La pollution lumineuse ou photopollution existe lorsque les éclairages artificiels nuisent par leur nombre et leur intensité à l’obscurité normale de la nuit.
Un phénomène mondial
L’éclairage public dans les zones urbanisées, principal responsable de la pollution, projette un halo lumineux qui masque la Voie lactée. 80% de la population mondiale (99% des Américains et des Européens) ne peuvent voir les étoiles, selon la carte de pollution lumineuse de l'ISTIL (Italian Light Pollution Science and Technology Institute), publiée dans la revue Science Advances en 2016. D’autres parties de la planète comme le delta du Nil et l’est de la Chine entre Shanghaï et Hong Kong sont particulièrement touchées par le phénomène. Hong Kong serait la ville la plus lumineuse du monde.
Se déplaçant surtout la nuit, les oiseaux migrateurs se laissent guider par la lune et les étoiles. (Image : Gerd Altmann / Pixabay)
Quels sont les méfaits sur la biodiversité ?
Moins souvent évoquée que les autres formes de pollution classique, la pollution lumineuse représente cependant un danger pour les écosystèmes.
La germination, la croissance et la floraison de la végétation peuvent être altérées par la lumière nocturne excessive.
Des études ont révélé que des arbres exposés à la lumière artificielle connaissent un bourgeonnement précoce, ce qui fragilise leur système de défense.
La reproduction et les migrations de la faune nocturne sont gravement perturbées par la prolifération des luminaires.
Se déplaçant surtout la nuit, les oiseaux migrateurs se laissent guider par la lune et les étoiles. Ils sont désorientés par la lumière artificielle et viennent se fracasser contre les habitations. Selon l'Association Internationale Dark Sky « cent millions d’oiseaux en migration sont tués chaque année aux Etats-Unis lors de collisions avec des bâtiments éclairés », rapporte le cabinet de conseil BL Evolution.
Quant aux insectes, des milliards d’entre eux disparaissent chaque nuit. La pollution lumineuse jouerait un rôle majeur mais sous-estimé dans le déclin des populations d’insectes. En conséquence, la pollinisation si importante pour l’alimentation humaine se trouve menacée.
La mélatonine, souvent appelée « hormone du sommeil » est sécrétée la nuit. Elle favorise l’endormissement. (Image : Daniela Dimitrova / Pixabay)
Méfaits avérés sur la santé
L’horloge interne de tout être vivant suit un rythme circadien, c’est-à-dire à dire un rythme basé sur 24 heures. Or la mélatonine, souvent appelée « hormone du sommeil » est sécrétée la nuit. Elle favorise l’endormissement. La lumière artificielle en pleine nuit crée un déficit en mélatonine, ce qui bouleverse le rythme circadien et produit un trouble du sommeil.
Cette désynchronisation est facteur de stress, d’obésité, voire de certains cancers.
« Le déficit en mélatonine s’accompagne d’une altération des rythmes biologiques et de la perte de ses propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes, immuno-stimulatrices, neuro-protectives, cardio-protectives et anti-oncotiques », explique Thomas Le Tallec, professeur agrégé, dans un article de l’« Encyclopédie environnement » paru le 24 novembre 2018.
Comment réduire la pollution lumineuse ?
À l’échelle individuelle il suffit de réviser les habitudes d’éclairage, adapter la consommation lumineuse aux besoins pour éviter tout gaspillage.
Il existe des capteurs permettant l’allumage des lumières en fonction des déplacements. Leur usage est conseillé.
Des teintes de lumière qui attirent moins les insectes sont aussi recommandées.
Sur le plan collectif, il conviendrait que la législation mise en vigueur soit appliquée par les collectivités publiques.
L’article 3 de l’arrêté sur la réduction des nuisances lumineuses, paru au Journal Officiel et applicable à compter du 1er janvier 2019, prescrit de nouvelles obligations de gestion d’éclairage : « Les émissions de lumière artificielle des installations d’éclairage extérieur et des éclairages intérieurs émis vers l’extérieur sont conçues de manière à prévenir, limiter et réduire les nuisances lumineuses, notamment les troubles excessifs aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes. »
L’élargissement des sources de pollution lumineuse et la durée réglementaire de l’éclairage public sont pris en compte dans les nouvelles lois en vigueur.
Les associations ayant porté plainte contre l’État qui a été condamné par le Conseil d’État pour son « inaction » reconnaissent des avancées mais jugent ces mesures encore insuffisantes.
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