Les interactions entre les plantes et les animaux ne sont pas rares. Parmi ces associations symbiotiques, citons le rôle joué par les insectes pollinisateurs qui transportent le pollen d’une plante à l’autre tout en se nourrissant du nectar, initiant ainsi le développement des fruits et des graines.
Il existe de nombreux autres exemples d’interactions entre les plantes et les animaux. Ces associations symbiotiques peuvent nous amener à réfléchir sur le rôle de la nature en matière d’équilibre et d’harmonie. Ces êtres vivants de différents règnes qui dépendent les uns des autres pour survivre, forment des relations complexes qui nous confondent, nous, simples humains.
Les fourmis et les plantes
On observe souvent des colonies de fourmis se déplaçant sous l’écorce des arbres. Il est difficile d’imaginer à quel point la relation entre ces minuscules insectes et leur arbre majestueux peut être étroite.
Certaines fourmis se trouvent tout à fait à l’aise dans l’acacia, arbre originaire d’Australie et d’Afrique, et naturalisé en Amérique du Sud. Les épines longues et acérées de l’arbre dissuadent la plupart des animaux de s’attaquer à ses feuilles, offrant ainsi un abri aux fourmis. Résidant à l’intérieur de ces épines épaisses et creuses, les fourmis se nourrissent du nectar des fleurs de l’acacia, en échange de quoi elles défendent leur habitat contre les herbivores en leur infligeant de douloureuses morsures.
Cette relation serait toutefois un peu à sens unique. En étudiant ces fourmis, le chercheur Martin Heil a découvert que le nectar des fleurs d’acacia contient une enzyme qui inhibe chez la fourmi la fabrication d’une autre enzyme lui permettant d’assimiler le saccharose. Devenues inaptes à digérer le saccharose, les fourmis ne peuvent alors plus se nourrir qu’avec le nectar que leur fournit l’acacia.
Il existe un autre exemple de symbiose entre les fourmis et les plantes en Amérique du Sud, dans un endroit de la forêt amazonienne appelé « Les jardins du diable ».
Selon les recherches de Megan E. Frederickson, une étudiante diplômée de Stanford, publiées dans la revue Nature, « Les jardins du diable » sont des zones composées presque exclusivement d’une espèce d’arbres appelés Duroia hirsuta, qui, selon la légende locale seraient cultivés par un esprit maléfique de la forêt.
En fait, « les jardins du diable » seraient protégés, non pas par des démons, mais par une espèce de fourmis.
Les fourmis des « jardins du diable » sont censées être responsables de la destruction de toute plante susceptible de concurrencer les Duroia hirsuta dans lesquels elle réside. Cela crée des conditions propices au développement des jeunes arbres, favorisant ainsi l’expansion des colonies de fourmis.
Un coureur caché dans les fonds marins
En dépit de leur solide carapace et de leurs puissantes pinces, les crabes ne parviennent pas à se protéger des plus grands prédateurs. Étant des proies très visibles, certaines espèces ont trouvé des moyens astucieux pour se camoufler lorsqu’elles se déplacent sur le fond des océans.
Le bernard-l’hermite dispose d’une carapace incomplète, qui ne protège pas son abdomen. De ce fait, il récupère des coquilles abandonnées pour s’en servir comme maison mobile. Certains crabes portent sur leur dos des fragments d’animaux sédentaires, comme des éponges, et d’autres se fondent presque parfaitement dans le sable. Une espèce d’araignée de mer adopte une approche active pour éviter ses prédateurs.
Cette araignée de mer recouvre son corps d’algues vertes et brunes, qui lui serviront de camouflage, un peu à la manière d’une tenue de camouflage portée par les soldats pour se dissimuler dans le décor environnant.
Ainsi, le crabe devient invisible pour la plupart des prédateurs, se fondant dans le monde coloré des fonds marins, ce qui lui a valu le surnom de « crabe décorateur ».
Tout en protégeant leur hôte, les algues bénéficient d’un transport vers d’autres zones de l’océan qu’elles pourront coloniser, et d’un accès à davantage de nutriments de l’eau, dont elles se nourrissent, au cours de leur déplacement.
Une odeur de repas
Lorsqu’elles sont endommagées, certaines plantes libèrent des composés organiques volatils (COV), qui non seulement dissuadent les herbivores, mais attirent également les prédateurs vers leurs cibles.
Par exemple, un plant de tabac attaqué par une chenille va libérer des COV, qui se répandent rapidement dans l’air. Alors que la chenille n’est pas consciente du signal et n’en est pas affectée, les insectes prédateurs reçoivent le message et agissent rapidement pour chasser le ravageur. Les plants de fèves attaqués par des pucerons utilisent la même méthode pour attirer les prédateurs et éliminer les pucerons.
En émettant des COV, les plantes se protègent des ravageurs, tout en offrant à leurs prédateurs un repas facile.
Les pollinisateurs autres que les insectes
Les insectes ne sont pas les seuls pollinisateurs. Environ 9 % des mammifères et des oiseaux du monde entier aideraient les plantes à répandre leurs grains de pollen et à se propager.
Le rôle des chauves-souris en tant que pollinisatrices est bien plus important qu’on ne pourrait l’imaginer. Ces mammifères sont particulièrement importants dans les climats chauds, où ils pollinisent les plantes grasses la nuit, à l’aide de leur longue langue. En outre, un certain nombre de plantes fleurissent la nuit, lorsque la plupart des insectes sont inactifs. Il n’est donc pas surprenant que ces bêtes ailées soient les principaux pollinisateurs parmi la classe des mammifères.
Si le colibri est un oiseau reconnu comme pollinisateur, avec sa petite taille et son long bec, il n’est pas le seul. Plusieurs espèces de perroquets sont également des pollinisateurs avérés. Le perroquet véloce est spécialisé dans les fleurs du gommier bleu de Tasmanie, qui nécessite son aide pour disperser le pollen dans un environnement plutôt isolé.
Le perroquet suspendu pollinise le gui Macrosolenco chinchinensis, dont les fleurs ne s’ouvrent que lorsqu’elles sont visitées par des oiseaux. Lorsqu’un oiseau s’approche du bouton floral, la plante réagit en déployant rapidement les pétales de ses fleurs riches en nectar, pour exposer les organes récepteurs reproducteurs tout en inondant l’oiseau de pollen.
Les avocats
L’avocat est un fruit tellement populaire et prolifique qu’il est difficile d’imaginer qu’il a été à une période très ancienne, proche de l’extinction. Ce fruit vert et gras aux graines si grosses ne pouvait être consommé que par la mégafaune, constituée de grands animaux comme les mammouths et les paresseux géants qui parcouraient la Terre il y a des dizaines de milliers d’années.
Après l’extinction de la mégafaune, les avocats n’avaient plus d’hôte pour répandre leurs graines, qui ont alors germé là où elles sont tombées, obligeant les jeunes pousses à concurrencer la plante mère.
Si les humains n’avaient pas commencé à cultiver ces plantes à feuilles persistantes, dans les régions subtropicales et tropicales, elles auraient pu disparaître complètement. Notre sélection pour obtenir plus de chair avec des graines plus petites pourrait augmenter leurs chances de survie même si nous devions nous en désintéresser à l’avenir.
Réfléchir sur les associations symbiotiques complexes et ingénieuses existant entre les plantes et les animaux peut nous aider à découvrir nos propres forces et nos faiblesses, et à identifier les domaines dans lesquels nous avons besoin d’aide et ceux dans lesquels nous pourrions apporter notre aide. Coopérer et s’améliorer ensemble peut contribuer à préserver l’équilibre et l’harmonie de la nature, alors que la lutte et la compétition ne peuvent que les altérer.
Rédacteur Fetty Adler
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.