Les jardins du Moyen Âge possédaient une grande variété de plantes qui servaient à nourrir, vêtir, soigner et décorer. Ils étaient agréables, riches de symboles et produisaient suffisamment pour assurer les besoins de leurs propriétaires. Avec le retour à une culture sans produits chimiques, l’idée de s’inspirer des jardins moyenâgeux semble assez intéressante.
Leur composition est connue grâce à des illustrations et des documents écrits, comme le Capitulaire De Villis. C’est un acte législatif promulgué par Charlemagne à la fin du VIIIe siècle, qui demandait à tout le monde de cultiver 94 plantes (73 herbes, 16 arbres fruitiers, 5 plantes textiles et tinctoriales). De ce fait, chaque jardinier trouvait tout ce dont il avait besoin et le mélange de variétés limitait les nuisibles. À l’époque, le jardin s’appelait hortulus.
Le jardin était clos, principalement par des murets, pour le protéger des animaux et des maraudeurs. De nos jours, les murets sont passés de mode, pourtant, un mur en pierres sèches offre un lieu de vie aux petits animaux utiles et il est agréable à la vue.
Le jardin du Moyen Âge était composé de carrés ou de rectangles surélevés et bordés de branches, de planches ou de pierres pour le protéger des nuisibles. Cette technique est très pratique, car il est facile d’y ajouter du terreau et le dos est moins sollicité. Ainsi, en automne, des châssis peuvent recouvrir certains carrés, ce qui permet de protéger les plantes des rigueurs de l’hiver. Ils peuvent être enrichis de feuilles mortes que l’on place sous la terre. De cette façon, les feuilles, en se décomposant, réchauffent la terre au printemps et le châssis permet de conserver cette chaleur. De ce fait, la culture des primeurs se fait naturellement.
Les chemins étaient recouverts de gravier ou de copeaux de bois mais il était aussi possible de laisser pousser les herbes sauvages et de les faucher régulièrement. En plus de nourrir la terre, les déchets servaient de paillis dans les carrés pour limiter l’évaporation de l’eau et les herbes sauvages.
Au Moyen Âge, toutes les plantes étaient utilisées. En fait, il n’y a pas de mauvaises herbes, beaucoup de plantes considérées comme telles sont utiles. Par exemple, le plantain frotté sur une piqûre atténue la douleur et pris en tisane soigne la toux. Le pourpier trouve sa place dans un mix de salade. Avoir beaucoup d’une même plante indique la qualité de la terre.
Dans le jardin monacal, il y avait plus de plantes médicinales, car les religieux soignaient les gens. Au centre du jardin se trouvait la fontaine. Les allées étaient en forme de croix. Il y avait un verger, des carrés de fleurs dédiées à l’autel, un potager, des carrés de plantes tinctoriales et des plantes pour faire des tissus, ainsi que des carrés dédiés aux herbes médicinales.
Les jardins des paysans au Moyen Âge contenaient plus de plantes pour nourrir la famille. Malgré tout, il n’était pas rare de les voir partir à la cueillette de plantes sauvages pour compléter leur alimentation.
Chez les nobles, il y avait aussi des endroits de détente, faits de pelouse, d’allées couvertes de verdure et de parterres fleuris.
Les symboles du jardin au Moyen Âge
La fontaine ou le puits placé au centre du jardin symbolisait la source de vie puisque l’eau est indispensable aux plantes. C’était aussi un endroit propice à la méditation. Certains jardins avaient un système d’irrigation des plates-bandes.
Le jardin avait deux allées principales qui dessinaient une croix. Selon le site : Les raisonneurs de pierre, « La forme en croix symbolise le jardin du paradis. Les quatre allées représentaient les quatre fleuves de l’Éden dans le jardin de la Genèse. »
Le verger était souvent placé au fond du jardin, il était considéré comme l’image du paradis.
Voici quelques plantes étonnantes ou utiles encore aujourd’hui
Les plantes médicinales et aromatiques
La joubarbe, son nom latin, Sempervivum, signifie « vit toujours ». Les Romains considéraient qu’elle protégeait de la foudre et dans plusieurs pays du nord, on lui attribuait le pouvoir de protéger des mauvais esprits. Pour ces raisons, elle était placée sur le toit. Ces feuilles étaient utilisées comme émollient sur les blessures.
L’aurone (Artemisia abrotanum L.) a le goût de la citronnelle et était utilisée comme condiment dans la cuisine. En infusion, c’est un vermifuge. En petits bouquets séchés, elle a pour propriété de repousser les insectes, pucerons et mites.
L’ail est connu pour renfermer des vitamines A, B1, B2 et C, ainsi que divers antibiotiques naturels
L’anis vert (Pimpinella anisum) parfume les viandes, les poissons et la pâtisserie. Une infusion de graines facilite la digestion.
La coloquinte est une cucurbitacée dont la chair est toxique. Elle est connue pour être un puissant laxatif.
En Vendée, les étamines de la charbonnette sont utilisées pour cailler le lait, c’est le fameux dessert appelé Caillebotte.
Les plantes potagères
L’arroche (Atriplex hortensis) se mange comme les épinards, mais en excès, elle est laxative. En cataplasme elle est émolliente. Elle était aussi utilisée comme teinture, donnant une couleur indigo ou rouge selon la variété.
La bette, (Beta vulgaris L.) issue de la betterave sauvage est consommée comme légume. Les côtes et les feuilles peuvent être cuites à la vapeur, puis revenues dans l’huile d’olive avec de l’ail et de l’échalote.
Le cardon (Cynara cardunculus L.) prend de la place et ses feuilles piquent fort, mais quel délice de les manger en hiver. Les éplucher noircit les doigts, c’est pourquoi il est préférable de porter des gants pour s’en occuper. Éplucher les tiges en enlevant bien les fils, couper en tronçons, puis cuire dans l’eau salée environ 30 minutes. Dans la recette du gratin de Paul Bocuse, la moelle est ajoutée au cardon.
La carotte (Daucus carota) poussait déjà dans les jardins du Moyen Âge, elle est issue de la carotte sauvage. Elle se conserve bien dans le sable et à l’abri du gel durant l’hiver.
Le chou, symbole de la fécondité, était sans doute le légume le plus consommé au Moyen Âge car il se conserve tout l’hiver et peut être fermenté (choucroute ou Kimchi). « Il n’y avait pas de guerre sans choux » disait-on. Pour être digeste, il est blanchi quelques minutes puis l’eau est jetée. Il y a de nombreuses façons de cuire le chou, en soupe, en potée, en gratin, farci… Par contre, une fois cuit, le chou se conserve mal.
Le concombre (Cucumis sativus), et la calebasse, ou gourde (Lagenaria siceraria) sont deux cucurbitacées venues d’Inde et d’Afrique qui étaient cultivées dans les jardins du Moyen Âge.
Les pois chiches, les mongettes (Vigna unguiculata), les fèves et les petits pois sont des légumineuses riches en protéines consommées à cette époque. Les pois chiches étaient torréfiés puis consommés par les hommes pour prévenir l’impuissance sexuelle.
Les plantes « magiques »
Elles sont citées à titre anecdotique. Elles étaient utilisées au Moyen Âge mais de nos jours, mieux vaut les éviter, car elles sont très toxiques, voire mortelles. La plupart provoquent des hallucinations qui peuvent être violentes. C’est le cas de la belladone qui pousse facilement, c’est une « mauvaise herbe » de la famille des pommes de terre. Ses petits fruits noirs sont toxiques, voire mortels. Ils étaient utilisés comme analgésiques ou pour provoquer des hallucinations.
Le pavot, d’où est extrait l’opium, est analgésique et soporifique. La sève est recueillie sur le pistil du pavot.
La mandragore était connue par tous comme plante magique et souvent utilisée dans les pratiques. Bien que toxique, la racine est analgésique et antispasmodique.
La jusquiame noire provoque des hallucinations avec une sensation de voler, elle est très toxique. Elle est encore aujourd’hui utilisée dans la pratique médicale en tant que sédatif, analgésique et antispasmodique.
L’hellébore fétide était censé guérir la folie.
Le datura stramonium de la famille des pommes de terre est la plus toxique, elle provoque un délire hallucinatoire cauchemardesque, mais elle est utile pour lutter contre les doryphores qui pondent leurs œufs. Les larves meurent empoisonnées par la plante.
Non toxique mais néanmoins assimilé à la magie, le bois du noisetier était utilisé comme baguette par les sourciers.
Les fleurs
Les fleurs qui poussaient dans les jardins venaient souvent des champs, il y avait les glaïeuls, les capucines, les nigelles, les roses, les lys et les soucis. Elles pouvaient être macérées dans l’huile pour les soins de la peau ou utilisées comme condiment.
Les vêtements
Les plantes textiles étaient le chanvre et le lin. D’autres plantes utilisées pour teindre comme la garance qui donne un rouge vif, ou le pastel, qui donne une couleur indigo avaient leur place dans les jardins du Moyen Âge.
Le verger
Il était souvent le lieu de rencontre des amoureux car c’était l’endroit le plus éloigné des maisons. Il abritait le noyer, le noisetier, le pommier, le poirier, le prunier, le sorbier, le néflier, le châtaignier, le pêcher, le cognassier, l’amandier, le mûrier, le laurier, le pin, le figuier et le cerisier et la vigne.
Les jardins du Moyen Âge sont inspirants et peuvent tout à fait servir d’exemple pour nos jardins d’aujourd’hui.
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