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Nature. Les scientifiques en Antarctique : pourquoi ils sont là et ce qu’ils ont découvert

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Une tempête médiatique a éclaté à la mi-mars 2025 lorsqu’un chercheur de la base sud-africaine Sanae IV isolée en Antarctique, a accusé l’un des neuf membres de son équipe d’être devenu violent.

The Conversation Africa a interrogé le géomorphologue David William Hedding, qui a déjà mené des recherches sur le continent gelé, sur le travail effectué par les chercheurs en Antarctique, sur les conditions qui y règnent et sur son importance.

Sur quoi se concentrent les chercheurs lorsqu’ils travaillent en Antarctique ?

Actuellement, la recherche en Antarctique porte principalement sur le changement climatique, car le continent blanc est un bon baromètre des changements des cycles mondiaux. Son environnement est unique et fragile. Son climat extrême le rend extrêmement sensible aux variations du climat mondial et des conditions atmosphériques. Il est important de noter que l’Antarctique reste relativement épargné par l’activité humaine, ce qui nous permet d’étudier les processus et les réactions des systèmes naturels.

De plus, la situation géographique de l’Antarctique permet des recherches scientifiques moins pertinentes ailleurs sur la planète. Par exemple, les travaux sur la météorologie spatiale (principalement les perturbations du champ magnétique terrestre causées par l’activité solaire) en sont un exemple. L’étude de la météorologie spatiale est importante car le champ magnétique terrestre peut avoir un impact sur les plateformes de communication, les technologies, les infrastructures et même la santé humaine.

Combien de pays ont des équipes travaillant là-bas ? Quelle est la place de l’Afrique du Sud ?

Actuellement, une trentaine de pays disposent de stations de recherche en Antarctique, mais ces bases desservent une communauté de chercheurs bien plus vaste. La collaboration est un élément clé de la recherche en Antarctique, car de nombreux sites d’étude sont isolés, la logistique représente un défi et les ressources sont généralement limitées.

La base sud-africaine en Antarctique, appelée SANAE IV, compte généralement entre 10 et 12 chercheurs et membres du personnel. Cette station de recherche est située sur un nunatak (montagne perçant la glace) dans l’ouest de la Terre de la Reine-Maud . Il s’agit d’un endroit extrêmement isolé, à environ 220 km à l’intérieur des terres de la banquise.

Les scientifiques en Antarctique : pourquoi ils sont là et ce qu’ils ont découvert
Base SANAE IV.  (Image : wikimedia / Dr Ross Hofmeyr, Wildmedic (talk) 14:41, 17 August 2008 (UTC), CC BY-SA 3.0)

Les chercheurs et le personnel de la base restent en Antarctique pendant environ 15 mois, travaillant pendant les mois froids et sombres de l’hiver.

Quelles ont été certaines des plus grandes découvertes ?

La découverte la plus importante des recherches menées en Antarctique a été la découverte du trou dans la couche d’ozone en 1985 par des scientifiques du British Antarctic Survey. Cette découverte a conduit à la création et à la mise en œuvre du Protocole de Montréal, un traité visant à éliminer progressivement les chlorofluorocarbures (composés chimiques synthétiques composés de chlore, de fluor et de carbone), qui détruisent l’ozone. Il s’agissait d’une avancée majeure pour la régénération progressive de la couche d’ozone.

La deuxième recherche la plus importante menée en Antarctique a été l’utilisation de carottes de glace pour reconstituer les climats passés. Les carottes de glace préservent les bulles d’air, qui fournissent une mine d’informations sur l’évolution de l’atmosphère. Elles offrent une fenêtre ininterrompue et détaillée sur les 1,2 million d’années écoulées. C’est important, car seule la compréhension des climats passés et des réactions de la Terre à ces changements nous permet de prédire les réactions futures. Ceci est crucial compte tenu des menaces imminentes résultant du changement climatique anthropique (induit par l’homme).

Dans quelles conditions travaillent les scientifiques ?

Mener des recherches en Antarctique est extrêmement difficile pour trois raisons principales : l’éloignement, le froid et la lumière du jour.

L’éloignement de nombreux sites d’étude les rend difficiles d’accès. Les distances sont considérables par rapport aux quelques bases en Antarctique. La logistique scientifique en Antarctique représente donc un défi majeur et exige collaboration et planification. Par exemple, les géologues de l’Université de Johannesburg, qui travaillent depuis la base SANAE IV en Antarctique, passent souvent des semaines sur le terrain à collecter des échantillons. Ils parcourent de longues distances en motoneige et restent autonomes tout en menant des recherches scientifiques dans des conditions difficiles.

Ces conditions difficiles sont spécifiquement liées au froid. La plupart des recherches scientifiques ne se déroulent que pendant les mois d’été austral, lorsque les températures deviennent à peine supportables. De plus, la saison estivale n’offre qu’une courte période de travail, l’accès à l’Antarctique par la mer étant limité par l’étendue et l’épaisseur de la banquise.

Enfin, en été, il y a 24 heures de lumière du jour, ce qui allonge la journée de travail, mais ces conditions sont également de courte durée.

Pourquoi est-il important de faire du travail scientifique dans ce domaine ?

L’Antarctique est intimement lié aux systèmes mondiaux et joue un rôle majeur dans l’influence de ces systèmes.

Par exemple, le changement climatique entraînera une fonte importante des glaces terrestres en Antarctique, laquelle, ajoutée aux océans, entraînera une élévation du niveau de la mer et des perturbations des courants océaniques mondiaux. Il est donc essentiel de mieux comprendre l’impact des réactions des systèmes terrestres, comme l’Antarctique, sur les systèmes océaniques, car, à terme, les modifications des courants océaniques auront un impact sur le réseau trophique océanique.

Dans le contexte du changement climatique, l’élévation du niveau de la mer est une préoccupation majeure car elle aura des impacts mondiaux sur la société. Il est donc essentiel que ces impacts soient étudiés pour permettre à la société de renforcer sa résilience et de s’adapter.

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann

Auteur : David William Hedding. Professeur associé en géographie, Université d’Afrique du Sud.
Cet article est republié à partir du site 
The Conversation, sous licence Creative Commons 

Source : Scientists in Antarctica: why they’re there and what they’ve found

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