Une maison en Super Adobe est une création de l’architecte américano-iranien Nader Khalili (1937 - 2008) qui a également mis au point un modèle d’éco-dôme. Cette forme offre beaucoup d’avantages. La maison est plus facile à chauffer et résiste aux vents violents, au séisme, au feu, à la moisissure et aux insectes.
À travers le monde, beaucoup de gens vivent dans des habitations en terre crue. Les adobes sont des briques de terre crue séchées au soleil. En France, différentes techniques ancestrales sont utilisées dans différentes régions. Il s’agit de la bauge, du pisé ou encore du torchis dont les maisons à colombages sont de magnifiques exemples.
Une maison Super Adobe à but humanitaire
Nader Khalili a mis au point cette technique avec un esprit de solidarité afin que les personnes qui ont perdu leur maison suite à une catastrophe puissent facilement et rapidement bâtir une maison à faible coût. Il est le fondateur de l’association humanitaire nommée Cal Earth qui œuvre à donner un toit à chaque personne sur terre (www.calearth.org).
Dès 2002, le Haut Commissariat pour les réfugiés fait appel à la technique de Nader Khalili pour accueillir et loger la population suite aux séismes en Iran puis au Pakistan et à Haïti. En 2004, Nader Khalili reçoit le prix d’architecture Aga Khan.
Si l’idée de départ est conçue pour des logements de fortune, le Super Adobe permet d’inventer n’importe quelle forme, pour autant qu’elle corresponde au milieu dans lequel la maison est construite. Dans les régions semi-désertiques comme la Californie, l’éco-dôme en Super Adobe a l’avantage de ne pas avoir besoin de charpente. Cette forme est nécessaire dans les régions à risques sismiques et aux menaces de vents violents comme les typhons.
Une maison en Super Adobe écologique
Ailleurs, la liberté de forme est totale, avec des toits qui peuvent être en charpente. Si la maison a une forme conique, elle peut recevoir un puits de lumière au sommet de chaque dôme. Sous les climats humides, il est impératif de bien isoler la maison du sol pour éviter les remontées d’humidité par capillarité, ou les infiltrations. De même, la maison a besoin d’un enduit thermique qui isole aussi de la pluie.
Les plans de construction doivent prévoir la plomberie, l’électricité et le chauffage. En effet, une fois la maison construite, il n’est plus possible de placer des conduits. La décoration et l’ameublement peuvent être intégrés à la construction.
En France, il est obligatoire d’obtenir un permis de construire auprès de sa mairie. Pour mettre toutes les chances de l’obtenir, il faut préparer un dossier qui suit bien les règles en vigueur. Par exemple, la RE 2020 (Réglementation Environnementale 2020) exige une inertie du bâtiment qui doit produire autant d’énergie qu’elle en consomme. Pour avoir plus de détails, le site service-public.fr a un dossier sur les permis de construire.
En 2019, l’université de la Polynésie française, soutenue par le ministère du développement durable, a construit un prototype en Super Adobe. C’est une démarche scientifique qui analyse si cette technique peut être utilisée à une échelle suffisante pour qu’elle ait un réel impact sur l’environnement. Les premiers résultats montrent une réelle efficacité de la protection thermique. Ces dômes doivent pouvoir résister à des vents de plus de 200 kilomètres/heure et l’étude est encore en cours.
Construire une maison en Super Adobe
La tendance va vers des constructions participatives et écologiques et la maison en Super Adobe s’y prête parfaitement. Du papier à la réalité, il y a parfois des déceptions. Pour les limiter, il est préférable de bien étudier son plan avant de se lancer. Pour cela, suivre des stages de formations, écouter les expériences des autres semble être la base.
Le matériel de base du Super Adobe est évidemment la terre. Elle ne doit pas contenir de végétaux qui, en se décomposant, laissent des vides. Un mélange de sable, d’argile et de petits cailloux est l’idéal. Il peut être mouillé avec un mélange eau-chaux qui augmente la qualité.
Les fondations sont installées dans des tranchées qui sont remplies de pierres grossières puis du gravier afin de drainer l’eau de pluie. La terre mélangée est introduite dans le rouleau de polypropylène. Entre chaque rangée, la terre est damée et un fil de fer barbelé placé sur les sacs agrippe le sac suivant. L’espace pour les portes et fenêtres est constitué grâce à un coffrage installé pendant la réalisation des murs.
Il ne faut pas négliger le temps et les efforts pour monter une maison en Super Adobe. Plus il y a de monde, plus le travail avance vite, surtout si la bonne humeur règne. Une fois la maison montée, il reste encore beaucoup de travail. L’extérieur doit être protégé avec plusieurs couches d’enduits composés d’argile, de chaux, de paille, de ciment, etc. Les fenêtres et les portes sont posées en faisant bien attention à l’isolation. Arrive ensuite les travaux de plomberie, d’électricité, l’installation de panneaux solaires et de chauffage solaire pour l’eau.
La méthode earthbag ou sac de terre utilise la technique du Super Adobe mais en remplissant des sacs utilisés comme briques. Cela permet de créer une maison selon son imagination.
Une technique similaire, l’Hyper Adobe a été développée au Brésil, par Fernando Pacheco. Il utilise un filet indémaillable en tissage Rachel à la place des sacs de polypropylène. Cela permet de réduire de moitié la consommation de matière première. De plus, ils ont l’avantage de se souder les uns aux autres ce qui permet d’éliminer le fil de fer barbelé.
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