Les Pères fondateurs des États-Unis ont lancé un avertissement dans leurs principes constitutifs : ne jamais tomber dans le bourbier de la dette. Car une fois qu’une nation se trouve en situation d’endettement, la liberté sera complètement annihilée et le pays ne pourra que se plier à la volonté des autres. Ainsi, l’effort et l’épargne pouvaient être assimilés à un des principes fondateurs des États-Unis.
Aujourd’hui, aux États-Unis, il est possible de constater que tout s’achète avec une carte de crédit, un prêt automobile, un prêt immobilier. Pour répondre aux besoins croissants des ménages, tout est géré par des systèmes d’endettement. Résultat, une fois âgée ou que l’économie est en crise, il ne reste à la personne qu’une accumulation de superflu. Cela semble être le style de vie des de nombreux Américains d’aujourd’hui. Ils semblent avoir une dette à vie, une dette personnelle, une dette commerciale, une dette nationale. La pensée keynésienne qui domine l’économie américaine affirme que la dette peut stimuler l’économie.
L’enjeu d’une dette maîtrisée
Mais savez-vous comment les Pères fondateurs des États-Unis envisageaient la dette il y a plus de 240 ans ? Ils disaient que l’Amérique ne doit absolument pas s’endetter ! Puisqu’« en termes de destruction d’un pays, la dette a le même effet qu’une invasion ».
Les Pères fondateurs l’avaient très bien compris. Autrefois, comment devenait-on esclave ? On était soit vaincu par d’autres et vendu, ou bien endetté et pour rembourser sa dette, on devait alors se vendre comme esclave.
Les Pères fondateurs des États-Unis pensaient qu’une nation criblée de dettes restreindrait la liberté de son peuple, altérerait la volonté humaine et conduirait les gens à renoncer à toutes opportunités. Un excès de dettes fait que les personnes sont dans la crainte de prendre des risques, parce qu’il n’y a pas de capital risque, pas de courage et pas d’esprit d’aventure : donc la dette a un effet de repli sur soi pour les individus.
Cela signifie également que les Pères fondateurs croyaient que l’épargne était une vertu. S’endetter à la hâte devient un crime en situation de crise. Si vous avancez prudemment, vous pouvez rembourser votre dette et vous endetter avec raison. Alors que s’endetter dans la précipitation est beaucoup plus dangereux.
À cette époque, de nombreux pays étaient d’avis que la dette due à la guerre n’était pas non plus pertinente. Les dettes de guerre sont susceptibles d’être transmises aux générations futures, car si vous voulez protéger votre pays, il semble logique que vos descendants assument aussi cette responsabilité. Mais les fondateurs des États-Unis ont souligné le fait que les dettes de guerre ne devaient pas être reportées et que les dettes d’après-guerre seraient remboursées immédiatement. Ainsi les Américains ne devaient pas léguer de dettes à leurs descendants. À cet égard, le principe des pères fondateurs est très clair.
Une situation périlleuse au regard des principes fondateurs des États-Unis
Cependant, les États-Unis s’éloignent de plus en plus de la vision des fondateurs. Ainsi, la situation de la dette y est devenue désastreuse.
En 1855, quelques années avant le début de la guerre civile américaine, la dette du gouvernement américain était de 60 millions de dollars. La guerre de Sécession a nécessité de nombreuses dépenses militaires. En 1865, à la fin de la guerre de Sécession, la dette publique est passée, en 10 ans, de 60 millions de dollars à 1,3 milliard de dollars. Dix ans après la guerre, en 1875, la dette américaine était tombée à 270 millions, elle était quasiment entièrement remboursée.
En 1916, juste avant la Première Guerre mondiale, la dette américaine était de 700 millions de dollars. À la fin de la Première Guerre mondiale, la dette américaine était de 18 milliards de dollars. Après la fin de la guerre en 1927, la dette américaine est tombée à 3 milliards.
Mais aujourd’hui, où en est le niveau d’endettement ? 21 000 milliards de dollars en 2018 ! Entre 1927 et 2018, la dette américaine est passée de 3 milliards de dollars à 21 000 milliards de dollars, soit une multiplication par 7. Bien sûr, compte tenu de l’inflation, la dette est 2 à 3 fois plus élevée !
Examinons de près cette période historique. À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, la dette nationale des États-Unis était évaluée à 93 milliards de dollars, et en 1948, elle était tombée à 29 milliards de dollars. Depuis lors, cette dette n’a jamais diminué et, dans l’ensemble, elle a augmenté de façon spectaculaire. En 2006, la dette américaine était passée à 2 500 milliards de dollars et en 2018, elle était à 21 000 milliards de dollars.
Aux États-Unis aujourd’hui, les intérêts annuels payés sur la dette nationale, de 1 000 milliards de dollars, dépassent l’ensemble des dépenses militaires de la Première Guerre mondiale. En d’autres termes, malgré le différentiel d’inflation, les intérêts payés chaque année sont toujours le prix d’une guerre mondiale, et la dette est déjà exorbitante ! Ainsi, aujourd’hui, les Américains consomment en fait la richesse des générations futures.
Les dettes des époques des présidents Bush et Obama ont augmenté rapidement. Pendant l’ère Bush, les guerres contre le terrorisme, contre l’Irak et l’Afghanistan, ont doublé la dette nationale. À l’époque du président Obama, cela représentait une augmentation significative des dépenses publiques avec pour effet d’accroître la dette nationale de 75 %. À l’époque du président Trump, la dette extérieure a continué à croître. Pourquoi ? Parce que l’intention du président Trump était de construire la défense des États-Unis et de réduire les impôts en même temps, à savoir moins de recettes et plus de dépenses. Par conséquent, le plan de Trump était de faire en sorte que l’économie soit plus florissante. Selon cette logique, même si le taux d’imposition est bas, les recettes fiscales devraient s’accroître, et la dette serait tirée vers le bas, mais cette stratégie s’inscrit dans le long terme. De ce fait, la dette américaine est encore énorme à l’heure actuelle.
Le Président américain et le Congrès ont-ils conscience de la gravité de cette dette ? La réponse est affirmative. Tout le monde a connaissance de la situation. Le PIB annuel des États-Unis n’est que de 20 000 milliards et la dette est de 21 000 milliards. N’est-ce pas une aberration ? Dès lors, les Républicains proposent la modération, mais aussi de légiférer pour fixer un plafond d’endettement et de réduire les dépenses publiques. Mais à chaque proposition dans ce sens, des voix s’élèvent, et les Démocrates s’opposent aux réductions des dépenses publiques, notamment celles qui touchent à la protection sociale.
Un écart avec la vision des Pères fondateurs
Les Pères fondateurs ont pressenti cet effet il y a plus de 240 ans. Tout le monde sait qu’aucun surendettement n’est acceptable, mais les protestations continuent parce que aucun élu ne souhaite réduire son budget de fonctionnement, ou encore ils ont pour objectif de gagner les élections régionales. C’est un problème majeur auquel sont confrontés les États-Unis aujourd’hui : la politisation à gauche rend la mise en œuvre de décisions favorables intrinsèquement difficile dans la pratique.
Alors, comment résoudre ce problème ? Bien sûr, on peut le résoudre en faisant preuve d’une forte volonté de réduire les coûts et d’économiser de l’argent.
En fait, de nombreuses règles liées au principe de non-endettement ont été violées : les cartes de crédit que les Américains utilisent tous les jours, les prêts hypothécaires élevés et l’émission continue d’obligations américaines vendues dans le monde entier. Tout le monde s’est habitué à cet état. Ce n’est pas du tout la vision des Pères fondateurs sur ce que devaient faire les États-Unis, mais plutôt un phénomène causé par la société américaine qui s’écarte de la vision fondatrice et glisse continuellement vers le bas.
L’un des principes fondateurs que voulaient ériger les Pères fondateurs, c’est que les États-Unis ne soient pas endettés, ni même qu’ils aient des dettes de guerre avec l’incapacité de les rembourser à très court terme. Au regard de cette volonté affichée par ces Pères fondateurs, chaque Américain devrait, aujourd’hui, redoubler d’efforts en travaillant davantage, et comprendre les difficultés économiques que les États-Unis doivent affronter.
Rédacteur Yasmine Dif
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