.
5. Nourrir le tempérament
« La rate gouverne la pensée » et « les pensées douloureuses, notamment les soucis, endommagent la rate ». Cette société de contradictions fait que les gens sont souvent inquiets et en colère. Ils perdent l’appétit, deviennent neurasthéniques, leur teint devient terne. À la longue, cela peut entraîner des maladies.
Bien que les soucis ne puissent pas être totalement éliminés, ils peuvent être réduits ou résolus en partie. La meilleure façon de résoudre un problème est de chercher à l’intérieur de soi et lorsqu’une solution en découle, de la mettre immédiatement en pratique. Si aucune solution n’apparaît, il est important de prendre du recul et de privilégier l’équilibre, l’optimisme et la tolérance.
Dans un régime léger, la viande se consomme en petite quantité, on privilégie l’alimentation végétarienne, faible en sel, en sucre et en gras, avec plus de légumes et d’aliments frais. (Image : Christine Sponchia / Pixabay)
6. Adopter un régime léger
Dans un régime léger, la viande se consomme en petite quantité, on privilégie l’alimentation végétarienne, faible en sel, en sucre et en gras, avec plus de légumes et d’aliments frais.
En médecine traditionnelle chinoise, « L’estomac est le fondement de la nature acquise », ce qui montre à quel point l’estomac est important pour les activités dans la vie. Pour nourrir le qi de l’estomac, l’alimentation doit être légère. Manger trop de poisson, de viande ou d’aliments gras augmente la charge sur l’estomac, réduit sa fonction digestive et peut lui causer divers problèmes. Il est conseillé d’éviter les repas trop copieux, afin de maintenir le qi de l’estomac léger. Adapter l’alimentation en fonction des conditions physiques et des différentes saisons pour le tonifier.
7. Diriger consciemment le fluide oral vers le Dantian
Selon la médecine traditionnelle chinoise, « le rein est le Jing inné, le fondement de le vie ». Avec un qi du rein puissant et une forte vitalité, le vieillissement peut être retardé et la vie prolongée. Il existe de nombreuses façons de maintenir le qi du rein. Une méthode taoïste consiste à utiliser le fluide oral pour raffiner le qi. Avaler consciemment le fluide oral en le dirigeant mentalement vers le Dantian (situé dans la partie centrale du bas-ventre) et le transformer en qi primordial, l’essence du rein. Le fluide oral est un liquide cristallin au goût sucré, différent de la salive collante.
Guider le fluide oral consiste à plaquer la langue contre le palais pour stimuler les nerfs endocriniens. Pour stimuler la sécrétion du fluide oral, à l’aide de la langue, tapoter les dents et masser les gencives supérieures et inférieures internes. Lorsque le fluide remplit la bouche, l’avaler en 3 fois, en le dirigeant consciemment jusqu’au Dantian inférieur. En pratiquant régulièrement cette méthode, le qi rénal sera naturellement suffisant.
8. Respirer profondément pour nourrir le qi du poumon
Les anciens estimaient que les « trois ajustements » préservent la santé: la régulation de l’esprit, la régulation de la forme et la régulation de la respiration. Le pranayama vise la respiration, exigeant que la respiration soit « profonde, lente et uniforme ».
Il existe de nombreuses méthodes de respiration pour le maintien de la santé, telles que l’inspiration par le nez, la respiration par la bouche, la respiration thoracique, la respiration abdominale, la respiration avant, la respiration inverse, etc. Elle doit être « lente, uniforme et profonde » afin d’augmenter la capacité pulmonaire et de nourrir le corps avec plus d’oxygène et d’autres énergies. La respiration profonde est la condition préalable au pranayama, c’est la garantie d’une bonne respiration.
(*) "Compilation préliminaire des droits médicaux" (醫權初編, Yi Quan Chu Bian)
Œuvre en deux volumes sur la théorie médicale et les cas médicaux concrets, par Wang Sanzun, 1721, Dynastie Qing.
Rédacteur Catherine Keller
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