Bruce French est un ingénieur agronome de Tasmanie qui a consacré sa vie à un objectif unique : cataloguer toutes les plantes comestibles du monde. Il est convaincu que cela contribuera à résoudre le problème de la faim dans le monde.
Cataloguer les plantes
Il y a cinq décennies, lorsque Bruce French enseignait en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ses étudiants ont fait remarquer qu’ils en avaient assez de n’étudier que les plantes occidentales et qu’ils voulaient en savoir plus sur les plantes de leur propre pays. Bruce French s’est rendu compte qu’il ne savait rien de ces plantes. Cela a piqué sa curiosité et il a commencé à s’intéresser aux différentes plantes comestibles du monde. Au cours des 50 années qui ont suivi, il a catalogué plus de 31 000 plantes comestibles de presque toutes les nations de la planète, avec des détails sur les qualités nutritionnelles de chaque plante.
La base de données de Bruce French se concentre principalement sur cinq éléments nutritifs majeurs : le fer, la vitamine A, la vitamine C, les protéines et le zinc. Ces nutriments sont généralement présents en abondance dans les plantes indigènes des pays en développement. Cependant, comme le modèle éducatif se concentre sur les plantes occidentales, les populations indigènes finissent par ignorer les plantes qui les entourent. Bruce French a mis en place l’association Food Plant Solutions (FPS) pour remédier à ce manque de connaissances. Cette entité travaille en partenariat avec des organisations mondiales en charge de la sécurité alimentaire et partage avec elles sa base de données sur les plantes indigènes.
La base de données sur les plantes comestibles se concentre principalement sur cinq éléments nutritifs majeurs : le fer, la vitamine A, la vitamine C, les protéines et le zinc. (Image : sipa / Pixabay)
L’une de ces organisations qui a grandement bénéficié de Food Plant Solutions est AOG World Relief Vietnam, qui travaille avec des enfants mal nourris dans les régions rurales du pays. En utilisant la base de données de FPS, l’organisation a créé 16 jardins à proximité des écoles primaires, riches en plantes indigènes. La responsable du projet, Rebekah Windsor, souligne que même les populations locales ont perdu la connaissance des plantes indigènes, c’est pourquoi les guides de FPS et d’autres documents imprimés se sont avérés très utiles pour lutter contre la malnutrition au Vietnam. « Lorsque avec le guide, nous nous asseyons avec les enseignants, les directeurs, les parents, et que nous passons en revue l’incroyable richesse nutritionnelle d’une certaine plante, ils sont sidérés », a-t-elle déclaré à ABC News.
Bruce French a créé l’association à but non lucratif Food Plant Solutions en 2007, avec l’aide de l’ingénieur agronome Buz Green, qui a été impressionné par les idées de Bruce French. M. Green souligne que les agronomes formés en Occident sont souvent ignorants lorsqu’il s’agit de classer les plantes en fonction de leur concentration en éléments nutritifs. Par exemple, si on leur montrait cinq plantes et qu’on leur demandait de les classer en fonction de leur concentration en zinc, la plupart n’auraient aucune idée de la manière de procéder. C’est pourquoi l’énorme base de données développée par Food Plant Solutions est importante pour les efforts mondiaux de lutte contre la faim.
Une consommation limitée de plantes comestibles
Le fait surprenant concernant notre consommation alimentaire est que nous ne mangeons qu’un infime ratio des plantes comestibles du monde. Selon les estimations, il existe plus de 400 000 espèces de plantes sur cette planète, dont au moins la moitié sont comestibles. Combien d’entre elles pensez-vous que nous mangeons ? Seulement environ 200 espèces de plantes. Trois cultures seulement - le riz, le blé et le maïs - représentent plus de 50 % des protéines et des calories que nous ingérons à partir des plantes.
Le riz, le blé et le maïs représentent plus de 50 % des protéines et des calories que nous ingérons, en provenance des plantes. (Image: via pixabay / CC0 1.0)
Alors pourquoi n’avons-nous pas étendu notre régime alimentaire et cherché à consommer d’autres plantes ? Certains pensent que cela pourrait être dû au fait que les plantes que nous avons sélectionnées pour l’agriculture l’ont été en fonction de leur capacité à être cultivées à grande échelle. Le maïs, le blé et le riz sont essentiellement des plantes qui peuvent être pollinisées par le vent. De nombreuses plantes comestibles auraient besoin d’insectes pour la pollinisation, ce qui à grande échelle serait impossible et pourrait même s’avérer problématique. Imaginez que les champs soient envahis par des milliers d’insectes qui bourdonnent !
Rédacteur Fetty Adler
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