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Nature. Le mystère de la migration saisonnière des oiseaux

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Si de nos jours la migration des oiseaux est largement étudiée et assez bien comprise, il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les temps anciens, ce phénomène était une véritable énigme. Les légendes et les mythes auréolés de mystère allaient bon train, et les gens y croyaient fermement et les prenaient très au sérieux.

Il a fallu rien de moins qu’un miracle pour percer le mystère de la migration

Aucun autre oiseau ne vole aussi loin que la sterne arctique d’Amérique du Nord. Des études de suivi ont révélé que cet oiseau détient le record de la migration la plus longue, avec un voyage annuel aller-retour d’environ 80 000 km, ce qui équivaut presque à un voyage « autour du monde ». Au cours de sa vie, qui peut durer jusqu’à 25 ans, la sterne arctique pourrait facilement parcourir l’équivalent de trois fois la distance Terre-Lune ! Le voyage effectué par certains oiseaux en quête de nourriture et de chaleur est à la fois colossal et héroïque. Pendant des siècles, ce phénomène a été entouré de mystère et les spéculations allaient bon train.

Mythes

Une théorie, remontant à la Grèce antique, soutenait que la disparition saisonnière de certains oiseaux était due à l’hibernation, tout comme pour leurs congénères à fourrure. Aristote lui-même postulait qu’ils se transformaient en d’autres oiseaux et inversement. Beaucoup croyaient même qu’ils pouvaient voler jusqu’à la lune et en revenir. Si nous savons aujourd’hui que de nombreux oiseaux ont l’endurance nécessaire pour parcourir de grandes distances, même la sterne arctique mettrait plusieurs années pour accomplir cet exploit, quels que soient les défis atmosphériques auxquels elle serait confrontée.

L’explication la plus fantaisiste est peut-être celle selon laquelle la disparition annuelle de la grue serait due à une guerre en cours avec les Pygmées. Dans son récit épique L’Iliade (VIIIe siècle av. J.-C.), Homère fait référence à ce mythe en comparant l’armée troyenne à des grues :

Cri des grues descendues du ciel
qui fuient l’hiver et les terribles pluies
et s’envolent vers le bout du monde
apportant la mort et le malheur aux hommes pygmées
alors qu’ils ouvrent une bataille acharnée à l’aube.

Le philosophe et naturaliste romain Pline l’Ancien (Ier siècle ap. J.-C.) a conforté cette ancienne tradition en rapportant que les pygmées mangeaient les œufs et les poussins des grues afin d’en réduire la population, et qu’armés de flèches et montés sur le dos de chèvres et de béliers, ils combattaient les oiseaux. Comme nous allons le voir, la partie concernant les flèches n’est pas totalement infondée.

La cigogne blanche

Chaque année, Les cigognes blanches font un voyage aller-retour entre l’Afrique subsaharienne et leurs lieux de nidification en Europe. Les vols, incluant près de 11 000 oiseaux, mettent en moyenne 49 jours pour couvrir la distance aller, d’environ 20 000 km. Lors de leur migration entre l’Europe et l’Afrique, les cigognes franchissent le détroit de Gibraltar pour pénétrer dans le désert du Sahara, où de lourds systèmes thermiques les aident à planer, économisant ainsi une énergie précieuse. Après avoir traversé le désert, elles suivent le Nil vers le sud jusqu’à leur destination finale en Afrique.

Chaque printemps, elles reviennent nicher en Europe. Elles pondent en moyenne quatre œufs dans un nid situé à la cime des arbres, fait de petits rameaux de bois, de terre, de boue, de mousse, de papiers, de chiffons, de plumes et de divers autres débris. En l’absence d’arbres, un toit peut faire l’affaire, comme le décrit le charmant roman pour enfants The Wheel on the School, écrit par Meindert DeJong et lauréat du prix Newbery, qui raconte comment, à force de persévérance et de coopération, des écoliers néerlandais ont incité les cigognes à revenir dans leur ville natale.

Le mystère de la migration saisonnière des oiseaux
Aux Pays-Bas, comme dans d’autres pays d’Europe, la cigogne est considérée comme un bon présage et est associée au printemps et à la fertilité. (Image : Gerd Altmann / Pixabay)

Aux Pays-Bas, comme dans d’autres pays d’Europe, la cigogne est considérée comme un bon présage et est associée au printemps et à la fertilité. Les cigognes réutilisent souvent le même nid, installé en hauteur, et gardent le même partenaire. Les nids sont très résistants et peuvent durer des années. Ces oiseaux robustes ont été la clé pour découvrir ce qui se passait pour de nombreuses espèces d’oiseaux lors des changements saisonniers. Comme une révélation divine, la réponse est venue d’en haut.

En 1822, une cigogne blanche a été aperçue près du village de Klütz, en Allemagne. Elle était vivante, mais elle avait une lance fichée dans son cou, avec laquelle elle avait fait le voyage de retour. Après enquête, on a découvert que la lance était en bois africain, ce qui indique que l’oiseau était allé jusqu’en Afrique où il avait apparemment été blessé avec la lance. Il avait tout de même réussi à rentrer en Allemagne, où il a été découvert. Il a ensuite été empaillé avec sa flèche et on peut le voir dans les collections de l’Université de Rostock. Au fil du temps, 24 autres cas de ce genre ont été répertoriés, ce qui leur a valu le nom allemand de Pfeilstorch, ou cigogne-flèche.

Les raisons de la migration

Selon un rapport du Washington Post de 2018, des études ont suggéré que les raisons de la migration, ce phénomène si mystérieux, ainsi que le fait que certains oiseaux migrent et d’autres pas, tout cela se résumerait à l’efficacité énergétique.

En d’autres termes, « le coût énergétique que représente pour un oiseau le fait de voler sur de longues distances est compensé par les économies d’énergie que représente le fait de se trouver dans un endroit où, en été, il y a beaucoup de moustiques, de mouches, de larves d’insectes et d’autres délices aviaires, et où la concurrence pour la nourriture est relativement faible. »

Cependant, selon Peter Marra, du Smithsonian Migratory Bird Center, « la migration est un trait de caractère très flexible. » Cet instinct peut être dépassé par des changements dans l’environnement. Par exemple, dans le New Jersey, les bernaches du Canada sont devenues des résidentes permanentes des parcs. La cigogne blanche, elle aussi, est souvent attirée par les repas gratuits qu’elle trouve dans les décharges en Espagne et au Portugal, renonçant ainsi à sa migration hivernale annuelle.

Rédacteur Fetty Adler

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