Thanksgiving est un jour férié officiel dans sept pays du monde. Aux États-Unis, il est célébré le quatrième jeudi de novembre, soit le 25 novembre cette année. D’autres pays célèbrent, de façon similaire mais non officielle, la fertilité de la terre, l’abondance des récoltes, les joies de la famille, et sont reconnaissants envers la nature divine.
Thanksgiving commémore le premier festin de la fête des récoltes que les colons venus de Plymouth ont partagé avec les indigènes qui les ont accueillis et aidés à survivre à leur première saison dans un nouveau pays.
Alors que certains Amérindiens refusent de célébrer cette fameuse fête, en raison des souffrances endurées par leur peuple suite à la colonisation, beaucoup choisissent d’embrasser cette tradition basée sur la reconnaissance, qui est au cœur de la culture et du patrimoine amérindiens. Comme beaucoup d’autres peuples anciens, depuis des milliers d’années, les Amérindiens célèbrent les récoltes d’automne et remercient la nature pour ses dons abondants.
Notkikad et l’été indien
D’après l’histoire racontée par Joseph Bruchac
Selon une légende abénakise, il y avait un homme appelé Notkikad, qui était très vertueux. Il travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille et était bon envers sa femme et ses enfants. Chaque année, il cultivait un grand jardin et faisait pousser beaucoup de nourriture, pour laquelle il remerciait toujours Tabalkad, le maître de la vie.
Une année, cependant, il y a eu une gelée tardive au printemps et son jardin est mort. Il a tout replanté mais au cours de l’été, une sécheresse a tout tué. Il a fait une nouvelle tentative à l’automne, mais de nouveau, les plantes ont succombé à une vague de froid.
Sa femme et ses enfants avaient cueilli des noix, des baies et d’autres plantes sauvages dans la forêt, mais ce n’était pas suffisant pour remplacer le maïs, les haricots et les courges sur lesquels ils comptaient pour se nourrir pendant les longs mois d’hiver. Il faisait déjà très froid et il se demandait comment ils allaient survivre.
Il a finalement décidé de demander de l’aide à Tabalkad, le Maître de la vie. Il a allumé un petit feu et offert du tabac au Maître de la vie, l’implorant : « Je suis profondément troublé, car ma famille ne peut pas survivre sans la nourriture que j’aurais dû faire pousser. J’ai toujours été reconnaissant pour tes généreux dons, mais maintenant je dois te demander de l’aide. Je t’en prie, dis-moi ce que je dois faire. »
Cette nuit-là, il a fait un rêve. Dans ce rêve, le Maître est venu à lui : « Je vais te fournir ces graines spéciales. Plante-les, et elles auront le temps de pousser » lui a-t-il dit.
À son réveil le lendemain matin, Nokikad a trouvé les graines à côté de lui. Il est sorti et a vu que le temps était chaud et estival, même si les feuilles d’automne tombaient encore. Avec l’aide de sa femme et de ses enfants, il a labouré le jardin et planté toutes les graines, sans en oublier une seule.
Au bout d’un jour, les graines ont non seulement germé, mais les jeunes pousses étaient bien visibles hors du sol. Un deuxième jour a passé et les jeunes plants faisaient déjà la moitié de leur taille adulte. Après plusieurs jours de cette croissance rapide, les plantes offraient des fruits mûrs prêts à être récoltés.
Notkikad et sa famille ont récolté suffisamment de maïs, de haricots et de courges pour passer l’hiver. Ils ont séché la nourriture et l’ont entreposée en sécurité dans leur wigwam (hutte en bois et en toile) avant le retour de l’automne. Aussi soudainement qu’il était apparu, le temps estival s’est évanoui et l’hiver a fait son entrée.
Les Abénakis appellent cette période spéciale de temps chaud, qui se prolonge habituellement jusqu’à l’automne, Nibubalnoba, ou « l’été d’un homme ». Aujourd’hui, nous la connaissons sous le nom d’été indien, et elle nous rappelle qu’il nous faut être reconnaissants pour tout ce que nous recevons du Ciel et de la Terre.
Le chef aigle donne une leçon de gratitude
Adapté des archives Lenni Lenape
La tribu des Delaware croyait autrefois qu’un guerrier qui portait les plumes d’un aigle vivant était assuré de la bonne fortune, de la bravoure et du courage pour toute sa vie. Pour obtenir un tel talisman, les jeunes chasseurs appâtaient les aigles avec de la viande de loup.
Il y avait une fois un homme brave et ambitieux qui recherchait des plumes d’aigle exceptionnel. Pour attirer les aigles, il a tué un loup et a apporté la viande sur une haute falaise où les aigles trouveraient l’appât. Après quelques jours passés à attirer les aigles, il a décidé de tenter sa chance. Il a placé un gros morceau de viande fraîche tout au bord de la falaise et s’est caché derrière un arbre, prêt à attraper un aigle avec son bâton fourchu.
Un aigle s’est rapidement approché de l’appât, mais le jeune homme hautain l’a chassé, le trouvant trop petit. Un autre est arrivé, qu’il a également chassé, car il était à la recherche d’un aigle exceptionnel. Les aigles n’ont cessé de venir les uns après les autres, mais il les a rejetés.
Finalement, un grand rapace, même plus grand que lui, et aux plumes couleur sang, s’est posé sur la falaise. Cet aigle n’était pas intéressé par l’appât. Il s’est dirigé vers le jeune guerrier et l’a emporté dans ses serres jusqu’à une très haute falaise d’où il lui était impossible de s’échapper.
Un grand nid se trouvait sur la falaise, avec quatre aiglons affamés à l’intérieur. Après avoir placé le jeune guerrier dans le nid avec les jeunes oiseaux, l’aigle rouge lui a dit : « Je suis le chef de tous les aigles. Je t’ai envoyé plusieurs aigles pour te fournir des plumes, mais tu étais avide d’un plumage plus délicat et tu les as tous rejetés. Pour te punir de ton ambition égoïste, tu devras rester ici et veiller sur mes petits aiglons jusqu’à ce qu’ils soient capables de te ramener en volant là d’où tu viens. Avec cela, j’espère que tu apprendras à te satisfaire de ce qu’on te donne ».
Notre héros a donc été laissé pour s’occuper du nid, ce qu’il a très bien fait. Il a gagné l’amour et l’amitié de toute la famille de l’aigle.
Le temps a passé, les aiglons ont grandi et ont appris à voler. Comme ils s’éloignaient de plus en plus du nid, le guerrier craignait parfois qu’ils ne reviennent pas le chercher. Mais finalement, un jour, le grand aigle est venu avec de bonnes nouvelles. « Mes petits aiglons sont maintenant prêts à te ramener à l’endroit où je t’ai trouvé, mon ami. Je te reverrai sain et sauf là-bas. » Deux jeunes aigles ont saisi le chasseur avec leurs serres et l’ont emporté. Escortés par leur père, ils l’ont ramené sur la falaise voisine où il avait été recueilli.
Arrivé à l’endroit où il avait appâté les aigles, le chasseur y a finalement retrouvé quelques plumes qu’il a conservées avec joie. Il savait maintenant qu’il devait être reconnaissant pour ce qu’on lui donnait, et il est retourné dans sa tribu en guerrier assagi.
Rédacteur Fetty Adler
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